TV Mobile : les projets sont déposés, les chaînes signent une charte

Dernière ligne droite pour la TMP, ou télévision mobile personnelle

La télévision mobile suscite les convoitises. Après le choix technologique, le DVB-H également sélectionné par la Commission européenne, l’appel d’offres pour les chaînes lancé en novembre dernier, le CSA a reçu ce mardi les candidatures pour un lancement cet été. Et autant dire que personne ne veut rater le coche.

16 chaînes seront lancées mais 3 canaux ont été préemptés par Christine Albanel, le ministre de la culture et de la communication, pour des chaînes de service public. 13 canaux restent donc à attribuer à des éditeurs qui s’engagent à diffuser leur chaîne auprès de 30 % de la population en trois ans, et de porter ce seuil à 60 % trois ans plus tard.

13 canaux mais une trentaine voire une quarantaine de projets ! TF1 a déposé trois dossiers, idem pour Canal+ et M6. Les spécialistes de la TNT ne sont pas en reste, Lagardère a déposé pas moins de six dossiers, NextRadioTV (BFM, RMC, la Tribune…) trois dossiers.

Orange/France Télécom (avec l’adaptation de deux de ses chaînes de TV sur ADSL) veut sa part du gâteau pour conforter sa stratégie de convergence et Les Echos, associé à l’Equipe sont également présents. Mobibase, qui possède un bouquet de chaînes mobiles s’est porté candidat. On notera l’absence de SFR qui semble avoir laissé le champ libre à Canal+ (les deux entreprises appartiennent à Vivendi) qui a déposé trois dossiers. Bref, on souhaite bien du courage au CSA pour faire son choix.

Concernant le modèle économique, les choses semblent avoir évolué. Jusqu’à présent, un retard dans le lancement était toujours possible. Les chaînes de TV plaident pour un modèle économique basé sur le gratuit et financé par la publicité. Les opérateurs mobiles, dont les investissements réseaux ont été colossaux, exigent un modèle payant. Et personne ne voulaient mettre de l’eau dans son vin…

Mais conscients que ces divergences pouvaient remettre en cause le succès de la TMP, la plupart des acteurs en présence (sauf Orange…) ont signé une « charte pour l’essor de la télévision mobile personnelle en France ».

« La construction de ce nouveau réseau, du fait de la densification de la couverture, suppose un investissement important, notamment dans les premières années. Or, les estimations de l’industrie convergent pour constater que, dans un premier temps, les revenus publicitaires ne seront pas suffisants pour couvrir ces simples coûts de diffusion. Il est donc opportun de mettre en place des mécanismes permettant aux utilisateurs via les distributeurs et les industriels de contribuer au financement du réseau de l’ensemble des chaînes de la TMP », peut-on lire.

Le tout gratuit voulu par les chaînes de TV n’est donc plus à l’ordre du jour. Mais comme le préconisaient nombre d’analystes, on se dirige vers un modèle où les grandes chaînes seraient gratuites tandis que les chaînes thématiques pourraient être proposées avec abonnement. Un abonnement mensuel (entre 5 et 10 euros) et/ou une taxe sur les terminaux DVB-H (non connectés à un opérateur mobile) « seraient consacrés au financement du déploiement du réseau de la TMP et son exploitation ».

Tout semble se mettre en place pour un lancement dans les temps, à l’occasion des Jeux Olympiques de Pékin, formidable levier pour permettre l’essor de ce service.

Selon OC&C Strategy Consultants, le marché français de la télévision mobile pourrait compter 10 millions d’abonnés en 2016, et atteindre les 900 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Selon l’institut Harris Interactive, 25% des internautes Français sont intéressés par la TMP, dont 6% sont très intéressés et 19% assez intéressés. 54% des personnes intéressées déclarent avoir l’intention de souscrire à une offre de TMP si elle leur était proposée au tarif mensuel de 5 euros, dont 21% de façon certaine. A 10 euros par mois, cette proportion passe à 24% dont 4% de façon certaine.

Selon une étude de NPA, la TMP pourrait rassembler entre 5,7 et 8,5 millions d’utilisateurs à fin 2012 selon les scénarios retenus. La publicité générée par ce nouveau marché pourrait atteindre 81 millions d’euros en 2012 dans le cadre d’une offre gratuite.