Régis Castagné, Equinix : « les datacenters exigent une présence humaine renforcée et qualifiée.»

A contre-courant, le dirigeant d’Equinix France, spécialiste des infrastructures pour datacenters, met en avant l’indispensable présence humaine, non délocalisable. De plus, la France a de sérieux atouts pour attirer les datacenters des multinationales.

Régis Castagné - Equinix
Régis Castagné – Equinix

La multiplication des datacenters externalisés et le cloud (privé, public…) ont favorisé l’émergence de nouveaux acteurs. Ainsi, Equinix propose de l’espace physique conçu pour abriter des datacenters. La société prend en charge la partie BTP et énergie, mais rien d’autre. Sa force : plus de 100 datacenters dans le monde.

« Nous proposons ces espaces, et rien d’autre,» précise Régis Castagné, directeur général d’Equinix France. « Nous évitons ainsi de concurrencer nos clients qui ne sont pas que des entreprises, mais aussi des fournisseurs : opérateurs en télécommunication, géants du cloud, fournisseurs de services cloud, hébergeurs, etc.» Une démarche qui pousse donc la société à ne pas relier ses datacenters entre eux, tâche réservée aux opérateurs (également ses clients). En outre, cela laisse toute liberté au client de choisir son opérateur, son prestataire, etc.
En plus des locaux adaptés avec les matériaux adéquats, la fourniture de puissance suffisante s’impose, comme les 39 mégawatts (avec réserve de 10 mégawatts supplémentaires) pour le dernier datacenter de Pantin.

Le facteur humain multiplie les atouts
Avec près de 2,5 milliards de chiffres d’affaires pour 3500 employés, l’entreprise se porte plutôt bien. En France l’effectif de 75 personnes devrait être porté à une centaine d’ici l’été.
« Contrairement à nos concurrents ou aux acteurs de ce métier, toutes les équipes de nos datacenters sont des employés Equinix,» s’enorgueillit le dirigeant. «Sur notre effectif français, 75% d’entre eux travaillent dans les datacenters. Pour nos 350 clients français, nous avons accrédité près de 8 000 personnes aptes à entrer dans leurs datacenters. Soit une entrée/sortie toutes les deux minutes en moyenne.»

Outre cette gestion réclamant du personnel en 24×7, la société dispose d’équipes d’audit interne veillant à la qualité continue des équipements, et des équipes techniques installant et surveillant les équipements énergétiques, de refroidissement, etc. «Autant de spécialistes chevronnés, sans oublier les opérateurs dans les datacenters, ou les certifiés “haute tension”,» souligne Régis Castagné.

Une force de frappe mondiale
Une force de frappe mondiale

Les datacenters génèrent aussi de l’emploi
Une forte automatisation devrait pourtant entrainer la réduction du personnel ?
«Si, à l’image d’Amazon, vous proposez des solutions standardisées et cadrées, une grande partie de l’ensemble devient automatisable. Dans notre cas, chaque client a ses spécificités : taille des cages, corridors, puissance, conception…» rétorque Régis Castagné. « Il est donc indispensable de disposer de spécialistes aguerris sur place, et en nombre suffisant. C’est pourquoi la multiplication des datacenters est aussi une source d’emplois qualifiés et non automatisables. Si un incident se produit, nos équipes sont toujours sur place. Les décisions sont donc prises rapidement et les actions menées dans la foulée, sans avoir à attendre l’arrivée d’un prestataire.»

Pour rentabiliser ce personnel, Equinix pourrait proposer leurs compétences en option payante à ses clients. Le dirigeant écarte cette éventualité : « Ce n’est pas notre vocation ! Et c’est parfois celle de nos clients. En outre, devant gérer de nombreux clients sur plusieurs datacenters, notre personnel est bien employé et donc rentabilisé. Par exemple, British Telecom utilise nos structures pour vendre de l’infogérance. Alors, Equinix s’engage sur la qualité de service énergétique, le refroidissement, etc.»

L’Hexagone terre de prédilection datacenters ?
Equinix a ouvert plusieurs bâtiments pour datacenters en France. Mais pourquoi les entreprises européennes ou mondiales choisiraient-elles de venir dans l’Hexagone? Une idée qui permettrait dynamiser l’emploi. « Aujourd’hui, l’efficacité énergétique est une exigence de nos clients. Et justement, nous pouvons proposer une énergie “100% verte” dans nos structures hexagonales via EDF. De plus, en France l’énergie reste très bon marché, ce qui rend nos infrastructures plus attractives,» explique Régis Castagné.

Fort de ce succès croissant, Equinix France recrute des informaticiens ayant des compétences bilingues et rodés à la gestion de projets, mais aussi des opérateurs de datacenter, des câbleurs réseaux, etc.

« Nous souhaitons fidéliser nos employés en les payant correctement, en leur offrant aussi des stocks options (dont bénéficient déjà 50% des salariés). Mais nous leur demandons aussi une forte implication. Il faut qu’ils sachent que lorsqu’un incident survient en salle blanche, on ne rentre pas forcément chez soi à l’heure prévue. Cela fait aussi partie du travail,» conclut Régis Castagné.

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