5G industrielle : le Gouvernement défend son action face à la Cour des comptes

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Interpellé par la Cour des comptes sur le « retard industriel » de la France dans la 5G, le Gouvernement répond. Qu’avance-t-il ?

Encore quelques mois, monsieur Moscovici ? Bruno Le Maire a adressé, la semaine passée, une réponse de cette teneur au Premier président de la Cour des comptes. En toile de fond, un référé que cette dernière avait transmis début mai au ministre de l’Économie. Principal objet : la procédure d’attribution des licences 5G. Mais il était aussi question, d’une part, de bénéfices « encore limités » pour le grand public. Et surtout, d’autre part, d’un « retard sur les usages industriels ».

« Seuls les acteurs du secteur des télécommunications se sont véritablement investis dans le déploiement de ces technologies », avait fait remarquer la Cour des comptes. « Les entreprises industrielles n’ont pas témoigné un intérêt marqué. L’État n’a pas réussi à les impliquer davantage », avait-elle poursuivi.

Soulignant le contraste avec la feuille de route gouvernementale de 2018, les Sages en avaient conclu que « le soutien apporté par Bpifrance à un nombre limités de projets […] ne [pouvait] pas constituer à lui seul une stratégie publique d’appropriation de la 5G ». Et d’émettre deux recommandations. D’un côté, publier à échéance régulière les actions mises en œuvre dans le cadre de la stratégie d’accélération (lancée en juillet 2021) et les résultats obtenus. De l’autre, mobiliser les acteurs industriels et économiques.

Un axe franco-allemand pour la 5G…

Qu’avance le Gouvernement ? En premier lieu, un effort de communication sur ses actions. Il en veut pour preuve les mises à jour régulière, sur le site du ministère de l’Économie, de la page dédiée à la stratégie d’accélération. Page qui « comporte les différents appels à projets en cours et les communiqués de presse annonçant les résultats ».

Sur ce même volet, Bercy rappelle les interventions régulières du coordinateur national de la stratégie. Ainsi que les présentations, « à intervalles réguliers », des projets lauréats par la DGE – dont les démarches font par ailleurs l’objet de communications sur les réseaux sociaux.

Concernant ses actions de soutien, le Gouvernement en liste plusieurs :

– Appel à manifestation d’intérêt (devenu appel à projets) sur les solutions souveraines liées à la 5G
Dernière relève intervenue le 8 juin 2022. Pour le moment, 24 projets soutenus.

PIEEC (Projet important d’intérêt européen commun) sur la microélectronique et la connectivité.
En son sein, Orange, Airbus et Atos ont chacun déposé un projet réalisé en partenariat avec des start-up, des PME et des acteurs de la recherche.

– Appels à projets franco-allemands sur les réseaux privés pour l’industrie 4.0.
Un premier appel, ouvert en 2021, a donné lieu au financement de quatre projets, à hauteur de 17,7 M€. Ils réunissent 14 entités françaises et 16 allemandes.

– Appel à propositions « maturation-pré-maturation »
Piloté par l’ANR pour encourager le transfert technologique vers les entreprises et la valorisation de brevets dans les télécoms.

… et la 6G ?

Il faut s’attendre au lancement, d’ici à fin 2022, d’un PEPR (Programmes et équipements prioritaires de recherche) « 5G et réseaux du futur ». Et d’un appel à projets franco-allemand consacré à la R&D sur la 6G.
Dans le même temps, nous assure-t-on, plusieurs réalisations concrètes émergeront. Par exemple, les fruits de la collaboration entre les filières industrielles des « infrastructures numériques » et des « solutions pour l’industrie du futur ».

Ces dernières se sont mobilisées dans le cadre de la mission « 5G industrielle » que l’État avait lancée en octobre 2021. Et dont les conclusions sont parues en mars. S’est notamment ensuivi un AMI pour la constitution de « campus fablabs 5G ». Inspirés de ce que font les instituts Fraunhofer en Allemagne, ces lieux devront sensibiliser les PME et leur permettre d’expérimenter.

Photo d’illustration © Gustavo Frazao – Shutterstock