Que font les salariés de leurs PC?

Selon une étude de Microcost, les usages sont essentiellement basiques et bureautiques. Un constat qui remet en cause le coût total de possession (TCO) des machines

Quelle est l’utilisation des PC en entreprises? Question angoissante pour les chefs d’entreprise qui trouve un début de réponse avec une étude de la société Microcost. Cette étude fait le point sur les usages et ses conclusions peuvent surprendre.

Microcost, dont la spécialité est l’études des coûts informatiques, a mis en place un agent intelligent qui scanne l’utilisation de postes fixes Windows sur un échantillon de 979 entreprises européennes, soit 1,7 million de postes dans sept pays européens. L’échantillon comporte des entreprises administratives, industrielles et de services. L’étude montre d’abord que les utilisateurs passent en moyenne 2 heures 15 par jour devant leurs écrans d’ordinateur. Soit entre un quart et la moitié du temps effectif de travail. Ainsi, les salariés français utilisent leurs PC 600 heures par an. On note des disparités selon les secteurs: les salariés du service utilisent en effet leur PC deux fois plus de temps que les salariés de l’Industrie. Mais l’observation la plus surprenante concerne les applications les plus utilisées. Les PC ont beau être désormais des bêtes de course, l’étude montre que 35% du temps de travail concerne des logiciels bureautiques avec comme star incontestée, le traitement de texte (15%). Par ailleurs, les autres composantes des suites bureautiques comme Office semblent peu utilisées. Le traitement de texte, application n.1 Viennent ensuite la messagerie, Internet et enfin les applications métiers qui ne représentent que 14% du temps de travail! Ainsi, 75% de l’usage se fait autour de produits génériques et basiques (bureautique, messagerie, navigateur, explorateur Windows). L’étude parle ainsi de « raisonnabilité des usages ». Un constat qui s’applique aux trois secteurs d’activité observés. Malgré les efforts des développeurs et des éditeurs depuis dix ans, les applications métiers « client-serveur » n’ont pas envahi le paysage informatique ni les PC. Concernant Internet, l’étude ne fait pas de différence entre usage professionnel et usage ludique. Cependant, les auteurs estiment que l’utilisation du Web est avant-tout liée au travail. Un constat difficile à vérifier… Raisonnabilité des usages Cette « raisonnabilité des usages » génère une série de questions, notamment autour des coûts de possession (TCO) des parcs informatiques. L’utilisation actuelle correspond-elle aux capacités et aux fonctions des PC de bureau? Non, répond Microcost. Selon l’entreprise, qui a recoupé les données de plusieurs cabinets d’analyse, le TCO moyen d’un PC Windows en entreprise est de 3.000 euros par an. Un montant largement en inadéquation avec les usages selon Microcost qui estime que le TCO doit s’établir à 1.000 ou 2.000 euros. Différents leviers peuvent être actionnés pour baisser ce TCO. Les entreprises peuvent d’abord prolonger la durée de vie des machines de 3 à 5 ans. L’étude souligne qu’il n’y aura pas d’évolution technologique majeure avant 2006-2007 et que les usages ne nécessitent pas des renouvellement rapprochés. Inutile d’acheter des PC à 4Ghz pour faire du Word… Cette optimisation de l’existant permettrait 10 à 20% de gain sur le TCO. Convaincre les salariés Les entreprises doivent aussi regarder de près les architectures de PC allégé, sorte de terminal passif qui ne comprend que des applications essentielles et pas de disque dur. L’offre de « postes légers » devient aujourd’hui de plus en plus significative et permet notamment des coûts d’acquisition très bas. Enfin, et ce n’est pas étonnant, l’étude souligne l’intérêt des solutions open-source. Pour des usages identifiés, l’alternative open-source existe et est efficace, souligne l’étude. Sachant que la bureautique est massivement utilisée, l’open-source offre des produits équivalents: StarOffice, Mozilla, Firefox… Bref, Microcost parie sur le développement de Company Computer (CC), un poste de travail léger, optimisé, et privilégiant pourquoi pas l’open source. Cette configuration permettrait un TCO de 1000 euros par an. Encore faut-il convaincre. Ainsi, le frein principal à ces mesures est bien plus psychologique que technologique. Les salariés n’aiment pas trop que l’on touche à leur PC, considérés parfois comme leur propriété. Impossible donc de retirer brutalement des applications de leurs machines sans explications. Même si ces applications ne sont pas utilisées… Difficile aussi de les convaincre d’attendre encore quelques années avant d’avoir un PC tout neuf. Quant à l’open-source, il provoque beaucoup de défiance de la part des grands groupes (si c’est pas cher, c’est de la mauvaise qualité) et le déploiement de telles solutions exigent des mesures d’accompagnement importantes. Il faut convaincre et expliquer que Mozilla par exemple est aussi efficace que Explorer. Une migration est un véritable choc culturel note l’étude. Les pannes coûtent cher… XP le plus fragile

L’étude de Microcost fait également le point sur les incidents logiciels qui font perdre beaucoup de temps aux salariés. Selon la société, 8% des sessions ouvertes se traduisent par un plantage qui nécessite un redémarrage. Un incident dure en moyenne 10 minutes ce qui « coûte » 6 heures par an et par salarié. Au total, dans le monde, ce sont 2,4 milliards d’heures de travail par an qui seraient perdues.

Les administrations détiennent le record des pannes, avec un taux de 12,11% du nombre total de sessions, loin devant les industries (5,34%) et le secteur des services (5,32%). En s’appuyant sur un coût horaire moyen de 20 euros par salarié en France et sachant que 15 millions de personnes utilisent un PC en entreprise dans l’Hexagone, Microcost évalue à 1,8 milliard d’euros les pertes dues à ces défaillances en France. Par ailleurs, Microcost souligne que les OS de dernière génération sont les plus fragiles. Le taux de panne atteint 12% sur Windows XP (!) contre 4% pour Windows 2000. De quoi faire réfléchir les chefs d’entreprise et les directeurs des achats. L’up to date en matière d’OS (et de machines) n’est pas forcément la bonne solution.