Thierry Breton nommé à Bercy

Suite au départ précipité d’Hervé Gaymard, ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie, Thierry Breton a quitté la présidence de France Télécom pour prendre le relais

Certains voulaient le surnommer « Monsieur Propre », lui qui, dit-on, n’est jamais resté plus de cinq ans à la tête de la même structure -non sans l’avoir remise à flot, il est vrai (cf. Bull, Thomson). Pour Thierry Breton, cette fois, c’est la bonne.

Soutenu par Jean-Pierre Raffarin (depuis le Fururoscope de Poitiers et leur attachement commun à René Monory), il avait été pressenti comme ministre de l’Economie pour succéder à Nicolas Sarkozy, candidat président, mais il aurait posé des conditions alors non recevables (?) de sorte que Hervé Gaymard, « poulain » de Jacques Chirac, lui avait été préféré. On connaît la suite -un épisode de quelques semaines. Thierry Breton avait pris la présidence de France Télécom il y a deux ans et demi, le 2 octobre 2002. Il y a entamé un vaste plan de restructuration qui a permis au groupe de sortir la tête de l’eau: suppression de postes, réduction drastique de la dette abyssale, réintégration des filiales sources de croissance (Orange, Wanadoo). Il est également l’artisan de la privatisation du groupe, l’Etat étant désormais sous la barre des 50% du capital. Son remplaçant est un proche, Didier Lombard, jusque-ici chargé de la Mission Technologies au sein de l’opérateur (voir notre article). Avant d’exercer ces fonctions, Thierry Breton avait été président de Thomson multimédia S.A. de 1997 à septembre 2002, membre du Comité exécutif du Groupe Bull de 1993 à 1997, et Vice-Président du Conseil d’administration du Groupe Bull à partir de novembre 1995. Auparavant, Thierry Breton était directeur général de la CGI, société de développement de services, de 1990 à mars 1993, directeur général du Futuroscope de 1986 à 1990, et de 1981 à 1986, directeur Général de Forma Systems, société d’analyse de systèmes et d’ingénierie informatique. Il est président du Conseil d’administration d’Orange S.A. et de TSA (anciennement Thomson S.A.). Par ailleurs, Thierry Breton est administrateur de Thomson (anciennement Thomson multimédia), Schneider Electric et Dexia (Belgique). Il est membre du Conseil de surveillance d’Axa. Thierry Breton, né en 1955, est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Electricité (Supelec) de Paris et de la 46e session de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale (IHEDN). Son arrivé à Bercy suscite des commentaires. Pour certains, sa réputation de redresseur d’entreprises est bon signe. Le président de la Commission des Finances de l’Assemblée Pierre Méhaignerie a ainsi affirmé dimanche qu’il avait un « a priori positif ». Thierry Breton « a fait preuve de beaucoup de dynamisme et de créativité dans ses fonctions industrielles », et il « connaît le terrain parce qu’il a été un élu local », a dit Pierre Méhaignerie sur France Inter. Pour d’autres, cette nomination préfigure des conflits d’intérêts. « Il a été patron de France Télécom et il est comme beaucoup de patrons français détenteur de ce qu’on appelle des stocks options. », souligne Julien Dray, porte-parole du PS. « Il est donc directement lié au développement de cette entreprise. Or cette entreprise dépend aussi des choix fait par le gouvernement, en matière de tarifs, par exemple. » Même tonalité de la part du député socialiste de Saône-et-Loire Arnaud Montebourg qui a demandé que le nouveau ministre de l’Economie ne puisse pas s’occuper des dossiers concernant France Télécom, dont il vient de quitter la présidence. « Est-ce que le ministre de l’Economie et des Finances qu’il est devenu, qui a la tutelle de France Télécom dont il était le PDG il y a 24 heures, peut conserver le contrôle des dossiers de France Télécom? », dont l’Etat possède 43% des parts, s’est-il interrogé sur Europe-1. Quoiqu’il en soit, Mais la tâche pour Thierry Breton ne sera pas facile, surtout en moment où le chômage a repassé la barre des 10% de la population active.