La supervision du réseau de SFR en grève depuis 5 jours

Les équipes de surveillance du réseau fixe à Saint-Denis, au siège de SFR, ont cessé leur travail pour protester contre des risques de pertes salariales et de suppressions de postes.

Une grève a éclaté, lundi 3 avril, au sein des équipes du pôle supervision du réseau, au siège de SFR à Saint-Denis (en banlieue parisienne). La totalité des 108 salariés chargés de veiller au bon fonctionnement des réseaux mobile et fixe de l’opérateur a débrayé le mardi 4. Si les équipes du NOC (Network operation center) mobile ont repris le travail le lendemain, les 25 employés du réseau fixe prolongeaient l’arrêt jusqu’à ce vendredi 7 avril. Et ce débrayage pourrait se prolonger tout le week-end pour les équipes travaillant en 3×8 pour surveiller le réseau 24 heures sur 24.

Grève illimitée

L’activité affectée concerne donc le réseau de l’ex-Completel-Numericable à travers les services d’accès Internet, voix, et télévision. Pour l’heure, nous ignorons si l’arrêt de ces activités, probablement palliées par les équipes d’ingénieurs, a eu des conséquences notables sur le fonctionnement du réseau. Mais, selon nos informations, la crise est partie pour durer. « Nous sommes plus proches de la reconduction que de l’arrêt du mouvement », nous confie un salarié sous couvert d’anonymat (de crainte de perdre son emploi). Selon ce porte-parole d’un mouvement qui se veut soudé sans pour autant être affilié à un syndicat particulier, la direction de SFR a rompu toute discussion. Et les grévistes attendent une ouverture de sa part avant de reprendre l’activité.

SFR campus
Le campus de SFR à Saint-Denis.

Par ce mouvement dur, ils protestent contre de supposées suppressions de postes et pertes de salaires. Ces dernières, déjà évoquées en juillet dernier, seraient la conséquence de l’alignement des conditions salariales sur le régime social de SFR pour les équipes qui ont rejoint l’opérateur (un paradoxe quand on sait que c’est le groupe Numericable qui a racheté SFR). Elles se traduiraient par des pertes de traitement, notamment au niveau des primes, pouvant atteindre 1000 euros par mois, selon notre interlocuteur anonyme. Alors qu’en août 2016, la direction assurait que les montants des rémunérations ne seraient pas affectés. Du côté des emplois, une cinquantaine de postes seraient menacés. Soit près de la moitié des salariés du NOC de Saint-Denis.

5000 suppressions de postes

Notre source reconnaît que ces informations qui ont mis le feu aux poudres sont parties « de bruits de couloir ». Rumeurs qui ont surgie après que la direction a distribué aux syndicats, lundi après-midi, le Livre 2 propre à la réorganisation du travail au sein de l’entreprise dans le cadre du plan de restructuration dit « New Deal », annoncé en juillet 2016. Des documents présentés « alors que les négociations sur les conditions de départs volontaires du Livre 1 sont encore en cours », nous confie Damien Bornerand, délégué syndical central à la CGT. Les premiers départs volontaires sont prévus en juillet prochain, et devraient s’étaler jusqu’en octobre. Environ 5000 postes sont concernés par cette restructuration. S’y ajoutent des externalisations prévues notamment à la supervision du réseau mobile, mais aussi sur la division réseau, le service client (1 500 personnes devraient partir pour Champs-sur-Marne chez Intelcia, dont le capital a majoritairement été acquis par Altice, maison mère de SFR) et la distribution. Samedi 1er avril, à l’instar de l’activité supervision, nombre de boutiques sont restées porte close à Paris, Lille, Nantes, Montpellier, Marseille, Toulouse ou Bordeaux, pour protester contre les baisses de rémunération et les conditions de départs volontaires d’un plan qui concernerait 715 postes sur les quelque 3700 salariés de cette activité.

Aux dires des syndicats, les mouvements de débrayages se sont multipliés chez SFR depuis février dernier. Ils pourraient bien s’intensifier dans les prochaines semaines quand les syndicats auront décortiqué les 1300 pages du Livre 2, qui spécifie la réorganisation du travail au sein de l’opérateur après la restructuration. La nouvelle organisation opérationnelle doit entrer en vigueur avant la fin de l’année.


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