L'Europe souffre d'une pénurie de compétences IT
Malgré un taux de chômage élevé, l'Europe peine à pourvoir ses « 900 000 emplois vacants » dans le secteur en croissance des technologies de l'information, observent Bruxelles et l'Organisation internationale du travail. En cause : la pénurie de profils qualifiés. Et la situation s'aggrave.
Au-delà de la France, l'Europe dans son ensemble enregistre un taux de chômage élevé (12% dans la zone euro) tout en peinant à répondre aux attentes des entreprises en termes de compétences technologiques, observe le New York Times.
Des centaines de milliers de personnes qui ont perdu leur emploi, et de nombreux jeunes arrivés sur le marché du travail, constatent que leurs compétences sont peu adaptées aux emplois axés sur l'innovation. « La plupart des nouveaux emplois créés concernent l'économie de la connaissance », mais l'inadéquation entre les compétences acquises et les postes à pourvoir est telle qu'un grand nombre de chômeurs ne peuvent bénéficier de ces opportunités, explique au quotidien américain Glenda Quintini, économiste de l'OCDE.
900 000 postes vacants dans l'IT ?
Les employeurs comme les organisations patronales, dont Syntec Numérique en France, déplorent le manque de candidats qualifiés. Du côté des associations de professionnels (le Munci, par exemple), on s'interroge sur les difficultés de recrutement des entreprises et le déficit de formation des personnels. La situation n'est pas nouvelle et les perspectives restent préoccupantes.
« L'inadéquation des compétences » s'est accentuée en Europe depuis la crise financière de 2008-2009, constate l'Organisation internationale du travail (OIT) dans un rapport paru l'an dernier. Les personnes licenciées dans différents secteurs, de l'automobile aux BTP en passant par l'immobilier et la finance, peinent à se reclasser. Par ailleurs, trop peu de jeunes diplômés, en particulier les femmes, ont opté pour un cursus en ingénierie ou en sciences et technologies.
De son côté, la Commission européenne estime à 900 000 le nombre de postes à pouvoir d'ici 2015 dans le secteur des technologies de l'information et de la communication (TIC). Or près de la moitié de la population active européenne n'aurait pas les compétences requises en la matière pour changer d'emploi ou en trouver un.
La situation est grave, mais pas désespérée
La sous-exploitation de ce potentiel pourrait générer des « coûts économiques et sociaux importants », alerte Bruxelles dans une analyse. L'OIT, de son côté, estime que le phénomène risque d'accroître le chômage à long terme et réduire l'efficacité des politiques mises en ouvre pour stimuler la croissance. Les États-Unis, avec un taux de chômage à 7% en décembre 2013, s'en sortent mieux, bien que les inégalités - qui caractérisent la société américaine - se creusent.
En Europe, une enquête rendue publique en novembre 2013 par Eurofound montre que près de 40% des entreprises évoquent des difficultés de recrutement de profils qualifiés, et ce malgré la récession. Cette proportion était de 37% en 2008 et de 35% en 2005, rapporte l'agence de recherche de l'UE. La tendance est plus marquée encore pour le secteur IT.
« Malgré les niveaux de chômage que l'on connaît actuellement, le nombre d'emplois dans le secteur du numérique progresse de plus de 100 000 par an. Or, le nombre de nouveaux diplômés des TIC et de travailleurs qualifiés dans ce secteur est insuffisant pour suivre le rythme de la demande », déplorait l'exécutif européen l'an dernier.
Crédit photo : Elisanth / Shutterstock
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