Astek : une fuite de documents agite la SSII

Les documents révélés portent sur des pratiques orchestrées au sein du groupe Astek pour licencier rapidement des informaticiens en intermission, sans recourir à un plan de sauvegarde de l’emploi. Ou pour les contraindre à signer une rupture conventionnelle.

Le groupe Astek, SSII française dirigée par Julien Gavaldon, a supprimé près de 500 postes en moins de deux ans. L’entreprise, qui compte parmi ses clients des entreprises du CAC 40, emploie aujourd’hui 1 800 collaborateurs. Elle est soupçonnée, par les représentants de salariés, de licenciements irréguliers et de départs forcés. La tension monte dans le groupe.

Des documents internes ont été révélés la semaine dernière par l’Humanité et Politis. Ils mettent en lumière des pratiques orchestrées au sein du groupe, notamment de l’agence Astek Sud-Est dirigée par Franco Platano sur le site de Sophia-Antipolis (Alpes-Maritimes), pour licencier rapidement des informaticiens en intermission, et ce sans recourir à un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Ou pour inciter des salariés à signer une rupture conventionnelle. Le groupe Astek aurait ainsi piloté plus de 200 licenciements « pour motif personnel » depuis 2012, dont environ 120 en 2014. Aucun licenciement économique n’étant enregistré sur la période.

« Des dérives alarmantes » constatées dès 2013

Un des documents, nommé « suivi contentieux », précise les étapes et les arguments aboutissant à la sortie des effectifs de salariés. Les critères en faveur d’un licenciement incluent le non-respect des horaires, le manque de dynamisme ou de résultats, ou encore des problèmes de comportement… Des échanges de courriels, consultés par Politis, montrent que la direction du groupe Astek et son service juridique sont bien informés de ces procédures de licenciements litigieuses.

Dès le mois de décembre 2013, soit quelques mois après la mobilisation de salariés d’Astek en faveur du respect de leurs droits, un rapport d’expertise du cabinet Cateis a été remis au comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de l’entreprise. Le rapport pointait déjà « des dérives alarmantes » dans ce domaine, rapporte l’Humanité. Selon le journal, le groupe Astek a depuis provisionné « près de 7 millions d’euros » pour faire face « aux nombreux recours aux prud’hommes engagés par des salariés. » La direction de la SSII n’a pas commenté ce dossier. De leur côté, des syndicats actifs au sein du groupe ont engagé des procédures pour « réduction illicite des effectifs impliquant une fraude au plan de sauvegarde de l’emploi », a fait savoir Solidaires Informatique.

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