Remplacement de Louvois : la Défense confirme le choix de Sopra – HR Access

Comme nous l’annoncions en exclusivité dès la fin mars, le ministère de la Défense a choisi Sopra et sa filiale logicielle HR Access pour développer Source Solde, le remplaçant du progiciel fou Louvois. Jean-Yves Le Drian a défendu ce choix jugé curieux jusqu’au sein de son administration.

Comme nous le révélions en exclusivité dès le 31 mars dernier, le ministère de la Défense a choisi l’attelage emmené par Sopra pour développer le remplaçant de Louvois, le logiciel de paie défaillant des armées. La SSII est associée à HR Access, sa filiale d’édition logicielle spécialisée dans les RH, pour mettre sur pied Source Solde, l’appellation de ce nouveau moteur de calcul de la solde des militaires. Selon Jean-Yves Le Drian, qui s’exprimait hier à Toulon, en marge d’une visite au Centre d’expertises des ressources humaines (CERH) de la Marine nationale, le projet serait « pleinement sur les rails » et les premiers jalons seraient pour l’heure respectés. Le contrat atteint 128 millions d’euros, coût qui intègre la construction et le déploiement de cette solution de gestion de la paie de 250 000 militaires, ainsi que 10 ans de maintenance.

La Marine doit servir de galop d’essai au nouveau progiciel, avec une mise en service démarrant en 2017 après une période de tests s’échelonnant tout au long de 2016. « Source Soldes assurera de manière autonome la paie des soldes des militaires seulement lorsque nous aurons obtenu toutes les garanties de bon fonctionnement du système », a assuré Jean-Yves Le Drian. Une façon d’affirmer aux militaires que les erreurs de solde que multiplient encore Louvois ne vont pas se reproduire avec Source Solde. Ce choix d’une ‘solde en double’ – avec Louvois en parallèle de Source Solde – se traduira toutefois par des coûts supplémentaires, ne serait-ce que parce qu’il faudra continuer à pallier les dysfonctionnements de Louvois pendant toute cette période. Dans son intervention à Toulon, Jean-Yves Le Drian a toutefois expliqué que la situation « s’améliorait » sur Louvois : si le progiciel fou continue à générer des erreurs, celles-ci seraient moins nombreuses. Réduisant d’autant les interventions des équipes chargées de régulariser ces calculs erronés.

Un choix qui surprend

Auditionné en novembre dernier par la Commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées fin octobre, Jean-Paul Bodin, le directeur général pour l’administration, avait expliqué que les premières bascules vers Source Solde devaient intervenir au premier semestre 2017. Sans toutefois préciser à quelle échéance le nouveau progiciel de paie serait déployé sur l’ensemble du ministère.

Rappelons que Sopra – HR Access était opposé à deux autres consortiums, Accenture – CGI et Atos – Steria. Tous deux basant leur solution sur les progiciels SAP. Le choix de la DGA en faveur de la SSII de Pierre Pasquier a surpris, y compris au sein même du ministère. D’abord parce que les armées de terre, de l’air, la marine et le service de santé des armées sont tous équipés d’un SIRH sur base SAP. Le choix de HR Access implique donc de développer des interfaces. Or cette question des interfaces faisait partie des difficultés identifiées lors du développement de Louvois. Ensuite, HR Access reste associé au programme ONP (Opérateur National de Paie), projet visant à consolider la paie de tous les fonctionnaires et qui s’est soldé par un fiasco retentissant.

A Toulon, le ministre de la Défense a d’ailleurs tenu à défendre le choix opéré par le ministère, expliquant que Sopra avait donné « les meilleures garanties de parvenir au résultat recherché » et que HR Access est un progiciel largement employé tant dans l’administration que dans les grandes entreprises. « La solution retenue est basée sur des logiciels éprouvés, sans développement spécifique », a martelé le ministre.

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