Gestion des API : où en sont les principaux fournisseurs ?
Sept fournisseurs se positionnent comme « leaders » dans le dernier Magic Quadrant de la gestion des API. À quels titres ?
Google, IBM et Microsoft, pas assez innovants ? Tous ont droit à un mauvais point à ce sujet dans le dernier Magic Quadrant de la gestion des API. Le premier parce ses travaux sur la partie intégration ont limité l'enrichissement du coeur fonctionnel de son offre. Le deuxième parce qu'il a du retard sur ses principaux concurrents au niveau des jonctions avec les maillages de services. Le troisième parce qu'il a globalement moins progressé que ses concurrents.
Google, IBM et Microsoft figurent parmi les « leaders » du Quadrant version 2022. Il en était de même l'an dernier. Plus globalement, tous les « leaders » de 2021 le restent. Axway, Kong, Salesforce et Software AG en font aussi partie.
Absorbé par IBM, Red Hat ne figure plus dans le Quadrant. Solo.io, au contraire, fait son apparition, dans la catégorie « acteurs de niche ». SAP et TIBCO Software en sortent, pour passer respectivement chez les « challengers » et les « visionnaires ».
IBM et Google plus « visionnaires » que Microsoft
Gartner juge les offreurs sur deux axes. L'un prospectif (« vision »), centré sur les stratégies (sectorielle, géographique, commerciale, marketing, produit...). L'autre centré sur la capacité à répondre effectivement à la demande (« exécution » : expérience client, performance avant-vente, qualité des produits/services...).
Sur l'axe « vision », les fournisseurs classés au Quadrant se placent dans cet ordre :
Fournisseur | Date de création | |
1 | Kong | 2017 |
2 | Axway | 2001 |
3 | IBM | 1911 |
4 | Google (Apigee) | 1998 (2004) |
5 | Salesforce (MuleSoft) | 1999 (2006) |
6 | Postman | 2014 |
7 | Software AG | 1969 |
8 | Tyk | 2014 |
9 | TIBCO Software | 1997 |
10 | Microsoft | 1911 |
11 | WSO2 | 2005 |
12 | SAP | 1972 |
13 | Solo.io | 2017 |
14 | SmartBear | 2009 |
15 | Amazon Web Services | 2012 |
16 | Boomi | 2000 |
17 | Broadcom | 1991 |
Sur l'axe « exécution » :
Fournisseur | |
1 | |
2 | Salesforce |
3 | IBM |
4 | Microsoft |
5 | Axway |
6 | Software AG |
7 | AWS |
8 | SAP |
9 | Kong |
10 | TIBCO Software |
11 | Postman |
12 | WSO2 |
13 | Boomi |
14 | Tyk |
15 | SmartBear |
16 | Broadcom |
17 | Solo.io |
Lire aussi : Gestion des API : des besoins à mieux traduire
Axway : le multicloud, oui mais non
Gartner salue l'étendue de l'offre d'Axway, en particulier sur les cas d'usage et les modes de déploiement pris en charge. Le groupe américain se distingue aussi par son approche du multicloud (traduite par des ponts avec les passerelles API d'autres fournisseurs). Ainsi que son business model, nourri de partenariats avec, entre autres, Ping Identity (pour la détection de menaces), Stoplight (conception d'API) et Cloudentity (gestion du consentement).
C'est moins positif sur la partie commerciale : la transition vers le modèle sur abonnement implique une normalisation du pricing... à suivre de près. Côté marketing, malgré une notoriété croissante, Axway reste perçu comme un vendeur spécialisé sur l'intégration. Et en dépit de sa stratégie multicloud, près des trois quarts de ses clients sont encore on-prem.
Google : le SaaS prioritaire
Google se distingue sur la stratégie produit. Autant pour la qualité de ses services d'accompagnement que ses portails développeurs personnalisables et ses fonctionnalités de monétisation des données. La stratégie sectorielle est un autre point fort. En particulier dans le retail, dans la santé... et dans la finance, avec la solution Open Banking APIx. Bon point également sur le pricing, simple et qui ne limite pas le nombre d'API ou d'utilisateurs.
