Tribune : la tablette HP devant Samsung… et puis quoi encore ?

Version moderne de l’arroseur arrosé, aux Etats-Unis et sur les ventes de tablettes, HP s’est placé en seconde position, devant Samsung, au cours des 10 premiers mois de l’année. Mais loin derrière Apple. Conclusion : à l’évocation de l’histoire récente des tablettes, on en rigolera encore longtemps… ou pas !

C’est l’histoire d’une tablette, d’une entreprise ambitieuse et d’un patron facétieux… En s’offrant un acteur emblématique de la mobilité, Palm, le géant HP, premier constructeur informatique mondial (!), affichait une ambition démesurée : disposer d’un environnement unique pour tous les devices mobiles, nommé WebOS. Un projet qui fait rêver, un environnement unique pour tous les appareils HP, du smartphone à l’imprimante, en passant par le nouveau jouet électronique pour les adultes comme les enfants, la tablette. Et on y croyait, HP ce n’est pas n’importe qui, et Palm malgré son l’histoire tortueuse a toujours séduit le quidam numérique que nous sommes tous.

Nous l’attendions, la Touchpad, avec son OS, pardon son WebOS, accessible et performant. Nous touchions presque du bout du doigt un sympathique objet qui nous a fait croire un temps qu’il y a une vie en dehors de la pomme avec son iPad. Et d’imaginer un futur taché d’empreintes digitales sur un écran baladeur qui afficherait un camembert à 3 parts : de l’iOS au goût de pomme, un robot Android trônant au pinnacle d’un célèbre moteur de recherche, et un certain WebOS propriété d’une entreprise ingénieuse. Oui, 3 parts seulement, parce que vous y croyez vous à un produit qui embarque des fenêtres qui se sont pliée en 4 pour afficher un 7… non un 8 ?

Seulement voilà, toutes les belles histoires ont une fin, parfois prématurée ! Celle d’une tablette estampillée de deux lettres célèbres, HP (pour Hewlett Packard, pas Harry Potter !), s’est terminée avec les facéties du papa d’adoption, un apothicaire, non un Apotheker, Léo de son prénom, amoureux de la France qui plus est (comme quoi tout n’est pas perdu!) au point d’y résider alors qu’il voulait damer le pion à des Allemands bien SAPés. Le docteur Léo a pris peur d’une anémie annoncée (des ventes!), et il a dit stop, fini WebOS, finie la Touchpad. Et de bazarder le stock, avec d’un coup de baguette magique (non, il ne s’agit toujours d’Harry Potter) pour accélérer le régime d’amaigrissement et ne plus afficher 399 mais 99 sur la balance, 99 euros en Europe et 99 dollars aux USA (ils en ont de la chance les américains, comme d’hab!).

Les heureux acheteurs sont satisfaits, c’est un super produit affirment-ils. Oui Apple avait du mouron à se faire… Bon, maintenant ce n’est pas du côté des ingénieurs que viendra la menace, mais bien de l’autre côté du Pacifique associé au robot du copain de fac aux dents longues, Goooooooogle. La pomme va se faire grignoter, mais c’est trop tard, elle ne lâchera pas sa part de tarte.

Ironie du sort, les ventes ont confirmé que WebOS et Touchpad avaient leur place… Elle s’est d’ailleurs placée seconde, avec 204 000 unités vendues, soit 17% de parts de marché, aidée c’est certain par son prix canon. Devant quand même les 192 000 tablettes tous formats confondus de Samsung et ses gros sabots médiatiques, troisième avec 16%. ASUS, lui, en aurait livré 120 000, suivi de l’amusante tablette de Motorola et Acer. Certes, pendant ce temps Apple livrait 4 millions d’iPAd, excusez du peu…, contre 1,2 million chez ses concurrents de tous poils, pingouin, robot, fenêtres, etc. Merci aux petites mains de The NPD Group qui comptent une à une les tablettes qui sortent des usines afin de nous fournir ces chiffres.

Depuis, les ingénieurs ont invité leur docteur à prendre la porte, les ingrats, pour laisser la place à une ancienne vendeuse en ligne un temps séduite par la politique, histoire de prendre la place de Terminator, vous vous rendez-compte… Et Touchpad a rejoint le panthéon des victimes numériques du tout puissant marché et des hommes. Pour devenir un cas d’école ? Il vaut mieux en rire, se dit-on. Sauf qu’à 3 milliards de dollars d’investissements perdus, dixit les résultats des ingénieurs, et 140 millions de pertes sur les soldes, c’est un peu cher de la rigolade ! Et maintenant, qui sera le suivant ?

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