Viré? Gaël Duval, fondateur ‘Open source’ de Mandrake, parle

Amer, ce passionné d’informatique, fervent défenseur de la communauté ‘open source’ a été licencié. Il revient sur son rôle dans l’évolution de l’OS libre, et sur ses projets. On notera de nombreux messages de soutien de la communauté sur son ‘blog’

Quelque part un pingouin se sent orphelin aujourd’hui. Si Gaël Duval exprime ses regrets sur son licenciement surprise avec autant d’émotion, c’est parce qu’il avait largement participé à la stratégie de remise à niveau du groupe en 2003/2004 mais aussi et surtout parce que Mandriva/Mandrake, c’était son bébé.

« Evidemment, avec le recul, j’aurais du m’attendre à mon éviction puisque mon changement de statut dans la société il y a quelques mois pour m’occuper de la communauté à plein temps tombait – rétroactivement – à pic pour que je me fasse éjecter en vol à la première occasion » explique-t-il sur son blog. Après avoir quitté un poste dans le domaine de la communication, Gaël Duval a bien essayé de se lancer dans une nouvelle mission. Malgré des relations houleuses avec son d-g, il a tenté de redorer l’image de Mandriva. Et pourtant… Avec ironie, il explique : « ce n’est visiblement donc plus essentiel de préparer l’avenir, ou de lancer de nouveaux projets comme je l’ai fait à maintes reprises ces toutes dernières années (nouvelle ergonomie de Mandrake Linux, projet Move etc.) Puis il revient sur sa vision de ce que doit être l’open-source, vision selon laquelle les piliers sont les membres actifs et les utilisateurs du soft : « J’ai toujours défendu cette position et oeuvré dans ce sens – les tous débuts de Mandrake en ont été la meilleure illustration – ce qui impliquait de ma part un lobbying interne pour sortir des produits de meilleure qualité et de valoriser leur image au sein de la communauté Linux/Open Source, éminemment prescriptrice auprès du reste du monde IT. Cette approche a d’ailleurs montré ses effets quand j’ai eu l’occasion de m’en occuper : les revenus Club n’ont jamais été aussi importants que quand je rédigeais moi-même les pages web qui incitaient les utilisateurs à s’inscrire. Mais c’était loin d’être une approche majoritaire au sein de la société, et la suppression de mon poste « community » en dit long sur le poids actuel de cette position au sein de la société. » Dans un effort d’autocritique, il essaye de définir ce que sera l’avenir de ce bébé qu’il a aidé à créer, mais il semble inquiet de la tendance bassement mercantile que la société emprunte: « Maintenant je ne sais pas où ira la société. Ma perception des choses est qu’elle essaye de se tourner de plus en plus vers le monde de l’entreprise, et que c’est assez laborieux pour l’instant. Mandriva ressemble de plus en plus à une société normale, lissée, en apparence, qui perd pourtant sont âme et sa mission originelle : celle de créer un OS libre facile à utiliser et alternatif à Windows, pour s’engager dans la voie des services aux entreprises, activité de toute SSLL lambda. » Notre informaticien idéaliste qui ne désespère pas de voir un jour peut-être le monde de l’informatique changer, ne baisse pas les bras pour autant et en guise de conclusion de son texte il précise qu’il travaille depuis un an sur un nouveau projet open-source, nommé « Ulteo ». Il indique : « je l’ai d’ailleurs proposé à Mandriva fin 2004. J’espère pouvoir lancer une première version test dans les toutes prochaines semaines. Si ce projet se concrétise bien (et si ça fonctionne), il devrait engendrer un changement important dans la façon que les gens ont d’utiliser Linux en particulier et les systèmes d’exploitation en général. Guettez les contenus et inscrivez-vous sur https://www.ulteo.com si vous voulez en savoir davantage. » Enfin il termine avec cette jolie formule : « Longue vie à Linux et au Logiciel Libre ! »