Envoyé spécial – La 5G, un atout pour réindustrialiser la France ? À l’occasion de son événement « 5G Smart Campus » qu’il organisait la semaine passée sur son site de Paris-Saclay, l’équipementier télécoms finlandais a présenté ses perspectives dans ce domaine avec de nombreuses démonstrations à l’appui.
Avec une estimation de 14 millions de sites industriels connectables à l’échelle du monde, Nokia s’oriente sur les verticales. Son organisation* a d’ailleurs évolué l’an dernier avec l’objectif de s’imprégner du métier de chaque client final.
« On a passé les 20 dernières années à vendre des télécoms aux opérateurs, [qui] connaissaient très bien ce qu’ils achetaient, déclare Thierry Boisnon. Une entreprise a besoin d’un résultat, de régler un problème… C’est sur des cas d’usage ».
Dans ce contexte, le groupe « intègre de plus en plus les plates-formes applicatives », précise le président de Nokia France.
La capacité de virtualisation des fonctions réseau inhérente à la 5G y contribue. Elle porte aussi le concept du « slicing », c’est-à-dire le découpage d’un réseau en « tranches virtuelles » composables en fonction des usages. Avec, à la clé, de nouveaux modèles économiques sur la chaîne de valeur des télécoms.
L’éventail des usages est potentiellement d’autant plus grand que la 5G peut exploiter une vaste gamme de fréquences hertziennes. On peut aussi bien la déployer sous le GHz que dans les ondes dites « millimétriques » (entre 30 et 300 GHz). Avec une portée importante dans le premier cas et une large bande passante dans le second.
Dans le monde industriel, Nokia ne met pas tant en avant les débits que la latence (< 1 ms). Dans son collimateur, les objets en déplacement, a fortiori ceux qui nécessitent une précision au mm. Le beamforming, en d’autres termes la capacité à focaliser le signal sur un appareil, complète l’arsenal.
Pour tirer parti de la latence réduite (50 ms en moyenne sur la 4G), le focus se fait sur les déploiements cloud en périphérie (edge), au plus près des sites industriels.
Nokia met ce type d’architecture en œuvre sur ses déploiements américains. Plus précisément avec T-Mobile, sur une solution d’inspection des sites radio par drone. La démarche implique la création du « jumeau numérique » permettant de détecter à distance les équipements nécessaires à la mise à jour des installations.
En France, Nokia garde un œil sur l’échéance des Jeux olympiques 2024. Un « couloir à drones » pourrait être ouvert au-dessus de la Seine à cette occasion.
Pour ce qui est de la maintenance de sites industriels, une autre expérimentation est en cours avec une agence de production de vidéos à 360 °.
L’idée : monter un « Uber du live streaming ». Avec, d’un côté, des « avatars » équipés d’une caméra et de l’autre, des « pilotes » qui leur donnent des instructions.
Autre projet, exploité sur réseau 4G, mais que la 5G pourrait permettre d’optimiser en fonction des équipements : un tournevis. Celui-ci télécharge des profils de vissage et les applique en fournissant les instructions à l’opérateur sur une tablette.
Pour expérimenter dans la 5G*, Nokia bénéficie de l’appui des Bell Labs, qui accompagnent sa « vision marché » tout en y associant la recherche fondamentale.
Commercialement, le groupe finlandais avance essentiellement trois arguments :
Objectif à terme : proposer une « méta-plate-forme » incluant des composants réutilisables au niveau du cœur de réseau. Notamment à renfort de conteneurs et de microservices.
* D’un côté, Nokia s’adresse aux opérateurs globaux. Il revendique aujourd’hui 48 contrats 5G pour 15 réseaux lancés (premier en Europe : Vodafone Italie, en juin dernier). De l’autre, il vise trois secteurs jugés les plus demandeurs en connectivité : les transports, l’énergie et le secteur public.
** Nokia prend aussi part à plusieurs des expérimentations ouvertes que la France a lancées sur la bande des 26 GHz. Entre autres, à Saclay (drones, réalité virtuelle), au port du Havre (logistique, smart grid) et à La Défense (véhicule autonome).
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