3GSM: Axalto et Gemplus véhiculent du contenu sur carte SIM

Avec des mobiles très multimédia et de plus en plus proches des PC, de nombreux contenus transitent hors des circuits de vente des opérateurs. Les géants de la carte à puce l’ont bien compris: ils transforment radicalement la carte SIM des mobiles, lien fermé entre abonnés et opérateurs

Barcelone – Les revenus des opérateurs sont-ils en danger ? Pour les fabricants de cartes à puce SIM, la réponse est ‘oui’. Explications : avec des combinés de plus en plus perfectionnés, capables de stocker des centaines de mégas de données sur leurs cartes-mémoires ou sur leurs disques durs, les abonnés ont beau jeu de contourner les opérateurs. Ils stockent et échangent des contenus (musique, vidéos…) depuis leurs PC vers leurs mobiles. De plus en plus, ces deux univers convergent, mais ce sont autant de revenus en moins pour les opérateurs. « Les opérateurs perdent la main », observe Alexandre Szyda, Product Manager chez Gemplus. « La convergence est en train de tout changer. D’un côté, les utilisateurs les plus accrocs à Internet utilisent leur mobile pour transférer leurs fichiers. D’un autre côté, les géants du Web comme Google, Yahoo ou Skype proposent des solutions dédiées au mobile: ce sont autant de concurrents sérieux capables de grignoter les revenus des opérateurs. » Ce constat est partagé par Axalto, concurrent mais néanmoins futur partenaire de Gemplus (rappel: les deux groupes sont en train de fusionner pour créer Gemalto). « Les opérateurs veulent reprendre la main sur des contenus qui leurs échappent », souligne Brigitte d’Heygere, directrice Marketing Europe de l’entreprise. « Ils ont désormais conscience qu’il faut proposer des services identiques quel que soit le support utilisé ». Il s’agit donc de rétablir le lien « privilégié » entre l’opérateur et l’abonné. Et pour y parvenir, la solution est toute trouvée: se concentrer sur la carte SIM qui représente le seul lien direct entre les deux mondes. Le géant Gemplus propose ainsi une nouvelle carte SIM qui n’a plus grande chose à voir avec ses aînées. La nouvelle ‘.SIM’ est d’abord destinée à stocker des données: de 128 Mo à 1 Go à terme! Mais surtout, elle se positionne comme un support de contenus à valeur ajoutée pour l’abonné. Objectif, établir un lien entre le PC et le mobile, et accompagner cette fameuse convergence. « Les opérateurs doivent à nouveau occuper le terrain! », lance le Product Manager. « Du côté du PC, la carte .SIM permet d’installer une suite dédiée à l’opérateur sur l’ordinateur, ce qui revient à installer l’univers de l’opérateur directement sur le bureau de l’abonné, avec une ‘tool bar’ par exemple », explique Alexandre Szyda. « Du côté du mobile, .SIM pourra héberger des contenus pré-installés, adaptés selon la cible. Au lieu de vendre un simple abonnement, on vendra une offre de contenus très segmentée, correspondant à l’attente du client et du marché ». Par ailleurs, .SIM permettra de transporter ses contenus de mobile en mobile, DRM (droits payants) inclus, ce qui n’est pas possible aujourd’hui. Lorsque l’abonné change de téléphone, il ne peut plus utiliser les services qu’il a déjà payés avec son précédent appareil. Évidemment, cette carte SIM de nouvelle génération aura un coût: son prix sera certainement proche de celui d’une carte-mémoire, donc bien plus cher qu’une carte SIM classique. « Mais on peut très bien imaginer des cartes SIM dotées de contenus publicitaires, financées par des annonceurs qui pourront cibler leurs campagnes. Par ailleurs, il s’agit de proposer une alternative, pas d’imposer un nouveau support », prévoit Alexandre Szyda. De son côté, Axalto travaille aussi sur des solutions similaires de contenus pré-installés sur la carte: il annonce une carte SIM dénommée « on the GO ». Comme pour la .SIM de Gemplus, cette nouvelle application permet le transfert de contenu multimédia protégé. De cette façon, lors d’un changement de terminal l’usager peut utiliser immédiatement les services achetés précédemment et conserver ses droits sur ces contenus. « Avec la montée en puissance des services 3G dans le monde, un plus grand choix de contenus à valeur ajoutée sera offert aux abonnés », déclare Cédric Collomb, directeur des communications mobiles chez Axalto . « SIM on the GO permettra aux abonnés qui changent régulièrement de téléphone portable d’en profiter sans discontinuité ». Ceci entraîne bien souvent le mécontentement chez l’abonné et un surcroît de dépenses chez l’opérateur dues aux appels au service client, car la portabilité du contenu devient vite complexe. En utilisant cette carte comme gestionnaire de droits, la solution permet à l’abonné de transférer ses droits en insérant la SIM de son ancien téléphone dans le nouveau. Autre avantage: l’opérateur peut sauvegarder les droits de l’abonné « over the air ». Ainsi, l’utilisateur retrouve l’accès à ses données en cas de perte ou de vol de son téléphone : l’opérateur lui fournit une nouvelle carte SIM contenant les mêmes droits pour qu’il se restitue à lui-même ses données. Stratégiquement parlant, Axalto estime que les opérateurs, en déployant cette solution, « dynamiseront fortement l’achat de contenu multimédia, les utilisateurs étant assurés de conserver les droits qu’ils ont achetés. » Développée en partenariat avec Beep Science, l’un des principaux éditeurs de logiciels de gestion des droits numériques, cette application est parfaitement conforme à la norme OMA DRM 2.0 d’Open Mobile Alliance qui garantit l’interopérabilité entre les terminaux. Pour Gemplus et Axalto, ces nouvelles cartes SIM qui vont commencer à être proposées par les opérateurs dans le courant de l’année ne vont pas faire disparaître les cartes SIM classiques. « Avec ces produits, on s’adresse d’abord à une cible précise, on ne vise pas encore un marché de masse, mais celui des utilisateurs les plus férus de contenus et de convergence PC/mobile », souligne Brigitte d’Heygere d’Axalto. Mais pour les géants de la carte, le changement est profond. Ils deviennent aujourd’hui de véritables fournisseurs de services, et plus seulement de cartes SIM. « Nous sommes au début d’une transition importante pour notre secteur », avance Axalto. « Une entreprise comme Gemplus est complètement en train de se repositionner », explique de son côté Alexandre Szyda.