SUSECon 2015 : SUSE à l’heure des serveurs ARM 64 bits

Adapter SUSE Linux aux puces ARM 64 bits est un véritable défi pour SUSE. Mais aussi une chance, nous expliquent les représentants de la société.

Les architectures processeur émergentes font l’objet d’une attention particulière chez SUSE. Ralf Flaxa, vice-président ingénierie, nous apprend que le marché Power est en croissance, avec un positionnement qui reste au-dessus des serveurs x86 traditionnels, et en dessous des mainframes. Une cible correspondant avant tout à la stratégie d’IBM, mais qui pourrait changer avec l’entrée en lice d’autres acteurs.

Côté ARM, SUSE n’est pas engagé dans la bataille du 32 bits, mais la société se dit prête pour l’aventure 64 bits, y compris dans le domaine du stockage, dixit Nils Brauckmann, PDG de SUSE. Il faudra donc faire une croix sur les systèmes de stockage à base de puces Annapurna Labs (32 bits), auxquels SUSE préfère des solutions plus avancées, sur base 64 bits.

Plus de portabilité, moins de bugs ?

x86, Power, ARM. La multiplication des architectures processeur reste un vrai défi. Avec son service automatisé de build, capable de générer un OS complet, et ses outils avancés de Q&A et de test, il est aisé pour SUSE d’adapter son offre à une nouvelle architecture, nous indique le trio plate-forme que nous avons rencontré, composé de Matthias Eckermann (directeur gestion produit SUSE Linux Enterprise), Kai Dupke (gestionnaire de produit senior) et Michal Svec (gestionnaire de produit senior).

« Quelle que soit l’architecture processeur, nous utilisons la même base de code, à quelques rares exceptions près ». Des exceptions qui sont gérées en général au travers de modifications apportées directement au noyau Linux et remontées à la communauté (upstream). Nos trois compères admettent toutefois aussi disposer d’un outil de ‘patch pour patches Linux’, du nom de Kilt.

En dehors de ces quelques exceptions/spécificités, cette plus grande portabilité de SUSE apporte des bénéfices sur la qualité du code et permet ainsi de détecter des bugs passés jusqu’alors inaperçus. Ces changements apportés en faveur d’une plus grande portabilité sont en tout état de cause plutôt bien accueillis par la communauté, explique SUSE.

Les constructeurs devront accepter plus d’ouverture

Mais quid des constructeurs ? Dans le monde ARM 32 bits, les BSP (Board Support Packages) permettant d’adapter un OS à une puce particulière sont communs. Ce n’est pas l’approche adoptée par SUSE, qui privilégie une remontée des changements appliqués au kernel Linux. Une véritable révolution dans le monde ARM.

Une approche qui est dans la lignée du standard SBSA – Server Base System Architecture – promu par ARM (voir à ce propos notre article « Un standard pour les serveurs ARM… et Windows Server en prime  ? »). Reste toutefois à SUSE à convaincre ses partenaires du bien-fondé de cette stratégie. Selon nos trois experts plate-forme, les mœurs évoluent doucement dans le bon sens. La révolution ARM 64 bits devra donc se faire aussi – et avant tout – chez les constructeurs.

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