Quand Stuxnet ou Flame deviennent des œuvres d’art

Les malwares créés par des Etats inspirent un artiste américain, qui a décidé d’intégrer des bouts de code de Stuxnet ou Flame dans des œuvres.

L’art est-il un moyen de transcender la réalité ? Il y a un peu de cet esprit dans la tête de James Hoff, artiste contemporain, qui s’est penché sur une représentation artistique des virus informatique. Dans un entretien à BOMB magazine, il a expliqué que « comme les maladies traditionnelles, les virus informatiques se déplacent à travers des réseaux de communications, ce qui signifie qu’on peut les cartographier et en faire une représentation visuelle avec des données géographiques ».

Stuxnet tableau 2
Stuxnet n°2 de James Hoff

Il a donc réalisé des œuvres en s’appuyant sur des malwares connus pour être des logiciels espions élaborés par des Etats. Il a notamment utilisé Stuxnet, célèbre pour avoir été construit dans le but de bloquer les centrifugeuses enrichissant l’uranium en Iran, mais également Flame, un spyware découvert en 2012 particulièrement efficace dans les pays du Moyen-Orient. Sur Flame, il a préféré intituler ses toiles, Skywiper, du nom d’un ancien logiciel créé par la NSA.

Pour réaliser ses œuvres, Hoff intègre dans un tableau numérique des bouts de code des malwares et les laisse se répandre et provoquer des changements chromatiques et figuratifs (stries, cascades, etc). Il fige ensuite l’image pour en faire un tableau. « Il s’agit de laisser le virus être à la source du processus de changement dans le studio », explique l’artiste à nos confrères de Wired. Ces dernières créations sont exposées à la Calicoon Fine Arts à New York.

Stuxnet tableau 1
Stuxnet n°7 de James Hoff

Boutons de manchettes et sonneries mobiles

L’imagination de James Hoff ne s’arrête pas aux tableaux. Il intègre des malwares étatiques dans des boutons de manchettes. Ces derniers embarquent des clés USB contenant des morceaux de musique dont les notes sont basées sur le code de Stuxnet. Toujours en lien avec la musique, l’artiste a publié des sonneries pour téléphone en intégrant du code du fameux virus I Love You datant de 2000.

Pour autant, l’artiste se défend de toute posture politique dans l’adaptation artistique des logiciels espions. « Je ne pense pas que les virus soient bons ou mauvais. Pour moi, il s’agit juste d’agents », revendique James Hoff.

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Crédit Photo : James Hoff