En 2014, le chômage des informaticiens a progressé de 7,5 %

2014 restera une année noire pour le chômage dans l’informatique, qui progresse plus vite que la moyenne nationale. Depuis 2008, le nombre de chômeurs dans l’IT a été multiplié par 2.

En décembre, le chômage des informaticiens n’échappe pas à la règle : celle d’une relative stagnation du nombre de demandeurs d’emploi (+0,2 % au plan national, tous métiers confondus). Dans la catégorie systèmes d’information et de télécommunication, on dénombrait 37 100 chômeurs de catégorie A en décembre, soit un niveau similaire à celui enregistré un mois plus tôt. Mais, sur un an, la progression du nombre de chômeurs dans les professions IT atteint 7,5 %, soit plus que la hausse du chômage toutes professions confondues (+ 5,7 %). En 6 années de crise, le nombre de chômeurs a doublé dans les systèmes d’information. Et il faut remonter à la fin de l’année 2004 pour retrouver des niveaux similaires dans les statistiques du ministère de l’Emploi.

Si on élargit l’analyse aux chômeurs des catégories A, B et C (incluant les personnes ayant une activité à temps partiel), le total atteint 45 400 personnes en décembre dernier, soit une progression de 8,9 % sur un an. Depuis février 2009, le nombre de chômeurs A, B et C dans les professions informatiques a plus que doublé.

Chômage + pénurie de compétences

Ces chiffres, marqueurs d’une crise d’une ampleur similaire à celle du début des années 2000, confirment les récents indicateurs sur les salaires. Une étude du cabinet de recrutement Robert Walters mettait en évidence il y a quelques jours des niveaux de rémunération souvent stagnants dans les professions IT (hormis certains profils d’experts). Loin de l’envolée salariale que connaissent les informaticiens aux Etats-Unis, où 70 professions sur 79 bénéficient de réévaluations supérieures à 4 % selon une autre étude.

Le Syntec Numérique, qui représente les éditeurs et SSII, explique depuis de nombreux mois que le chômage endémique dont souffre la profession s’accompagne d’une pénurie de compétences sur certains profils. L’organisation patronale milite pour le reclassement des personnes sans emploi. 900 demandeurs d’emploi ont ainsi été formés fin 2014 via les actions engagées par le Syntec Informatique, qui vient aussi de signer un partenariat avec Agissons pour l’Emploi, fondation de ManpowerGroup qui mettra en place un programme spécifique de formation aux métiers du numérique à destination des chômeurs sur la base des demandes locales des entreprises.

Le bonnet d’âne pour l’informatique

« Tout le monde est d’accord avec le constat. Et nous saluons les efforts de Syntec Numérique, aussi minimes soient-ils, en faveur du reclassement des chômeurs, dit Régis Granarolo, président du Munci, association professionnelle d’informaticiens. Mais cela n’empêche pas la progression du chômage dans les professions informatiques. Et il ne s’agit pas que d’une question d’inadéquation de compétences, l’inadéquation des profils – avec le culte des Bac + 4 et +5 chez les recruteurs – et le jeunisme – mis en évidence par les statistiques de l’Apec par exemple – jouent également un rôle prépondérant ». En compilant des statistiques obtenues auprès de la Direction des études de Pôle Emploi, le Munci s’apprête d’ailleurs à lancer un pavé dans la mare : « Une étude que nous allons publier en février démontrera que l’informatique est la famille professionnelle où le chômage a le plus progressé depuis 2008 », explique son président.

L’association collecte en effet les chiffres des demandeurs d’emploi IT répartis dans toutes les catégories (et non dans la seule catégorie Systèmes d’information et de télécommunication), via une agrégation des codes Rome. Selon l’organisation, fin octobre, ce sont pas moins de 55 000 chômeurs de catégorie A qui cherchaient un emploi dans l’IT (dont plus de 18 000 dans la maintenance et plus de 15 500 dans les études et le développement informatique). Soit, l’air de rien, un taux de demandeurs d’emploi de 9,8 %. Entre décembre 2013 et octobre dernier, les trois professions qui ont enregistré les plus fortes progressions sont la production et l’exploitation de SI (+ 16 %), les études et le développement de réseaux de télécom (+13,9 %) et les études et le développement informatique (+ 8,6 %).

En additionnant toutes les catégories de chômeurs (de A à E, les catégories D et E correspondant à des personnes inscrites mais qui ne sont pas, provisoirement, en recherche d’emploi), le Munci parvient à un chiffre de 83 200 chômeurs environ en octobre dernier.

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