Synergy : HPE se lance dans l’infrastructure pilotée par le code

Pour mêler workload physique et virtuel, HPE adopte une infrastructure, nommée Synergy, mêlant convergence, Software Defined et des API.

Le réchauffement climatique londonien a eu raison de la voix de Meg Whitman. La CEO de Hewlett Packard Entreprise (HPE) s’est contentée du service minimum lors de la conférence d’ouverture de Discover Europe. Elle a laissé « son service de back-up », c’est-à-dire son équipe, se charger d’animer l’évènement. Après un mois de séparation effective entre HPE et HP Inc, on attendait cette conférence pour découvrir les orientations et les solutions de la partie de feu HP dédié aux entreprises.

En juin dernier à Las Vegas, lors de l’étape américaine de Discover, Meg Whitman avait donné le cap de HPE à travers 4 commandements dont la création d’infrastructures hybrides. Elle partait du constat que les entreprises ont besoin d’agilité et de rapidité pour le déploiement des applications, mais que les infrastructures IT n’étaient pas assez réactives. Lors de la conférence américaine, les équipes de HP Entreprise avaient alors dévoilé le projet Synergy, un système convergé comprenant stockage et compute, une partie réseau en mode Fabric, le tout piloté par OneView via une API unifiée. L’objectif : « provisionner des workloads traditionnels aussi facilement que sur du Cloud public », expliquait alors Antonio Neri, vice-président sénior de HPE. Ce type d’infrastructure était qualifié par le constructeur de « composable infrastructure ».

De la convergence programmable

IMG_5069A Discover Londres, ce projet est devenu réalité avec le lancement officiel de Synergy. Cette plateforme convergée se distingue par 3 caractéristiques : des pools de ressources fluides, du Software Defined et une gestion unifiée des API. Sur le premier point, l’offre est constituée d’un châssis comprenant plusieurs racks avec des serveurs x86 équipés de 2 ou 4 processeurs Intel Xeon. Pour l’instant, le constructeur ne prévoit pas de serveur ARM comme sur les serveurs Moonshots.

En matière de stockage, la solution est assez éclectique avec des blocs de 40 disques (capables de mêler des SSD et disques durs classiques) pouvant monter jusqu’à 200 disques par châssis (cf photo ci-contre). Synergy fonctionne aussi avec des baies 3Par. Si certaines fonctionnalités de stockage sont disponibles, comme la compression, d’autres comme la déduplication ne sont pas au proposées. La partie réseau est adressée par une Fabric, c’est-à-dire une matrice de commutation capable d’agréger l’ensemble des besoins réseaux du rack. Plusieurs ports sont disponibles (FC 16G, 10 G, etc).

Le lien entre les différentes ressources matérielles se réalise à travers du Software Defined. Sur la partie stockage, on retrouve ainsi Store Virtual et sur la partie réseau, le SDN peut-être assurée par des constructeurs tiers comme Arista ou Brocade. Pour l’instant, HPE a décidé de créer sa propre couche réseau. Pour gérer cet aspect Software Defined, HPE intègre dans Synergy une appliance, nommée Composer. Ce module est capable de traiter à la volée différents profils en affectant les ressources de manière logicielle.

C’est le bénéfice du troisième élément de Synergy, une API unifiée. HPE a passé des accords avec plusieurs éditeurs, comme Chef, Puppet, Docker, VMware, Ansible (propriété de Red Hat), qui ont fourni des API Rest. Ces solutions permettent d’automatiser l’allocation des ressources, la configuration et la surveillance de l’infrastructure HPE. Pour piloter et manager cet ensemble, HPE s’appuie sur OneView, système de pilotage des infrastructures convergées maison. Pour Paul Miller, vice-président marketing de HPE, « l’idée est d’avoir plusieurs sous-systèmes au sein d’un système unique. Serveur, mémoire, stockage et réseau sont désagrégés et capables de se recomposer en fonction des applications natives, virtualisées, Cloud ou bien en conteneurs ». Autre avantage de se baser sur une API, « pour les développeurs, l’infrastructure est un challenge. Or notre infrastructure est 100% programmable. Il suffit d’une seule ligne de code pour changer et modifier un template. Nous sommes dans une approche infrastructure-as-a-code », explique Ric Lewis, vice-président des infrastructures convergées pour datacenter chez HPE.

Un catalogue de modèles à créer

Dès lors, les clients (développeurs ou administrateurs) peuvent créer des templates indiquant leurs exigences en matière de ressources. Ces modèles sont diffusés au sein de la plateforme par un autre appliance physique, baptisée Image Streamer. Ce module fait office de catalogue d’images bootables, appelées à être diffusées sur les différents nœuds de calcul. L’entreprise peut ainsi se créer un catalogue de références et les modifier facilement. Le constructeur promet que ces templates sont modifiables avec « une seule ligne de code ». Un gain de temps pour les développeurs assurément.

La question de la concurrence est vite balayée. La seule offre qui s’apparente à Synergy est UCS de Cisco, mais les démonstrateurs connaissent leur argumentaire et pointent l’absence de gestion du stockage chez le concurrent. Dans une moindre mesure, une autre offre s’apparente à Synergy, Evo Rail de VMware, initiative à laquelle a participé HP.  Avant de décider de faire cavalier seul. On comprend maintenant pourquoi.

Dans les allées de Discover, les responsables informatiques sont curieux et plusieurs représentants français ont suivi avec attention les explications des experts de HPE. L’intérêt est réel, nous confirme l’un d’eux, qui préfère rester anonyme : « la passerelle entre les applications traditionnelles et les nouvelles méthodes d’élaboration des applications comme le Devops est séduisante. Le temps gagné et la simplification des déploiements sont des atouts supplémentaires ». D’autres sont plus sceptiques et attendent de voir les accords sur les API s’étoffer un peu, notamment sur les environnements Windows pour l’instant un peu oubliés. En tout cas pour les commandes, il faudra attendre avril 2016. HPE n’a pas donné d’indication sur les prix, mais un responsable de la firme évoque des tarifs démarrant à plusieurs milliers d’euros. L’offre Synergy s’adresse en priorité aux grandes entreprises.

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