Vodeo.TV : ‘Nous sommes les brontosaures de la VOD’

Frédéric Pie, fondateur de la Banque de l’audiovisuelle qui édite le service de vidéo à la demande fait le point sur l’évolution du site et annonce la fin des DRM pour une partie du catalogue et un virage B2B

-Quel trajet depuis le lancement de Vodeo.TV il y a deux ans?

Nous n’avons pas changé notre politique éditoriale, au contraire nous l’avons même renforcée en mettant l’accent sur les passions au sens large. En quelque sorte, nous sommes un peu les brontosaures de la VOD. Le catalogue disponible continue de s’élargir avec 9.800 programmes acquis. Nous ajoutons entre 150 et 160 programmes par mois et nous cherchons surtout des documentaires ou des films nouveaux qui n’ont jamais été diffusés en France. Récemment, nous avons acquis près de 450 nouveaux programmes à travers des partenariats avec l’AETN, la chaîne Crime Investigation Serial qui est spécialisée dans les grandes affaires criminelles et les portraits d’assassins, mais aussi avec History Channel qui une chaîne thématique très renommée aux USA. Cette approche éditoriale montre la grande amplitude de notre offre.

-Et en terme de visiteurs, le succès est-il au rendez-vous?

Même si la VOD est encore un marché relativement émergent, le nombre de visiteurs augmente régulièrement. À l’instar de nos concurrents directs, nous ne communiquons pas l’ensemble de nos chiffres. Par contre, ce que je peux vous dire, c’est qu’actuellement nous en sommes à près de 310.000 visiteurs uniques par mois, à 1,2 million d’extraits consultés (par mois), et 1,6 million de pages vues (par mois.)

-Quel est le modèle économique de votre offre ?

L’internaute à plusieurs possibilités. Il peut soit télécharger en dur et donc acheter le programme, ou bien louer le visionnage, c’est-à-dire qu’il va consulter la vidéo en ligne grâce à la technologie du streaming. Il peut la consulter autant de fois qu’il le souhaite durant une période de 48 heures. Pour posséder le film ou le documentaire, l’utilisateur doit débourser entre 2 et 7,99 euros. Nous n’avons pas changé de format, la vidéo en streaming est compressée en 750 Kb et si elle est téléchargée, le format est du 1,5 Mb, soit une qualité DVD. Enfin, depuis le mois de janvier 2006, nous offrons la possibilité de se faire graver un DVD. Il est possible de regrouper plusieurs documentaires sur un film. Il faut compter 6 euros supplémentaires, pour couvrir les frais techniques.

-Quels contenus ont le plus de succès ?

Notre chance est de disposer d’une population assez éclectique. Une statistique le montre bien. 50% de nos clients réagissent aux sujets positionnés en tête de gondole. Et les autres 50%, viennent sur notre site pour visionner ou télécharger des documentaires très précis. Cela prouve que nous faisons un important travail d’éditorialisation. L’actualité est également un domaine qui fonctionne très bien. Récemment nous avons eu un grand succès notamment autour de la rentrée scolaire. Le rugby a également été un évènement porteur. Concernant la rubrique « Pause Déj' » qui avait pour mission de dynamiser la consultation de nos petits formats, son succès est mitigé. Pour l’instant, nous ne diffusons que des programmes francophones, et début novembre nous allons annoncer un partenariat avec TV5 monde et ainsi toucher près de 450 millions de francophiles. Enfin dernière information, (ndlr : et c’est un scoop !), d’ici la fin de l’année 300 titres de notre catalogue seront proposés sans DRM (ndlr: les fameux verrous techniques ou Digital Right Management) afin de faciliter l’utilisation de notre service. Dans les faits, les vidéos pourront donc être visionnées sur l’ensemble des lecteurs multimédias du marché.

-Comment Vodeo se distingue-t-il de la concurrence ?

Les différences sont assez radicales. En réalité, la concurrence frontale est inexistante. Nous sommes totalement hors divertissement, notre spécialité c’est la réalité ou alors le cinéma « pur et dur », pas le dernier film grand public à la sauce « Matrix ». Sur une trentaine de plateformes de VOD dans le monde nous sommes les seuls à avoir ce positionnement. Dernier point, notre interface bouge presque tous les jours. La version 3 du site sera disponible d’ici la fin de l’année, avec au menu plus de genres, et un esprit Web 2.0 renforcé.

Depuis la création du site en 2005 vous multipliez les levées de fonds ? Pourquoi et quelles sont les innovations à venir? Avec ces apports d’argent, la LBA (Banque de l’audiovisuel, la société qui édite Vodeo, ndlr) devrait atteindre l’équilibre financier d’ici la fin de l’année 2008. La société va également tacher de se diversifier et d’élargir notamment son activité BtoB et ses services. Nous sommes obligés de nous diversifier. Pour donner un exemple d’activité BtoB, récemment la société Endemol nous a demandé de mettre en place sa plateforme de numérisation de contenus. Nous sommes donc en quelque sorte des références en la matière.