Les smartphones bas de gamme grillent-ils le cerveau ?

Les smartphones bas de gammes grillent-ils le cerveau ?

Une nouvelle étude vient rappeler les risques potentiels de l’exposition aux ondes des téléphones. De quoi regarder à deux fois leur DAS avant de jeter son dévolu sur un modèle particulier.

Mauvaise nouvelle pour les utilisateurs de téléphones mobiles. Une étude sur la nocivité des ondes sur la santé vient relancer la polémique sur l’innocuité jusqu’alors acceptée par défaut de nos terminaux sans fil. Le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC), organe de l’OMS (Office mondial de la santé), a classé les champs électromagnétiques de radiofréquences comme potentiellement cancérogènes pour l’homme « sur la base d’un risque accru de gliome, un type de cancer malin du cerveau, associé à l’utilisation du téléphone sans fil », note l’organisme dans son communiqué.

Ces conclusions, dont les détails seront prochainement publiés dans le Volume 102 des Monographies du CIRC, sont tirées du travail d’un groupe de 31 chercheurs issus de 14 pays qui se sont réunis à Lyon en mai 2011 afin d’évaluer le potentiel cancérogène de l’exposition aux ondes électromagnétiques sur la base de la littérature disponible à ce jour sur le sujet. Si le problème des ondes concerne avant tout les quelque 5 milliards d’utilisateurs d’un mobile dans le monde, elles intéresseront également ceux qui, professionnellement, s’exposent aux radars et micro-ondes, mais aussi à tout type de transmission de signaux radio, y compris télévisuels.

Un risque accru de 40 % chez les gros utilisateurs

Pas de panique pour autant. Les risques à l’exposition des ondes sont considérés comme « limités » pour le gliome et le neurinome de l’acoustique, et « insuffisants » pour les associer de façon certaine aux autres types de cancers. Néanmoins, le CIRC note « un risque accru de 40 % de gliome chez les plus grands utilisateurs (moyenne rapportée : 30 minutes par jour sur une période de 10 ans) », sur la base d’une étude rétrospective de l’utilisation du téléphone portable datant, il est vrai, de 2004.

Il n’en reste pas moins que pour le Dr Jonathan Samet (Université de Californie du Sud), président du groupe de travail en question, « les données, qui ne cessent de s’accumuler, sont suffisantes pour conclure à la classification en 2B. Cette classification signifie qu’il pourrait y avoir un risque, et qu’il faut donc surveiller de près le lien possible entre les téléphones portables et le risque de cancer ». Et de conseiller l’utilisation de kits mains‐libres ou des textos pour réduire l’exposition aux ondes.

Quid du DAS ?

Bien que votre serviteur n’ait aucune qualification scientifique et encore moins de connaissances sur le danger des ondes, il ne saurait trop recommander de se pencher sur le niveau des DAS des appareils. Le débit d’absorption spécifique (SAR en anglais pour Specific Absorption Rate) « est un indice qui renseigne sur la quantité d’énergie véhiculée par les radiofréquences émises vers l’usager par un appareil radioélectrique […] lorsque cet appareil fonctionne à pleine puissance » nous dit Wikipedia. Sachant que l’absorption des champs électromagnétiques échauffe les tissus, plus le DAS d’un téléphone est faible et moins il aura tendance à élever la température des zones du corps à proximité.

En France (selon le décret n°2002-775 du 3 mai 2002) et dans le reste de l’Union européenne, la valeur limite du DAS imposée par la réglementation est de 0,08 W/kg pour le corps entier, et 2 W/kg maximum mesuré localement au niveau de la tête ou du tronc. C’est donc sur cette dernière, la « valeur tête » plus que la « valeur corps », qu’il vaudra mieux se pencher lors du choix de son smartphone.

Tous les terminaux ne se valent pas

Car en la matière, tous les terminaux ne se valent pas. À titre d’exemple, les Samsung Galaxy Ace, Galaxy Y et Galaxy S II affichent un DAS respectif de 0,840, 0,655 et 0,338 W/kg. Les Alcatel One Touch 918 et 995 font le grand écart avec 1,32 pour le premier et 0,586 pour le second. Huawei est plus cohérent en proposant du 0,576 pour son U8350 et 0,38 pour le modèle Honor (U8860). Alors que son compatriote ZTE affiche du 0,920 W/kg pour son Blade S. Chez Nokia, c’est à la carte : 0,94, 1,30, 0,83 et 1,51 pour les Lumia 800, 710, 610 et 900 sous Windows Phone. Les Symbian Asha 302 et 200 affichent respectivement des DAS de 1,11 et 0,89.

Dans tous les cas constatés, les constructeurs respectent la réglementation (ils n’ont pas vraiment le choix). On pourrait donc acheter les yeux fermés même si, à première vue, les terminaux d’entrée de gamme affichent un DAS plus élevé que les offres plutôt haut de gamme. Mais c’est loin d’être une règle sans exception. Ainsi, le pourtant luxueux HTC One X s’offre un DAS de 0,909 W/kg tandis que le One S, modèle juste en dessous, propose du 0,687 W/kg (et 0,872 pour le One V). Et que dire du Evo 4G LTE à 1,03 ?

Quant à l’iPhone, on est un peu déçu : 0,988 W/kg. De la part d’un terminal haut de gamme, on s’attendait à moins. En tout cas, face au 0,342 W/kg du Samsung Galaxy S 3 prochainement disponible, Apple a intérêt à s’accrocher s’il veut faire mieux. Bref, pour éviter de vous faire griller le cerveau (et le reste), lisez bien l’étiquette avant de choisir votre smartphone.

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