Tout sur la TNT qui débarque!

Qu’est ce qui se cache vraiment derrière ce nom d’explosif qui désigne la télévision numérique terrestre ? Retour sur la mise en place, les ambitions et le fonctionnement de la TNT qui débarque ce jeudi 31 mars sur nos écrans

Le 31 mars, les téléspectateurs les plus chanceux, environ 35% de la population, pourront avoir accès à un ensemble de programmes nouveaux, gratuits et en qualité numérique, en s’équipant uniquement d’un décodeur. Puis d’autres chaînes payantes devraient par la suite être autorisées par le CSA.

Tout comme la radio fut en son temps chamboulée par la FM et l’informatique par l’Internet, l’événement qui doit se dérouler jeudi 31 mars est une vraie avancée technologique. L’avènement de la Télévision Numérique Terrestre également appelée TNT marque le passage de l’analogique au numérique. On estime à 40 millions le nombre de français qui ne sont pas encore abonnés au câble ou au satellite, soit 75% des foyers. Le succès devrait donc être au rendez-vous. D’ailleurs, le groupement « télévision numérique pour tous » vante les avantages de la TNT en trois mots : gratuité, qualité et simplicité. Dans un premier temps, et dès ce jeudi, une partie des téléspectateurs de la zone couverte (environ 35% de la population française) bénéficieront désormais de 14 chaînes gratuites contre sept actuellement. D’ici à 2007, 85% des foyers devraient être desservis. Mais d’ici là des questions persistent encore et nombreux sont les français qui n’y comprennent pas grand chose. Essayons donc d’expliquer ce qu’est la TNT, et pourquoi tout le monde en parle comme s’il s’agissait d’une révolution. Modalités d’utilisation et fonctionnement de la TNT La télévision numérique terrestre utilise le principe classique de la diffusion dans les bandes de fréquences VHF/UHF. La différence est qu’au lieu de transmettre les images ou les sons grâce à un signal analogique (variation continue d’un signal électrique), le signal numérique les véhiculent après numérisation et compression (succession de bits, 0 et 1) permettant de multiplier les canaux au sein d’un même signal. Tout comme pour l’analogique le signal numérique est transmis grâce à un écosystème d’émetteurs situés dans toute la France qui propagent autour d’eux des ondes électromagnétiques. La TNT présente plusieurs avantages. Tout d’abord elle permet d’améliorer la qualité de l’image et du son (proche d’un DVD). De plus, l’analogique ne permet la diffusion que d’une chaîne par canal alors que le numérique autorise six chaînes pour un canal (multiplex: canal numérique). Enfin, pour la recevoir il n’est pas nécessaire de changer de téléviseur ou d’antennes (la bonne vieille antenne râteau UHF sera utilisée). Il suffit de louer ou d’acheter un boîtier (70 à 90 euros) et de le brancher sur la prise péritel de la télévision. Ce boîtier est indispensable pour recevoir la TNT. Plus de 30 modèles sont disponibles. A savoir, le développement de la TNT n’entraînera pas l’arrêt de la diffusion analogique. La loi a prévu qu’elles continuent d’émettre après le coup d’envoi de la TNT. Officiellement l’arrêt de la diffusion analogique en hertzien ne devrait pas intervenir avant 2010 au plus tôt. Enfin, il faut savoir que la plupart des abonnés câble et satellite recevront directement et gratuitement les nouvelles chaînes de la TNT au sein de leurs bouquets. Même chose pour Free et Neuf Telecom qui offriront la quasi totalité de ces chaînes dans leurs offres de TV par ADSL. Un nouveau paysage audiovisuel français Dés jeudi 31 mars, quatorze nouvelles chaînes gratuites seront diffusées sur la TNT. En toute logique les sept premiers numéros ont été accordés aux chaînes nationales historiques. Le tout en respectant leur ordre actuel pour ne pas perturber les téléspectateurs. A noter, l’apparition de France 4 (ex-Festival) et le fait que France 5 et Arte ne partageront plus le même canal, contrairement à l’analogique. 1.TF1 2.France 2 3.France 3 4.Canal+ 5.France 5 6.M6 7.Arte 8.Direct 8 (cinéma et culture) 9.M6 Music (W9) 10.TMC (déjà existante, groupe Pathé) 11.NT1 (AB groupe, Chaîne de divertissement et d’émissions d’information) 12.NRJ TV 13.La chaîne parlementaire (Public/Sénat) 14. France 4 (ex-Festival, dernière née du groupe France Télévision, elle promet du spectacle à volonté) En plus de ces quatorze chaînes (dont quatre réellement nouvelles), les téléspectateurs devraient avoir accès à des chaînes payantes à partir du mois de septembre (Canal+, Eurosport, TPS Star?) Finalement après plusieurs revirements et polémiques comme l’opposition du Conseil d’Etat face au choix du CSA, six autorisations ont été annulées, obligeant l’autorité à lancer un nouvel appel d’offres. Mpeg2 contre Mpeg4 Longtemps, les acteurs du monde audiovisuel ont réclamé un démarrage de la TNT en Mpeg4. Cette technologie de compression permet notamment de libérer des ressources afin d’autoriser de nouveaux services, par exemple des services locaux, et de développer la haute définition et les services de télévision sur terminaux mobiles. La norme MPeg4, donne davantage de capacité d’accueil aux signaux et permettrait d’installer davantage de chaînes. Surtout, elle permet d’ajouter à l’offre payante des chaînes en haute définition (TVHD), qui exigent plus d’espaces que les chaînes ordinaires. Mais le gouvernement a tranché. Pour un démarrage rapide, les chaînes gratuites seront diffusées en Mpeg2, une technologie confirmée et déjà largement développée au stade industriel. TF1, grand supporter du Mpeg4 a fait la grimace. Mais le gouvernement l’a promis: les chaînes payantes qui seront lancées en septembre adopteront la technologie Mpeg4. Seul petit problème: il faudra certainement changer de décodeur! Gratuite ou payante: quel modèle, pour la TNT? On l’a dit, en septembre seront lancées les chaînes payantes en Mpeg4. Mais cette offre séduirat-elle les consommateurs, d’autant plus qu’il faudra changer de décodeur… Pour Siemens, un des fabricants de décodeurs, le marché de masse se situe bien autour des chaînes gratuites. « Le gratuit va intéresser 75% des foyers français qui ne reçoivent que l’analogique. Le payant dispose déjà d’une offre plus que pléthorique (satellite, câble, ADSL). La TNT payante devra vraiment être beaucoup moins chère pour s’imposer face à ces offres déjà très bien installées », souligne Catherine Lambert du conglomérat allemand. La TNT :les dates clés

