Tribune : et si l’avenir de l’industrie passait par Internet ?

Le made in France en danger ? Peut-être pas, si l’industrie hexagonale s’appuie sur la Toile pour son développement. Une tribune signée Renaud Edouard-Baraud de l’Atelier BNP.

Tirer parti du web

La force de tous ces acteurs est de savoir mêler soit des technologies web et du pilotage de la fabrication, soit des technologies web et du pilotage des objets. Pas étonnant que dans des pays partiellement désindustrialisés comme la France, des initiatives de type Fab Lab (soit des laboratoires mêlant fabrication d’objet et projets web) se multiplient, encouragées par la multiplication d’imprimantes capables de reproduire des objets en trois dimensions.

En Chine, où l’appareil de production commence doucement à se délocaliser dans des pays à plus faibles coûts, le mouvement est également en marche. Shanghai, dont certaines rues hébergent encore des micro industries, possède maintenant ses Fab Lab, dont le hackerspace 新车间, XinCheJian, soit littéralement « zinguerie ». Dans celui-ci, des Chinois, des Français, ou des Nord-Américains « bidouillent » des composants électroniques fabriqués à quelques centaines de kilomètres. De ces manipulations sortiront des dispositifs souvent pilotés à distance par des téléphones. Faut-il y voir un hasard si ce laboratoire de fabrication est lié très étroitement à un espace de travail partagé où se retrouvent de nombreuses jeunes pousses agissant dans le web ?

Créer de l’innovation

C’est le mélange entre accès rapide à la production de biens de bas niveau et maîtrise des outils web ou mobile qui crée l’innovation. Le gouvernement de Pékin l’a compris et s’empare toujours plus du thème de l’Internet des objets – ou objets connectés sans fil à des services sur le web : récemment, la Chine a confirmé vouloir mettre en place dix zones spéciales consacrées au sujet pour 2015.

Certains industriels français l’ont également bien compris. On aimerait maintenant que des exemples adaptés à l’écosystème français se multiplient dans les incubateurs, accélérateurs ou pépinières en Europe, et qu’ainsi les entrepreneurs du web aillent se frotter aux lycées techniques et aux industriels de leur région dont les unités de fabrication sont encore rapidement accessibles.

Crédit photo : © BNP Paribas