Snowden : les demandes du FBI, c’est du « bullshit »

Pour Edward Snowden, le FBI n’a pas besoin de l’expertise technique d’Apple pour déverrouiller l’iPhone d’un des tueurs de San Bernardino. Mais le Bureau veut une backdoor légale.

Pour Edward Snowden, l’homme à l’origine des révélations sur les écoutes massives menées par la NSA américaine, les demandes du Bureau fédéral d’enquête (FBI) autour du déverrouillage de l’iPhone d’un des tueurs de San Bernardino, sont une mascarade, rapporte The Intercept.

Le mois dernier, le FBI a convaincu un tribunal californien que la seule façon d’obtenir un accès à l’iPhone 5C en question était de contraindre Apple à écrire des lignes de code pour contourner ses propres protocoles de sécurité. Craignant un dangereux précédent, la firme de Cupertino a refusé. L’affaire est désormais examinée par le Congrès des États-Unis. Les parties prenantes affûtent leurs arguments, et comptent leurs soutiens. Une bonne partie de la communauté technologique soutient Apple. Et le GCHQ britannique peine à suivre le FBI sur ce dossier. Snowden, lui, a fait son choix.

« Le consensus technologique mondial est contre le FBI »

Snowden, dont la voix porte sur ce dossier, a précisé son point de vue lors d’une conférence organisée par le lobby américain des politiques publiques Common Cause. « Le FBI dit qu’Apple a les ‘moyens techniques exclusifs’ pour débloquer le téléphone… Franchement, ce sont des conneries », a déclaré l’informaticien exilée en Russie dans une vidéo (son commentaire intervient à la 30e minute environ).

« Le consensus technologique mondial est contre le FBI », a ajouté l’ancien consultant de la NSA sur Twitter. « Pourquoi ? Voici un exemple », ajoute-il, en livrant un lien vers un billet de blog de l’ACLU, organisation américaine de défense des libertés civiles. Daniel Kahn Gillmor, technologue de l’ACLU, explique que le FBI aurait pu contourner lui-même la fonction d’auto-effacement de l’iPhone.

Quand le FBI milite pour une backdoor légale

D’autres, dont le spécialiste d’iOS Jonathan Zdziarski, ont estimé que le FBI aurait pu facilement accéder à la sauvegarde iCloud de l’iPhone si les agents fédéraux n’avaient pas réinitialisé manuellement le mot de passe iCloud. D’autres options existent, dont le piratage physique du processeur, ou encore la réinitialisation du compteur interne pour pouvoir essayer un nombre illimité de mots de passe, selon des chercheurs en sécurité… Mais de telles tentatives de récupération de données sont chères et compliquées. En demandant l’aide technique d’Apple, le FBI peut donc vouloir limiter le risque d’endommager le terminal ou se doter d’une backdoor légale.

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