Rachat de l’anti-virus RAV: Microsoft veut-il conspirer?

Retour: Microsoft vient d’acquérir la société roumaine GeCAD, éditeur de l’antivirus RAV. Certains crient à la conspiration contre la communauté Linux.. Paranos?

RAV est l’anti-virus le plus répandu sous Linux, avec une estimation de plus de dix millions d’utilisateurs. Ce détail du dossier était presque passé inaperçu. En pratique, il protège notamment les serveurs d’emails, dont en particulier SenMail, Qmail et Postfix.

Or, RAV est un produit développé et maintenu par une petite société roumaine répondant au nom de GeCAD. Celle là même que vient d’acquérir Microsoft. De là à imaginer que Microsoft ait racheté GeCAD afin de se saisir d’un important acteur de Linux, avec pour objectif de mettre fin à ses activités et de pénaliser la communauté Linux, il n’y a qu’un pas que la dite communauté franchit allègrement, criant à la conspiration. Que va faire Microsoft de RAV ? Microsoft n’a pour le moment pas commenté son acquisition. Amy Carroll, group manager de l’unité Security Business de Microsoft s’est contentée de rappeler avec justesse qu’il est difficile à Microsoft de racheter une société qui n’ait pas d’activité sur plusieurs plateformes. Et que l’intérêt de Microsoft pour GeCAD porte sur son moteur d’antivirus et sur ses programmeurs. Alors y aurait-il conspiration ? La maintenance de RAV a sans doute fait partie de la négociation et du contrat qui ont aboutis à l’acquisition de GeCAD. RAV pourrait donc encore être maintenu durant quelque temps. Mais combien de temps encore ? Une stratégie contre Linux ? Par ailleurs, il est probable que, compte tenu de la guerre que Microsoft mène contre Linux, la tentation soit forte de ne pas continuer longtemps à maintenir un produit si répandu dans la communauté Linux, au grand dam de cette dernière. Dans ces conditions, le rachat de GeCAD pourrait inaugurer une nouvelle stratégie de Microsoft, consistant à prendre le contrôle de sociétés développant des applications open source stratégiques pour Linux, afin de réduire la communauté dans l’?uf. Microsoft dispose des moyens pour mettre en application cette stratégie de contrôle d’une partie des acteurs de Linux, mais est-elle réaliste ! Car Linux se comporte comme l’Hydre de légende : coupez lui une tête, et elle repousse de plus belle. Mais surtout Microsoft est entré dans une phase de reconnaissance de son statut d’entreprise moderne, respectueuse du marché et de ses règles. Avec en particulier un comportement social que la firme veut exemplaire. Racheter des sociétés pour détruire un marché rentre difficilement dans une culture nouvelle qui cherche à mettre fin aux nombreuses critiques, souvent partisanes, dont elle est victime. ? ou l’arbre qui cache la forêt ? Tout le monde tremble, aurions nous pu indiquer en entête de notre article ! Tout le monde, sans doute pas ! La communauté Linux, oui, qui en tremble de rage contre Microsoft. Mais par contre, qu’en pensent les éditeurs de logiciels de sécurités ? Quelles sont les intentions de Microsoft en matière de sécurité ? Le marché appartient depuis toujours à des sociétés spécialisées, Symantec, Kasperski, VSecure, etc., qui profitent de l’absence de Microsoft sur ce marché pour faire un business rentable, en complément de Windows. Un business qui n’échappe pas à l’attention de Microsoft, qui n’a pourtant pas l’habitude de laisser longtemps aux autres le soin d’engranger des bénéfices sur un domaine qu’il pourrait contrôler. Indéniablement, plus que la communauté Linux, ce sont les éditeurs de solutions de sécurité et d’anti-virus qui doivent le plus crier à la conspiration, et trembler en pensant à l’avenir que Microsoft pourrait leur réserver après le rachat d’une petite société perdue au fin fonds de la Roumanie !