Opérateurs télécoms : investissements maintenus mais emplois en baisse
En 2013, la consommation de service voix a poursuivi sa croissance, de 2,8% avec près de 240 milliards de minutes de communication. Une croissance essentiellement soutenue par les services mobiles qui ont enregistré 18 milliards de minutes supplémentaires en 2013 (+14,9%) pour dépasser les 137 milliards de minutes alors que le temps passé sur les lignes fixes recule de 10% à 102 milliards de minutes, rapporte l'Arcep (Autorité de régulation des communications électroniques et des postes) dans son rapport annuel (et provisoire) sur le marché des télécommunications.
La consommation de données sur les réseaux mobiles (les réseaux fixes ne sont pas mesurés) a également connu une impressionnante progression de 63% par rapport à 2012 pour dépasser les 155?000 To contre 95?000 un an plus tôt. Le nombre de SMS a lui aussi explosé à plus de 193 milliards, soit 10 milliards de SMS supplémentaires. Annoncée à mainte reprise, la mort du texto est loin de se faire sentir en France.
46 milliards de revenus
Les recrutements clients se poursuivent en parallèle?: +5% dans le mobile et 4% pour les offres haut et très haut débit. Près de 25 millions de foyers bénéficiaient, au 31 décembre, d'un abonnement Internet dont 22,5 millions en ADSL et plus de 2 millions en très haut débit fibre (FTTH) ou câble (FTTB). Les abonnements à un service Internet, totalement ou partiellement dégroupé, regroupe désormais 65% du marché. Côté mobile, le marché français comptait près de 77 millions de cartes SIM en service. Soit 3,7 millions de cartes supplémentaires en un an alimentées par la hausse des forfaits (sans engagement notamment) et le M2M (+2,2 millions pour 6,9 millions de cartes au total). Une tendance qui se poursuit début 2014. A l'inverse, l'offre des cartes prépayées continue de s'effondrer (2,6 millions en moins en 2013, le double de 2012).
Des progressions inversement proportionnelles aux revenus. En 2013, les opérateurs ont affiché un chiffre d'affaires global de 46,6 milliards d'euros, en baisse de 6,4%. A lui seul, le marché de détail représente 38 milliards d'euros, dont 35,1 milliards pour les services de communications électroniques, en recul de 7,7?%. La perte de valeur provient donc de l'activité grand public fortement chahutée depuis l'arrivée de Free début 2012 et qui s'est poursuivie en 2013. A 15 milliards d'euros, le chiffre d'affaires des services mobiles recule de 14%. Ils rejoignent quasiment celui des services fixe qui, à 14,9 milliards d'euros, limite son recul à 3%.
Investissements supérieurs à 7 milliards
La baisse des ressources n'empêche pas la poursuite des investissements qui se sont élevés à 7,2 milliards d'euros (hors achat de licences). Soit une légère baisse de 1,5% par rapport à 2012 (7,3 milliards). Néanmoins, « le niveau des investissements se maintient depuis trois ans à un niveau supérieur à 7 milliards d'euros », note l'Arcep. Environ un tiers des investissements est réalisé dans l'activité mobile dont 1,7 milliard pour la 3G et 4G.
Si les investissements se maintiennent, ce n'est pas le cas des emplois. Le régulateur estime à 4000 le nombre de postes directement détruits chez les opérateurs en 2013 (-3,3%). Une tendance qui confirme les alertes que n'ont cessé d'envoyer syndicats et ministres tout au long de l'année. Néanmoins, la baisse « s'explique pour l'essentiel par celle des effectifs d'Orange ». L'opérateur historique a en effet décidé de ne pas renouveler systématiquement les départs à la retraite tout en poursuivant ses cycles de recrutement.
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Emplois : retour à 2009
Pour le reste, « les hausses et les baisses d'effectifs des autres opérateurs [s'équilibrent] », avance le régulateur. Une partie des départs s'expliquerait également par le transfert d'activités vers les filiales des opérateurs et vers des prestataires externes. Autrement dit, la perte des emplois du secteur des télécoms ne s'est pas systématiquement traduite par un allongement des queues à Pôle Emploi. Il n'en reste pas moins que l'Arcep ne prend pas en compte les emplois indirects, notamment liés à la distribution. Carphone Warehouse a ainsi fermé son réseau de boutiques The Phone House en 2013.
Au final, le nombre d'emplois direct des opérateurs concerne près de 125?000 salariés, un niveau comparable à celui de 2009. Lequel achevait un cycle de 5 ans de recul alors que 2013 pourrait signer le départ d'un nouveau cycle de baisse. Si Patrick Drahi, patron du fond Altice propriétaire du groupe Numericable qui a racheté SFR, a promis de conserver les emplois du nouvel ensemble pendant 3 ans, une nouvelle vague de licenciements pourrait déferler chez Bouygues Telecom avant la fin de l'année. Et les consolidations qui devraient se poursuivre dans le secteur ne sont pas de nature à rassurer quant à la préservation future des salariés.
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