REPORTAGE: Congrès SNWE Storage à Cannes (2)

Une tendance à suivre: la sauvegarde de données peut s’effectuer directement depuis les disques vers les bandes magnétiques: c’est le ‘back-up LAN free’. Démonstration de visu sur la Croisette…

Clou du Congrès SNWE (Storage Networking World EuroStorage) qui se tient actuellement à Cannes (*), l’espace i-Lab permet de comprendre très concrètement la nécessité de solutions interopérables. Et la nouvelle approche de la sauvegarde « hors réseau local » (

‘LAN free’) présente un autre avantage: elle garantit la continuité de service. Les pionniers du back-up ‘LAN free’ Présentée notamment par Hitachi Data Systems, cette fonction permet de sauvegarder les données d’une baie de disques sans passer par le réseau local ni par un serveur de données. Bref, c’est la copie directe des disques durs sur des bandes placées dans une armoire implantée sur le SAN, cela au travers d’un ou de plusieurs chemins disponibles sur le réseau de stockage. Le serveur ne sert donc plus alors que pour gérer des ‘métadonnées’, ce qui permet d’utiliser un modèle de faible envergure qui conservera essentiellement le registre ou base de données de ce qui est sauvegardé et non pas les données elles-mêmes. Ainsi, sur l’i-Lab que nous avons vu à Cannes, c’est un serveur Sun U5, largement sous-exploité -s’il faut en croire Maurice Humbert, consultant auprès de Hitachi Data Systems- qui démontre toute l’utilité de ce procédé de back-up ‘LAN-free’. Les données, elles, transitent par le réseau SAN et ses routeurs. On peut ainsi disposer de plusieurs chemins pour effectuer des sauvegardes en parallèle depuis des baies distinctes. Autre intérêt de ce système, il atteint des vitesses de copie difficilement disponibles lors d’une copie via le serveur. Ainsi, dans les conditions pourtant loin d’être idéales de l’i-Lab, le débit obtenu avoisine les 31 Mo/seconde, à comparer aux maigres 6 Mo/s obtenus lorsque ce type d’opérations passe totalement par le serveur. « Tout dépend de la robotique de la bandothèque et de la vitesse de défilement du lecteur de cartouche cible, puisque le maillon le plus faible donne la mesure du débit maximal« , précise Maurice Humbert. Seek, search, find and? store L’interopérabilité joue ici à plein dans la mesure où il suffit de chercher un robot bandes présent sur le SAN (en l’occurrence, un modèle StorageTek). C’est en fait le logiciel de backup pilotant les sauvegardes du SAN (Veritas Netbackup, dans cette configuration) qui s’occupe de reconnaître les robots disponibles. Sur le plan matériel, le transfert des données utilise un firmware spécifique, un ‘data mover’ (‘e-copy’ chez Hitachi Data Systems). Intégré dans le microcode de la baie, cet utilitaire affecte temporairement un port de la baie à cette opération de copie rapide. Ainsi, si l’on désire faire une réplication à distance des baies Hitachi en utilisant le même port, cela ne pose aucun problème: le port de la baie n’est aucunement dédié à une opération particulière. Georges Fournessol, directeur produit d’Hitachi Data Systems, explique: « C’est en fait une commande SCSI-3 qui est utilisée pour accomplir cela. Il est donc nécessaire que la baie de disques et le robot de bandes puissent tous deux interpréter correctement ce protocole. Si c’est le cas, la copie s’assimile aisément à du ‘plug & play’. Il n’y a alors aucune différence d’ergonomie entre cette utilisation de NetBackup pour effectuer une copie LAN-free et son emploi dans le cadre d’une sauvegarde « normale » via un serveur.  » Serveur LAN-free : petit et même pas costaud Ce type de backup est particulièrement intéressant pour toutes les entreprises possédant un très grand nombre de serveurs et une forte volumétrie de données à stocker et sauvegarder. Car, plus le nombre de serveurs est important, plus il convient de leur allouer de la bande passante sur le réseau. De même, une connexion à haute vélocité nécessite, à l’autre bout, des serveurs suffisamment puissants pour pouvoir l’assumer. Dans le système ‘e-copy’, le serveur ne travaille que sur des métadonnées: il n’est donc pas nécessaire d’avoir une connexion de type Fibre Channel ni de disposer de serveurs hyper-puissants. De ce fait, l’entreprise s’engageant dans cette voie n’a plus besoin de multiplier le nombre de ses serveurs, un bon moyen pour réaliser des économies d’échelle (y compris au niveau des achats de licences du logiciel de gestion du stockage). En moyenne, on estime qu’un « petit » serveur de métadonnées remplace aisément une vingtaine de serveurs de données classiques. Autre avantage, le transfert direct des disques vers les bandes ne grève pas la bande passante du réseau et permet un débit rapide, puisque « l’écluse » que constitue un serveur classique n’est pas nécessaire. Car, même si on utilise de la fibre optique, le serveur, aussi puissant soit-il, doit d’habitude lire les données du disque pour ensuite les envoyer vers le lecteur de la cartouche, toutes opérations, qui, pour notamment des raisons de vérification, provoquent l’occupation du serveur pendant toute la durée de ces procédures. (*) Hôtel Martinez, jusqu’au 6 juin. Entrée libre aux abonnés de Silicon.fr, sur présentation de leur carte professionnelle. SNIA et FCIA vont en bateau

Fibre Channel, un protocole déterministe de transfert des données (à la différence d’IP) au départ utilisé par les militaires pour garantir la sécurité de leurs transmissions, a été adopté par le SAN comme pierre angulaire de son

modus operandi. Mais, le stockage et les réseaux évoluant, se limiter à cette seule et unique approche s’avérait par trop réducteur. L’arrivée des filers et des appliances NAS, du stockage via IP, de l’i-SCSI, la nécessité d’intégrer un minimum de gestion des ressources de stockage dans les appareils eux-mêmes sont autant de nouvelles donnes qu’il faut désormais prendre en compte. C’est pourquoi les deux grandes associations d’acteurs du stockage, la FCIA (Fibre Channel Industry Association) et la SNIA (Storage Networking Industry Association) viennent d’annoncer leur fusion: elles ont élu hier soir le fondateur de la défunte FCIA Europe au poste de commandes de la nouvelle entité européenne de standardisation du stockage. Désormais, la SNIA entend dépasser le rôle de simple comité de spécification de normes en matière de stockage pour devenir une force de proposition à part entière, pays par pays. Des groupes d’utilisateurs locaux, regroupant intégrateurs et ‘end-users’ pour qu’ils puissent dialoguer sur un pied d’égalité, ont ainsi été constitués. Ils devraient permettre aux industriels de ce secteur de mieux comprendre les besoins des utilisateurs tout en proposant à ceux-ci des formations aux standards émergents du stockage.