Serveurs et stockage : partenariat triple effet entre EMC et Lenovo

Accord © Sergej Khakimullin - Shutterstock

Échange de bons procédés : EMC accompagnera Lenovo dans la conception de ses futurs serveurs, tandis que Lenovo distribuera les plateformes de stockage NAS EMC en Chine et sur les marchés émergents, et qu’une joint-venture avec Iomega fournira des systèmes NAS aux PME.

L’alliance ente le géant mondial du stockage EMC et le Chinois Lenovo sur les serveurs et le stockage NAS (Network Attached Storage) est pour le moins stratégique. Elle tourne autour des technologies x86 sur les serveurs, la fabrication de systèmes de stockage réseau NAS pour les PME et la distribution des technologies EMC en Chine et au sein des pays émergents.

Lenovo : combler son retard sur les serveurs

Intéressons-nous tout d’abord à Lenovo : le Chinois est devenu, avec le rachat de la division PC d’IBM, un géant mondial des ordinateurs. Mais l’accord passé avec Big Blue lui a fermé la porte des serveurs. Désormais plus aucun lien ne lie ces deux-là : le moment est venu pour le Chinois de changer de braquet industriel et de s’imposer dans le monde des serveurs.

Mais on ne s’improvise pas fabricant de serveurs comme cela, surtout si l’on cible les entreprises… Il manque en particulier à Lenovo une dimension d’innovation technologique pour se distinguer de ses concurrents, ou tout du moins pouvoir rivaliser avec les plus importants fabricants, HP, IBM, Dell, Fujitsu, etc. Le modèle industriel Supermicro, auquel adhéraient jusqu’à présent Lenovo et les fabricants chinois, a montré ses limites technologiques et de fiabilité. Et comme il cible en priorité les grandes entreprises, Lenovo affichait un réel déficit sur ce plan.

L’alliance passée avec EMC va donc permettre à Lenovo d’accéder aux technologies avancées de celui-ci. Car n’oublions pas que derrière un système de stockage se cache un serveur. Et la firme de Boston n’est pas mauvaise en ce domaine, comme le prouvent les projets Project Thunder et Project Lightning qui ont rapproché le CPU des baies de stockage. EMC est également présent dans le VCE (Virtual Computing Environment), la joint-venture qui associe Cisco, EMC et VMware dans les serveurs UCS.

En retour, EMC y gagne un accès privilégié et probablement économique aux serveurs Lenovo de prochaine génération pour la construction de ses serveurs de stockage, et pourquoi pas la création de stacks matérielles associant serveur, stockage et virtualisation (VMware bien sûr !) en environnement x86 pour les datacenters.

EMC : du stockage sur tous les fronts

Avec cette alliance, EMC est gagnant sur trois fronts. La société s’offre tout d’abord un axe exceptionnel pour équiper ses solutions de serveurs performants répondant à ses critères technologiques, puisque définis par elle-même. Nous l’avons vu ci-dessus.

La seconde partie de l’accord concerne la distribution de ses produits NAS par Lenovo sur les marchés émergents, en priorité la Chine. EMC fait ici d’une pierre deux coups : il trouve un relais pour commercialiser ses produits sur des marchés où les géants américains de l’informatique ne sont pas toujours bien reçus ; il trouve également un relais pour compenser la fin de son partenariat avec Dell, qui était quand même le premier distributeur OEM de ses produits. Et l’on peut reconnaître à Lenovo une envergure suffisante pour offrir une alternative sérieuse aux équipements de stockage Dell dans les datacenters.

Enfin, la coentreprise entre Iomega et Lenovo – détenue selon le Wall Street Journal à 49 % par EMC, récent acquéreur de Iomega, et 51 % par Lenovo – sur les serveurs de stockage NAS est une opportunité de conquérir le marché des PME et des services informatiques distribués, deux cibles sur lesquelles EMC n’était que peu ou pas présent.

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