Sony en quête de leviers de croissance

Redresser la barre du navire? Confronté à une concurrence de plus en plus dévorante et à une baisse des prix, le géant japonais de l’électronique cherche de nouveaux modèles economiques

« Je suis un peu déçu ». tel est le commentaire un peu lapidaire de Nobuyuki Idei, directeur général de Sony, qui reste prudent quant à la baisse de son chiffre d’affaires de 7,5% au cours de son troisième trimestre fiscal. Le groupe devrait terminer son exercice 2004-2005 fin mars avec un recul de ses ventes d’au moins 5%. Les raisons de ce déclin sont connues : la chute de 30% à 40% des prix des téléviseurs à écran plat et des enregistreurs DVD, et la concurrence accrue des produits chinois et coréens. Sans négliger la claque infligée par l’iPod d’Apple qui a permis à la marque à la pomme d’imposer son modèle face au format propriétaire de Sony : Atrac. La firme à l’origine du « walkman » cherche donc des moyens de rebondir. S’allier pour retrouver la suprématie Pour contrebalancer l’offensive des constructeurs informatiques concurrents, Sony a rationalisé son outil de production en nouant des alliances. La baisse de son chiffre d’affaires résulte principalement du recul des ventes de téléviseurs cathodiques et la montée en puissance des écrans plats. Le groupe nippon essaye en conséquence de nouer des liens avec les spécialistes du secteur pour contrer ses pertes. Avec Samsung, dans les écrans à cristaux liquides LCD, S-LCD, ou bien encore avec IBM et Toshiba, dont la puce multimédia Cell (destinée à la PS3) dévoilée il y a quinze jours sont le fruit de cette politique d’alliance (voir nos articles). Le credo de Sony pour retrouver sa suprématie face à ses adversaires traditionnels, Sharp, Matsushita, Samsung ou LG mais aussi Dell et HP, c’est aussi la convergence. « Nous devons créer des synergies entre les contenus et le matériel afin que ce dernier devienne une simple plate-forme de loisirs. Mais c’est très difficile » admet Kunitake Ando, président de Sony. Autre impératif pour le groupe, s’imposer dans la guerre des formats qui remplaceront le DVD. Concevoir et intégrer des composants et technologies propriétaires, tels le format Blu-ray (lire nos articles) ou le mini-disque UMD permettront-ils de retrouver le chemin du succès? Facturer les échanges sur le Web?

Envoyer une image ou un mp3 à un ami: un acte aujourd’hui gratuit que Sony aimerait bien faire payer à l’avenir.

« Nous devons trouver un moyen d’encaisser de l’argent (lorsque deux internautes s’échangent des contenus) », a déclaré Nobuyuki Idei, président de Sony, lors d’une rencontre avec la presse. « Il ne faut pas interdire à quelqu’un de passer une musique à un ami, c’est tout naturel. Mais il faut pouvoir récupérer de l’argent à chaque transfert (…). Nous sommes en train d’essayer de développer un système qui le permettra », a-t-il précisé. Si pour le moment, il existe des sites de vente de musique en ligne payants (iTunes MusicStore d’Apple, Fnac, etc.), les éditeurs n’ont aucun moyen pour prélever une commission sur les échanges de musiques ou vidéos numérisées entre internautes. La liberté de l’internaute se réduit comme peau de chagrin. Prochaine étape: facturer aussi les mails? OC