Tor infiltré par la CIA ? Un groupe réclame une grève de 24 heures
Après la démission de l'un des siens, Jacob Appelbaum, accusé de harcèlement et d'agressions sexuelles, le projet Tor s'enlise dans les dissensions. Un groupe interne au projet appelle les utilisateurs et les développeurs du réseau d'anonymisation à le boycotter 24 heures durant, le 1er septembre prochain. « Un boycott d'une journée peut nuire à Tor à court terme, mais aussi le sauver dans le long terme. Il permettra également aux voix dissidentes de se faire entendre », indique un communiqué.
Les initiateurs de cet appel (#Torstrike) s'opposent ainsi frontalement à la direction du projet de routeur oignon. Ils lui reprochent des liens flous et non avoués avec le gouvernement américain. Et déplorent une enquête « à charge » contre Jacob Appelbaum. Pas sûr toutefois que les adeptes de Tor apprécient la méthode utilisée pour faire passer le message.
Steele et Dingledine dans le viseur
Parmi leurs revendications repérées par Softpedia News, les initiateurs de #Torstrike exigent le départ et le remplacement de Shari Steele. La juriste a été nommée directrice exécutive du projet Tor en décembre 2015, après avoir exercé au sein de l'Electronic Frontier Foundation (EFF). Les opposants demandent aussi à Roger Dingledine, co-fondateur et président du projet Tor, de quitter le navire.
Les détails de l'investigation sur Appelbaum doivent être rendus publics, selon eux. Ils attendent aussi des membres du nouveau board et des employés qui auraient participé à l'enquête de ne plus faire partie du projet Tor. En particulier, une personne considérée comme étant à la fois « juge et partie » dans cette affaire.
Cette absence présumée d'éthique et de clarté dans le dossier Appelbaum fait partie des critiques avancées par des opérateurs de nodes et d'autres contributeurs. Parmi eux : Marie Gutbub, Lucky Green et Stephan Seitz. Les trois se sont détournés du projet Tor ces dernières semaines.
Tor recrute à la CIA ?
L'enquête menée contre Appelbaum n'est pas le seul problème avancé par le groupe à l'origine de #Torstrike. L'infiltration présumée du projet par l'Agence centrale de renseignement (CIA) américaine en est un autre. « Nous savons d'après des logs IRC que l'équipe de Tor Project était au courant d'un recrutement à la CIA dans au moins un cas, et qu'elle a choisi de le garder secret. Certains ont défendu ce recrutement bec et ongles », reproche le mouvement #Torstrike.
C'est dans ce climat délétère que le groupe demande aux membres du projet Tor qui ont (ou qui ont eu) des liens avec un gouvernement ou une armée de clarifier la nature de ces liens. Ils exigent encore le départ ou l'exclusion de ceux qui sont liés au gouvernement américain, à ses agences de renseignement ou aux services de ses alliés.
Rappelons tout de même que le projet Tor est le fruit d'un programme de la marine américaine soutenu par la Darpa, agence américaine en charge des projets de recherche avancée de défense. Ouvert depuis 2004 à la communauté, le projet Tor est encore largement financé par les États-Unis.
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