1998 -Ouverture d’une mission de réflexion sur la TNT commandée par la Ministre de la Culuture et de la communication Catherine Trautmann. -Le CSA (Conseil supérieur de l’audiovisuel) donne son feu vert à TDF pour une expérimentation de diffusion numérique pour un premier mutliplex 1999 -Lancement, sous la forme d’un livre blanc d’une consultation publique sur « la numérisation de la diffusion terrestre de la télévision et de la radio ». 2000 -En août le cadre juridique de la TNT est fixé par la nouvelle loi audiovisuelle. 2001 -Une première liste de 29 zones dédiées au numérique terrestre est publiée par le CSA. Ce dernier procède au lancement des appels à candidature. -Publication au journal officiel fixant les obligations des futures chaînes de la TNT. 2002 -Publication au journal officiel du décret « must carry » qui fixe les obligations de reprise sur les chaînes câblées des chaînes numériques hertziennes gratuites. -auditions publiques des candidats pour des services nationaux. -publication des dossiers retenus. Affectation des réseaux aux multiplex et composition envisagée pour les multiplex. 2003 -le CSA délivre les autorisations aux opérateurs de multiplex. 2004 -le CSA regroupe sur un seul multiplex les six chaînes du service public qui seront diffusées en numérique terrestre. -le CSA annule six autorisations délivrées en juin 2003. Par ailleurs, le CSA lance un nouvel appel à candidatures pour six services de télévision à vocation nationales sur la TNT, suite a l’annulation par le Conseil d’Etat de six autorisations. -choix de la norme MPEG 2 pour les chaînes gratuites de la TNT. -choix de la norme MPEG4 pour les chaînes payantes et en haute définition de la TNT 2005 -Poursuite des déploiements avec l’entrée en service d’autres sites de diffusion avec pour objectif de couvrir 50% en septembre 2005 (depuis 32 sites), 65% fin juin 2006 et atteindre entre 80% et 85% de la population en juin 2007. -L’arrêt de la diffusion analogique hertzienne ne doit pas intervenir avant 2010 au plus tôt.