Apigee reste principalement conçu pour la gestion d'API : on pourra trouver la solution limitée si on cible des cas d'intégration. Attention par ailleurs au focus de Google sur Apigee X, c'est-à-dire la version SaaS sur GCP. S'y ajoute le point sus-évoqué en matière d'innovation.
IBM : flexible... mais pas pour les mises à jour
Point positif chez IBM : la flexibilité de déploiement des composantes de son offre. Idem pour les fonctionnalités de sécurité (serveur d'autorisation OAuth intégré, prise en charge des certificats eiDAS...). Et pour les passerelles montées avec d'autres de ses technologies (App Connect pour l'intégration de données, Aspera pour leur transfert...) dans le cadre du Cloud Pak for Integration.
Moins positif : l'expérience client ; en tout cas pour ce qui est des mises à jour de certaines versions. Outre le point innovation sus-évoqué, Gartner constate qu'IBM a enregistré en 2021 une croissance inférieure à celle du marché, quand bien même il reste le troisième plus gros fournisseur.
Kong : les développeurs d'abord
L'approche « less is more » de Kong à destination des développeurs (dev/test, service mesh, passerelle distribuée...) séduit Gartner. Même chose pour l'architecture de la solution, extensible et personnalisable par plug-in. La faible empreinte de la passerelle et son niveau de performance sont un autre point positif.
Le focus sur les développeurs attire moins les métiers, fait remarquer Gartner. Qui souligne aussi l'écart fonctionnel entre la version open source gratuite de Kong et les formules payantes (pas d'admin web, d'analytics...). Le pricing, axé sur la notion de service, n'est par ailleurs pas le plus lisible qui soit.
Lire aussi : PaaS et multicloud, une antinomie ?
Microsoft : le barycentre Azure
Les outils de gestion d'API de Microsoft sont le choix « par défaut » pour beaucoup de clients Azure. De manière générale, le niveau de satisfaction est élevé. L'interface d'administration, « relativement simple et intuitive », en est un emblème. Gartner souligne aussi la couverture géographique du produit, disponible sur toutes les régions et zones Azure, avec un portail en 18 langues.
L'offre a toutefois une visibilité encore limitée, étant marketée principalement dans le contexte d'autres services Azure. Et dans les faits, elle est vendue presque exclusivement en conjonction avec ces services. S'ajoute le point innovation sus-évoqué, en dépit de l'ajout de la prise en charge de WebSocket et de GraphQL.
Salesforce : les API et pas que
Salesforce fait figure de « leader d'opinion » à travers ses publications, ses événements, ses équipes d'évangélistes... et plus globalement sa capacité à accompagner l'usage de la plate-forme MuleSoft Anypoint. Le réseau de partenaires est un autre point fort, tout comme la jonction avec les composants RPA et intégration en low-code.
Comme chez Kong et Axway, Gartner ne salue pas le pricing. Il note que certains clients se montrent concernés sur la flexibilité de la contractualisation et les augmentations de prix au renouvellement, notamment sur les cas d'usage simples sans intégrations ou automatisations. Le support pourrait par ailleurs gagner en réactivité et assurer une meilleure disponibilité géographique de ses compétences.
Software AG : une offre riche, mais sous les radars
Software AG se distingue sur la richesse fonctionnelle de son offre, de la prise en charge de la spécification OpenAPI à celle de WebSocket en passant par la sécurisation de microservices via Istio. Une offre qui parvient à couvrir un large éventail de cas d'usage pour les développeurs. Et qui, en 2021, a produit davantage de revenus que la moyenne du marché, avec un support qualitatif.
Malgré le recentrage de son offre sur les API, Software AG reste souvent absent des shortlists. À noter également que sa solution est étroitement liée à la plate-forme d'intégration WebMethods ; ce qui ne la prête pas forcément à tous les cas d'usage. Enfin, la prise en charge de la conception d'API GraphQL et d'API asynchrones reste limité.
Photo d'illustration © matemorworks - Adobe Stock
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