La Russie réclame le code source des logiciels à Apple et SAP

Le gouvernement russe a demandé un accès au code source des logiciels de l’éditeur allemand SAP et du groupe américain Apple, et ce pour mieux lutter contre l’espionnage.

Inquiète des potentielles portes dérobées (backdoors) qui permettraient aux gouvernements étrangers de l’espionner, la Russie a demandé à l’éditeur allemand de logiciels de gestion SAP et au groupe informatique américain Apple de lui fournir un accès au code source de leurs logiciels. Selon Reuters, la requête russe aurait été présentée la semaine dernière lors d’une rencontre entre trois protagonistes : Nikolai Nikiforov, ministre russe des Communications, Peter Engrob Nielsen, directeur général d’Apple en Russie, et son homologue chez SAP, Vyacheslav Orekhov.

La sûreté de l’État

La demande russe aurait été soumise comme une mesure visant à protéger la sûreté de l’État et à garantir le droit des utilisateurs – grand public et entreprises – à la confidentialité des données personnelles. La « proposition » heurte le principe de propriété intellectuelle (les licences d’utilisation des logiciels propriétaires ne permettent pas d’en étudier le code, contrairement aux licences de distribution des logiciels libres et Open Source). Par ailleurs, elle intervient dans un contexte géopolitique tendu. Les relations entre la Russie et l’Occident se sont encore dégradées depuis le crash du vol MH17, l’avion de ligne abattu le 17 juillet dernier dans l’Est de l’Ukraine, une zone de conflit entre séparatistes pro-russes et militaires ukrainiens.

Le renseignement américain

« Les révélations d’Edward Snowden en 2013 et les déclarations publiques des services de renseignement américains sur le renforcement de la surveillance de la Russie en 2014 ont soulevé une question sensible, celle de la confiance concernant les logiciels et le matériel informatique étrangers », aurait déclaré le ministre russe des Communications mardi 29 juillet. La Russie n’est pas la seule à s’être interrogée. Les gouvernements du Brésil, de la Chine, de l’Inde ou encore de l’Allemagne ont réorienté leur stratégie numérique à la suite du scandale des écoutes menées par la NSA américaine avec le soutien de l’industrie IT. Mais aucun d’entre eux n’aurait demandé d’accéder au code source de softwares propriétaires, contrairement à la Russie.

Microsoft, l’exemple à suivre ?

« De toute évidence, les entreprises qui communiquent le code source de leurs programmes n’ont rien à cacher », aurait ajouté le ministre Nikolai Nikiforov, après s’être référé au partenariat établi de longue date entre Microsoft et la Russie. En 2010, la liste de produits Microsoft dont les autorités russes pouvaient analyser le code source a été élargie (Windows 7, Server 2008 R2, Office 2010, Microsoft SQL Server). « Mais les entreprises qui n’ont pas l’intention de coopérer avec la Russie sur le sujet, a-t-il ajouté, peuvent cacher des fonctions dans leurs produits ». SAP et Apple, dans le viseur des autorités russes, n’ont pas communiqué sur ce dossier.

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