Réussir sa start-up dans le logiciel : les recettes de Bernard Liautaud

L’international et tout de suite. Le co-fondateur de Business Objects (BO), une des grandes (et seules) réussites du logiciel français, livre ses recettes pour ne pas foirer sa start-up. Des recettes qu’il applique aujourd’hui chez Talend, dont il préside le conseil d’administration.

Business Objects, revendu en 2008 pour 4,8 milliards d’euros à SAP, reste une des rares réussites du logiciel hexagonal au plan mondial. Logique donc de voir Bernard Liautaud, un des deux co-fondateurs de BO (avec Denis Payre), tenir le rôle de ‘parrain’ du logiciel français. De passage à Paris cette semaine, l’homme d’affaires, devenu associé du fonds londonien Balderton Capital et président du conseil d’administration d’une autre success story du soft hexagonal, Talend, a livré quelques-unes de ses recettes pour transformer les start-up du logiciel d’aujourd’hui en champions de demain.

Des recettes qui s’accommodent avec le même fonds de sauce : l’internationalisation. « Je pense que, dès le démarrage de l’entreprise, il faut mettre en place une exécution globale. Chez BO, nous nous sommes installés en Californie et en Grande-Bretagne alors que la société comptait moins de 10 employés et avait moins d’un an d’existence, explique l’homme d’affaires. C’est fondamental pour aller se frotter aux vrais concurrents. » Pour Bernard Liautaud, les créateurs d’éditeurs de logiciels en France ont trop tendance à penser qu’une offre qui s’impose dans l’Hexagone est nécessairement supérieure à la concurrence : « Or, s’il est fondamental d’avoir un logiciel qui se différencie de l’état de l’art, ce dernier provient le plus souvent des États-Unis. Se projeter très vite à l’international permet de se frotter tout de suite à ses vrais concurrents. »

Talend : les recettes de BO ?

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Bernard Liautaud est associé du fonds londonien Balderton Capital.

Cette internationalisation d’entrée de jeu repose, selon l’associé du fonds Balderton, évidemment sur une dimension humaine : « il faut à la fois recruter une équipe aux États-Unis et des personnes au siège comprenant bien les marchés internationaux. S’entourer de personnes comprenant les codes des différents marchés est fondamental : les fondateurs doivent savoir rester humbles devant l’ampleur de la tâche. » Selon lui, les créateurs de start-up européennes l’intègrent de plus en plus : « au fil de leurs expériences, ils se font plus ambitieux et se projettent plus vite sur l’échiquier global. »

Un saut qu’avait également effectué très tôt Talend, éditeur de solutions d’intégration de données en Open Source, dans lequel Balderton Capital a investi dès 2009, et dont Bernard Liautaud est devenu le président du conseil d’administration, asseyant au fil des ans son influence sur l’entreprise. Les deux co-fondateurs (Bertrand Diard et Fabrice Bonan) n’y ont plus de fonctions opérationnelles et, dans une équipe de direction très américanisée, on croise quelques anciens de BO (comme Thomas Tuchscherer, le directeur financier, Laurent Bride, le directeur technique, ou Isabelle Nuage, la directrice du marketing produit Big Data).

Talend : l’IPO en question

La prochaine étape de développement annoncée de l’éditeur né en région parisienne ? L’entrée en bourse. Début 2014, son Pdg, Mike Tuchen, expliquait à la presse américaine envisager une IPO « dans les années qui viennent ». Dans un entretien avec Silicon.fr, Bernard Liautaud n’a toutefois pas fait mystère des hypothèques qui pèsent désormais sur les entrées en bourse des start-up dans les mois qui viennent. Outre-Atlantique, les jeunes pousses de la tech restent toutes à la porte d’entrée des marchés boursiers, en raison des niveaux de cotation jugés trop faibles des sociétés high-tech. Des niveaux qui refroidissent les fonds qui ont participé aux dernières augmentations de capital, réalisées souvent sur la base de valorisations très élevées, car une entrée en bourse matérialiserait les pertes latentes qu’ils ont aujourd’hui en portefeuille.

En décembre 2013, Talend a levé 40 millions de dollars (série E), auprès de ses investisseurs historiques (Silver Lake, Balderton et Idinvest), mais aussi auprès de la banque publique d’investissement Bpifrance et d’Iris Capital. En 2013, Talend réalisait environ 55 millions de dollars de chiffre d’affaires. Lors d’une conférence de presse cette semaine, à l’occasion de l’annonce de l’ouverture d’un nouveau centre de R&D à Nantes, l’éditeur Open Source n’a pas souhaité détailler l’évolution de son activité.

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Crédit photo : Olivier Ezraty (photo de une, voir son portfolio ici)