Sagem-Snecma: questions, réactions sur une fusion

Pas évident de discerner les synergies entre les deux groupes. L’un a réussi dans les terminaux télécoms, là où Alcatel a renoncé, et un peu dans les télécoms embarqués; l’autre fait dans les moteurs à réaction, l’avionique, les réseaux câblés embarqués. Suffisant?

L’union fait la force. Et si c’était là, tout simplement, le principal argument des deux dirigeants, Jean-Paul Béchat, p-dg de Snecma, et Grégoire Olivier, président de Sagem?

L’annonce de leur mariage a surpris tout le monde. Quelle est donc la logique de ce rapprochement que l’on dit avoir été initié par le plus petit des deux, Sagem? Serait-ce l’incitation de Bercy, qui bétonne ainsi la future privatisation, sous surveillance, de Snecma à l’abri d’un ‘raider’? Ou leur proximité géographique, depuis que Sagem est venu s’installer sur l’ancien site Citroën, au quai de Javel, Paris 15è, il y a quelques années? Il est vrai que Sagem réalise 10% de son chiffre d’affaires dans l’aéronautique -les systèmes télécoms embarqués – et il n’était pas question de nationalisation. Mais, constatent certains analystes, face à EADS, une alliance avec Thalès -candidat déclaré- (ex Thomson Défense) aurait pu paraître plus logique… Gains de synergie? Les gains de synergie entre les deux groupes ont été estimés entre 160 et 190 millions d’euros, gains dus au regroupement des achats (de composants, notamment), pour un tiers, et au développement du nouveau ‘business’, pour deux tiers. » Une autre raison a été avancée: la complémentarité plutôt que le recouvrement d’activité, si l’on tient compte des cycles industriels très différents (l’aéronautique face aux télécoms mobiles…) donc une répartition des risques en cas de retournement ou contraction des marchés. Et complémentarité face au dollar: Snecma vend des dollars, alors que c’est l’inverse pour Sagem. Alors, un petit General Electric (qui aurait pu être invité à la table, allié fidèle de Snecam, détenant déjà 5% de son capital depuis l’introduction en bourse en juin dernier)? Ou un petit Siemens face à Alcatel? « Notre ambition est de constituer l’un des 10 plus grands groupes mondiaux de technologie« , affirmait ce vendredi 29 octobre Grégoire Olivier, président de Sagem. Les deux groupes et leur consolidation

La répartition des activités de la nouvelle entité Snecma-Sagem, qui cherche un nouveau nom, s’établit ainsi, en chiffre d’affaires: -moteurs d’avions ou de fusées: 31% -défense et sécurité: 26% -équipements aéronautiques : 21% -télécommunications: 22% Le cumul de leur chiffre d’affaires en fera un groupe pesant 9,6 milliards d’euros pour 55.000 salariés, dont 3,2 milliards, environ, de Sagem. Dans la nouvelle entité, la part de l’Etat sera réduite à 30 ou 35%. Les salariés de Sagem et Snecma conserveront entre 12 et 15%, puis Areva (Cogema) 7 à 8% (contre 17% de Sagem actuellement), et General Electric 3 à 5 %. Pour rappel, il s’agit d’une offre publique d’échange (OPE) lancée par Sagem sur Snecma, d’une part, et d’autre part, à titre subsidiaire, d’une offre publique d’achat (OPA) entre autres sur les titres de l’Etat (lire notre information du 29 octobre). Un schéma qui ressemble à celui d’Air France – KLM, sauf que Sagem et Snecma vont disparaître pour une nouvelle raison sociale qui reste à trouver – et sans suppression d’emplois annoncée. Jean-Paul Béchat deviendra président du directoire, Mario Colaiacovo (que l’on dit à l’origine du rapprochement) deviendrait président du conseil de surveillance.