Quid des TIC dans 20 ans ?

Prosodie a demandé à Markess International de réaliser un livre blanc sur le
visage des technologies de l’information en 2026… Des conclusions à prendre
avec des pincettes

Quel sera le visage des technologies de l’information dans vingt ans. A l’occasion de son 20e anniversaire, le groupe Prosodie a voulu répondre à cette question et a demandé à Markess International de réaliser un livre blanc sur le sujet. L’étude se base sur une enquête menée auprès de DSI et de personnalités.

Exercice o combien périlleux de dresser le paysage des TIC en 2026… Rares auront été les experts à prévoir le visage actuel du marché en 1986. À cette époque, personne n’aurait misé un kopeck sur l’essor mondial du Web, de la mobilité…

D’ailleurs, Markesse joue la carte de l’honnêteté:« Quelles technologies nouvelles seront lancées sur le marché d’ici 2026 ? Pour quels usages ? A quelle vitesse seront-elles adoptées ? La vie sera-t-elle transformée ? Quels en seront les impacts politiques, juridiques, etc. ? Autant de questions auxquelles personne ne peut réellement répondre avec certitude. Parmi les acteurs de la prospective, ce sont les futurologues et les laboratoires qui se rapprochent le plus de l’échéance des 20 ans.Mais la probabilité de réalisation de leurs projections est souvent faible, de l’ordre de 10 à 15%.

Pour autant, le livre blanc de Markess donne des pistes…

Evolutions technologiques

En se basant sur la loi de Moore, Markess estime qu’en 2026, la puissance informatique devrait être multipliée par 8.000. Néanmoins, le cabinet d’études souligne que les DSI interrogés ont des avis partagés sur la question. Certains mettent en avant les problématiques de refroidissement des processeurs qui pourraient pénaliser la vérification de cette loi. D’autres se posent la question: « que fera-t-on de cette puissance ? ».

Pour Markess, cette puissance sera mise au service de l’intelligence et du décisionnel. Ainsi, Bernard Hélie du GIP-MDS pense qu’il y aura de plus en plus de personnes qui agiront tels des entrepreneurs individuels au service de l’entreprise. Selon lui, « le degré d’autonomie et la capacité de création vont être accrus et ils rentreront en synergie avec les objectifs des entreprises ».

Patrick Giraudeau de Thomson, quant à lui, pondère cet engouement : « On utilisera la puissance disponible même s’il n’est pas sûr que l’on crée de la valeur en proportion. Les études de valeur continuent d’être absentes des organisations ».

En matière de communications, Markess estime qu' »avec les technologies optiques, la vitesse de transmission et de connexion atteindra en 2026 des niveaux difficilement imaginables à ce jour. Si, dans l’univers professionnel, une telle vitesse apportera de nombreux bénéfices économiques, du côté de l’individu, les impacts seront plus nuancés. Il restera aussi probablement quelques freins technologiques à résoudre avant qu’elle ne soit effective « .

Une position défendue par Michel Feneyrol de l’ARCEP: > »Dans les 20 ans qui viennent, la généralisation de la mobilité va conduire à aller vers des fréquences de plus en plus élevées qui couvriront mal le territoire et pénétreront mal dans les immeubles, car étant directives. Comment pourra-t-on faire passer sur les mobiles, des services qui auront plus d’informations ? Cette question n’est pas réglée selon les experts ».

Evolutions des usages

8 milliards d’individus dont 3 milliards de connectés au Net en 2026 : des chiffres qui font rêver ou frémir… Mais pour Markess, cette planète connectée engendrera une multiplication des identités virtuelles, des milliards, qui provoquera avec elle des problèmes de gestion.

« Ce que peut procurer l’avenir, c’est la capacité de gérer, filtrer les communications, les personnes avec lesquelles on veut communiquer et les informations que l’on veut mettre à disposition des individus avec lesquels on souhaite communiquer« , pense Jean-Philippe Gay d’Orange.

Se pose également la question de la sécurisation de ces multiples identités virtuelles. Pour certains, les pouvoirs publics seront incontournables. Pour d’autres, ce seront les banques et institutions financières qui veilleront aux transactions et pourront même aller bien au-delà dans le contrôle des identités : »Les institutions financières ont un rôle majeur à jouer dans la gestion des identités virtuelles. Celles-ci vont devenir des ?coffres d’informations? éventuellement commercialisables » selon Eric Kades, CEO de Conspectus.

Enfin, certains pensent à des organismes tiers spécialisés comme Verisign, ou encore à des sociétés de services comme Brink’s.

Dans son livre blanc, Markess table également sur le développement d’autres usages comme le développement des objets mobiles d’identification et de paiement, notamment basés sur la biométrie.

Mais ces objets ne seront pas des téléphones. Il ne sera qu’un véhicule pour recevoir et envoyer l’information, « il ne peut pas être un outilseul d’identification et de paiement même si de nombreuses personnes pensent le contraire » déclare Jacques-Benoit Le Bris de Rhodia.

Par ailleurs, le cabinet d’études prédit le développement de la traduction vocale simultanée du langage ou encore des capteurs en réseau pour maximiser les cinq sens.

Evolution des approches Les services à la demande devraient s’imposer de plus en plus.  » Les années à venir verront l’avènement d’un nombre croissant de plates-formes spécialisées proposant ce type de services mais aussi de directions informatiques utilisant ce modèle pour leurs clients internes. En 2026, ce modèle sera largement utilisé, mais dans des contextes variés« , affirme Markess.

Dans le même temps, la population des informaticiens dans les entreprises diminuera et les métiers évolueront. Mais là encore, les points de vue divergent quant à la nature de l’évolution.

« Avec la généralisation des politiques d’externalisation, nombreux sont ceux qui estiment que les compétences techniques des informaticiens risquent de s’appauvrir. Certains estiment qu’à terme les expertises seront celles de gestionnaires de contrats, de chefs de projets, d’experts réseaux et architecture, de négociateurs avec les fournisseurs, de spécialistes de la pré-production et de la gestion de la qualité du service« , peut-on lire dans l’étude.

Enfin, Markess prédit un avenir radieux pour l’open-source. La grande majorité des DSI et personnalités interrogés reconnaissent que, dans 20 ans, le poids de l’open source sera significatif dans leur organisation, mais de nombreuses nuances tempèrent cette montée en puissance.

Certains pensent que l’open source sera circonscrit aux seules couches basses des systèmes d’information qui deviendront de plus en plus standardisées et identiques pour tous. Au-dessus de celles-ci, toute innovation permettant d’avoir une plus grande valeur ajoutée par rapport aux autres sera propriétaire.

D’autres estiment que, si beaucoup vont s’inscrire dans une logique open source, il n’en demeure pas moins possible qu’en cas de réelle création de valeur sur les solutions mises au point, alors les entreprises brevetteront leurs développements.

Quant aux adeptes de l’open source, certains pensent qu’ils se trouveront plutôt parmi les start-ups qu’au sein des entreprises matures. Dans cette dernière catégorie, les banques seront les plus réticentes.