Voix sur IP: où en est-on exactement?

La téléphonie sur Internet est sur toutes les bouches. La perspective de réduction de la facture télécom alerte les chefs d’entreprise. Pour autant, quel est l’état actuel du marché? Comment va-t-il évoluer? Une étude du ‘Economist Intelligence Unit’ commandée par AT&T tente de faire le point

« La question n’est plus de savoir si le protocole de voix sur IP est le nouveau standard mais quand sera-t-il mis en oeuvre ». Un constat de base souligné par Cathy Martine, Senior vice president Telephonie Internet chez AT&T. Pour répondre à cette question, l’opérateur américain qui mise désormais énormément sur cette technologie qui permet de faire transiter la voix sur Internet en la transformant en signal numérique, a commandé une étude à l’Economist Intelligence Unit’, une filiale du magazine The Economist. Etant donné l’implication d’AT&T sur ce marché émergeant, on ne s’étonnera pas du côté sensiblement positif de cette étude sobrement baptisée « Voix sur IP: la maturité ». Au total, 250 dirigeants d’entreprises mondiales ont été interrogés, la plupart en Europe (40%). Plus de 20 secteurs sont représentés. 12% des entreprises interrogées utilisent déjà la VoIP On apprend tout d’abord que la VoIP devient de plus en plus une priorité. 12% des entreprises interrogées déclarent utiliser cette technologie actuellement et elles sont plus de 50% à estimer qu’elle sera utilisée d’ici deux ans. Selon l’étude, un mouvement de fond s’est engagé depuis 18 mois, la VoIp ne concernerait plus seulement les précurseurs du secteur IT mais aussi les entreprises traditionnelles. Néanmoins, 22% des entreprises interrogées déclarent qu’aucun projet en la matière n’est prévu à court terme. Car si la technologie est mature, de nombreux freins existent encore. 64% des entreprises interrogées sont préoccupés par la qualité de service, plus de 40% estiment que la technologie est immature, et 38% craignent des pannes réseau. Mais ces freins « psychologiques » selon AT&T « sont contre balancés par la volonté de réduire les coûts télécoms », explique Rizwan Kara, président de AT&T France. En effet, l’étude montre que cette valeur ajoutée de la VoIP est jugée « essentielle » par 46% des entreprises interrogées, loin devant les fonctionnalités accrues offertes par cette technologie. L’effort pédagogique est donc très important. « Il faut notamment mettre en valeur les gains de productivité générés par la VoIP sur d’autres domaines comme le télétravail. Une valeur ajoutée mal perçue par les décideurs », explique Rizwan Kara. Pour AT&T, une telle étude est donc faite pour séduire et convaincre les chefs d’entreprise qui se posent de plus en plus de questions sur cette technologie. Mais face à un attentisme tout de même très présent, parler de « maturité » semble aujourd’hui un peu prématuré.