Quels CMS sont utilisés par les candidats à la présidentielle ?

Marianne

Appelés par la filière française du logiciel à s’engager en faveur du développement de l’économie numérique, les candidats à la présidentielle 2012 ont-ils opté pour des systèmes de gestion de contenu libres, open source ou propriétaires ? Ces CMS sont-ils européens ou américains ?

Pour leurs principaux sites de campagne, les douze candidats à la présidentielle encore en lice à ce jour, privilégient des systèmes de gestion de contenu (CMS – Content Management Systems) open source utilisant le langage PHP. Arrive en tête l’incontournable WordPress, CMS utilisé par cinq candidats. Il est suivi par Drupal et SPIP (deux candidats chacun), puis : SilverStripe, Joomla! et… OpenCMS, le seul écrit en Java (un candidat chacun).

WordPress est plébiscité

Parmi les candidats ayant opté pour WordPress se trouvent deux candidates écologistes qui s’apprécient peu, l’une centriste, Corinne Lepage (Cap 21), l’autre à gauche, Eva Joly (Europe Écologie Les Verts). Un sondage de l’institut CSA réalisé pour le compte de 20 Minutes les crédite chacune de moins de 5 % des voix (3 % pour Mme Joly, entre 0,5 % et 1 % pour Mme Lepage) au premier tour de l’élection présidentielle, si celui-ci avait lieu dimanche.

Au centre, le candidat de République Solidaire, Dominique de Villepin (2 % des voix), utilise également ce CMS né en 2003 à l’initiative de l’Américain Matthew Mullenweg. Ce dernier est développeur principal de WordPress et fondateur de la société Automattic Inc.

Les deux autres candidats utilisant WordPress, adversaires de longue date, se positionnent aux deux extrémités de l’échiquier politique français : la candidate du Front National, Marine Le Pen d’un côté (17 % des voix), le candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, de l’autre (9 % des voix).

Drupal et « la France forte »

L’actuel Président de la République et candidat UMP, Nicolas Sarkozy (27 % des voix au premier tour selon le CSA), et ses équipes, tout comme celles de Nicolas Dupont Aignan (1,5 % des voix), candidat du parti Debout la République, ont opté pour Drupal. Projet de développement ouvert, Drupal est né en Belgique en 2001.

Lafranceforte.fr est hébergé par Agarik (Saint-Ouen), Debout-la-republique.fr par Online SAS, filiale d’Iliad (Paris).

SPIP à l’extrême gauche

Hébergé par l’Agence des Médias Numérique (Paris), le site de la candidate de Lutte Ouvrière, Nathalie Arthaud (créditée de 0,5 % des voix au premier tour), a été développé avec SPIP, tout comme le site du candidat du NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste), Philippe Poutou (moins de 0,5 % des voix).

« Système de publication pour l’internet » utilisant le langage PHP et distribué sous licence libre GNU/GPL, SPIP est né en 2001 d’une initiative du collectif francophone minirézo. Celui-ci s’est engagé en faveur d’un web indépendant et de la libre expression.

SilverStripe, OpenCMS et Joomla!

Pour son site de campagne, le candidat socialiste François Hollande (28 % des voix au premier tour) et ses conseillers ont sélectionné SilverStripe, à la fois CMS et framework open source développé par la société néo-zélandaise SilverStripe Ltd.

Le candidat du Modem, François Bayrou (11 % des voix), s’est à plusieurs reprises prononcé en faveur des logiciels libres et open source. En matière de gestion du contenu, OpenCMS, système ouvert fourni par la société allemande Alkacon Software, est utilisé pour le site du Modem (WordPress pour Lesdemocrates.fr).

Le Mouvement Démocrate déclare consacrer un budget de 600 000 euros à la campagne web de son candidat (sur un total d’environ 8 millions d’euros). Deux agences, Spyrit pour la technologie et Big Youth pour le webdesign, participent au développement et à la maintenance du site bayrou.fr.

Frédéric Nihous (0,5 % des voix), candidat CPMT (Chasse, Pêche, Nature et Traditions) a choisi Joomla! Ce système proposé sous licence libre GNU/GPL a été créé en 2005 depuis le Royaume-Uni par une équipe internationale, et ce à la suite du projet Mambo.

Pourquoi l’open source ?

Avec ces CMS, les équipes de campagne web des candidats à la présidentielle 2012 ont la possibilité de limiter leurs dépenses en s’affranchissant du coût d’une licence d’utilisation d’un logiciel propriétaire. Elles ont également la possibilité d’adapter leur système de gestion de contenu à partir du code source du programme et, enfin, de contribuer au développement de l’écosystème open source.