Une backdoor Intel ? Comment une rumeur infondée a enflammé le Web

Quiz Intel

« un tél inside » pourrait être le futur slogan d’Intel qui travaille d’arrache-pied à l’intégration d’un modem multimode dans ses futurs SoC mobiles. Mais pour l’heure, c’est la folle rumeur d’un module 3G intégré dans les processeurs Core i du fondeur américain qui occupe les esprits. Une hypothèse qui paraît bien farfelue. Même en pleine affaire Prism.

Y-a-t-il une backdoor dans les processeurs Intel. Cette folle rumeur, qui s’est répandue sur le Web alimentée par la paranoïa consécutive à l’affaire Prism, trouve son origine dans la technologie AntiVol 3.0, intégrée nativement dans le silicium des processeurs sortis après les Sandy Bridge. Cet « Anti-Theft » 3.0 a pour fonction de désactiver l’ordinateur à distance via l’Ethernet, le WiFi ou encore la 3G si l’ordinateur est équipé d’un modem « cellulaire » 3G.

Cette technologie vise à renforcer la protection des données en s’appuyant sur des technologies logicielles mais aussi matérielles donc.

Espionnite aiguë

Mais selon PopularResistance, Intel aurait discrètement intégré un modem 3G dans ses CPU après les Core i « Sandy Bridge » et plus exactement dans les modèles intégrant la technologie Intel vPro.

Justement, à l’instar de vPro qui permet d’effectuer des actions (de maintenance, de diagnostics…) à distance, ce modem 3G pourrait être activé en remote depuis un téléphone mobile (« wake-on-mobile« ).

Dans cet article, « backdoor », « fantôme », « fonction 3G non documentée », « intelligence agency »… sonnent comme des atteintes à la vie privée des utilisateurs. Plus que des insinuations, ces « révélations » sont des accusations qui tentent d’alimenter la théorie du complot en pleine crise Prism (du nom du programme d’écoutes de la NSA), auquel plusieurs grands noms américains ont prêté leur concours.

Les derniers processeurs Core i d’Intel via vPro, backdoor à la sauce Intel, seraient ainsi le pendant hardware des méthodes logicielles d’espionnage divulguées par Edward Snowden.

Il est toutefois simple de tordre le cou à cette rumeur en se basant sur quelques aspects techniques.

L’intégration d’un modem 3G n’est pas triviale…

Après l’échec des puces mobiles Moorestown (elles n’ont jamais été intégrées dans des produits finis), les Medfield ont signé l’arrivée d,’Intel sur le marché de la mobilité. Mais il s’agissait alors d’un premier jalon, l’ultime étape étant l’intégration du modem « cellulaire » multimode (2G, 3G et 4G LTE) au sein même du SoC. Mais Intel n’en est pas encore à cette étape, probablement la plus complexe qui soit.

Dans cette volonté farouche de jouer un rôle dans le secteur de la mobilité, Intel a toutefois fait l’acquisition du business Wireless d’Infineon en août 2010, un savoir-faire que l’on retrouve dans le groupe Mobile Communications de la société. Les fruits de cette acquisition se sont soldés par le chipset XMM 7060, un modem multimode, qui intègre le baseband X-GOLD 706. Les livraisons de ces chipsets ont débuté fin 2012. On trouve la version XMM 7160 (compatible 4G LTE) de ce modem et le XMM 6262 (modem 3G) dans des versions 3G et 4G de la tablette Samsung Galaxy Tab 10.1

…elle est également peu discrète

On reste donc sceptique – question de timing également – quant à l’intégration par Intel d’un modem 3G dans ses processeurs Core i. Les modems XMM d’Intel sont actuellement des chipsets. De surcroît, qui dit 3G dit présence d’un amplificateur de puissance (PA), de composants externes supplémentaires et d’une antenne déportée ou bien présente sur la carte mère intégrant le CPU, un environnement de surcroît propice aux interférences.

De plus, l’intégration d’un modem 3G dans les CPU augmenterait la surface de silicium. Au final, ce serait donc moins de puces gravées sur un wafer et des surcoûts de production pour Intel.

Sa présence n’est également en rien discrète et ne peut se fondre dans la masse des parties numériques du CPU. Elle n’aurait pas pu passer inaperçue très longtemps ; il suffit de voir comment le SoC A7 d’Apple a rapidement été disséqué.

De surcroît, imaginer qu’un modem 3G ferait peser une quelconque menace supplémentaire sur la vie privée des individus paraît bien saugrenu quand on pense qu’un ordinateur est quasiment toujours connecté au réseau via l’Ethernet ou le WiFi. Or vPro peut utiliser ces deux vecteurs pour fonctionner à distance.

Si la rumeur de cette intégration cachée d’un module 3G a donc toutes les chances d’être infondée, le détournement potentiel de vPro peut, lui, éventuellement poser question…

crédit photo : © Rrraum – Shutterstock


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