5G : vers un (nouveau) report des enchères en 2021 ?

Le PDG du groupe Bouygues demande un report des enchères sur l’attribution des derniers blocs de fréquences 5G en raison du contexte économique et social.

Le covid-19 va-t-il bouleverser  le calendrier de mise aux enchères des fréquences 5G ? C’est en tout cas le souhait exprimé par Martin Bouygues, le PDG du groupe éponyme. dans une  tribune publiée dans le Figaro.

“Les enchères, qui devaient avoir lieu ce printemps, ont été reportées à juillet ou septembre. Je pense qu’il faut être pragmatique: la situation du pays, qui se relève avec difficulté d’un terrible cauchemar sanitaire humain et économique, commande de repousser de quelques mois supplémentaires l’attribution des fréquences 5G” écrit-il.

Selon le patron, outre les difficultés économiques causées par la pandémie, le report des enchères sur la 5G doit entériner une nouvelle réalité sociale :  » il suffit de regarder le débat public pour constater que la 5G suscite aujourd’hui bien plus de méfiance et de scepticisme que d’engouement et d’enthousiasme. Je le regrette, mais c’est ainsi. »
Et d’appeler à une remise à plat des discussions pour lever les doutes  » escamoter le débat public serait une grave erreur s’agissant d’une préoccupation importante de nos concitoyens, notamment des plus jeunes: on ne construit pas la technologie de demain contre la jeunesse. Voyons ce qu’il en est précisément, confrontons les expertises, échangeons les arguments. »

Une défiance du public ?

Evoquant le manque de maturité de la 5G, Martin Bouygues estime que « repousser les enchères de quelques mois ne présente aucun risque de déclassement ou de retard pour l’économie française. » évoquant que les futurs usages de la technologie ne seront pas disponibles avant 2023/2024.

En revanche,  le maintien du calendrier pourrait créer une fracture entre les opérateurs et les clients :  » Que penseront les Français qui risquent de perdre leur emploi, les commerçants et artisans durablement affectés par la crise, tous ceux qui souffrent de ne pas encore avoir de couverture mobile dans leur territoire, lorsque, en septembre, ils verront les quatre opérateurs télécoms français se battre à coups de milliards d’euros pour acquérir des fréquences 5G? Ils penseront que c’est indécent. »

Dans la première partie du processus d’attribution , les quatre opérateurs – Bouygues Telecom, Orange, Free  et SFR –  ont  déjà acheté un bloc de 50 mégahertz. La seconde partie doit leur attribuer, dans le cadre d’enchères, doit attribuer 11 blocs de 10 mégahertz.

Pas d’accord sur le report

Chez les concurrents, Orange et Free plaident pour le maintien du calendrier tandis que SFR soutient l’idée d’un report du bout des lèvres  en soulignant que la priorité reste le déploiement de la 4G et de la fibre en zones rurales.

Mais le gendarme du secteur a déjà  refroidi la demande de Martin Bouygues. « Je n’ai pas reçu de demande de la part de Bouygues Télécom, et je ne dispose d’aucune note d’analyse » de l’entreprise en faveur de ce report. Il y a un élément dans la méthode qui me paraît étonnant ». a déclaré Sébastien Soriano à l’AFP. « Aujourd’hui les options principales, c’est juillet ou septembre » affirme le président de l’Arcep,

La demande du groupe Bouygues devrait donc rester lettre mettre. Pas de quoi remettre en cause, sa  participation aux enchères pour autant puisque son patron prend la peine de préciser  qu’il y participera quelle que soit la date retenue pour les organiser.