Trés haut débit : le cuivre a de l'avenir chez Alcatel-Lucent
Patrick Drahi et ses équipes de Numericable-SFR ne cessent de le répéter?: pour fournir de la 4G, il faut déployer des réseaux fixes très haut débit. Une analyse partagée par Alcatel-Lucent qui, à l'occasion du Broadband World Forum 2015 de Londres, a annoncé de nouvelles solutions fibre et cuivre pour tenir les promesses de la future 5G. « Le monde d'aujourd'hui devient mobile, mais les technologies mobiles reviennent vers les réseaux fixes », justifie Federico Guillén, directeur de l'activité Accès fixe d'Alcatel-Lucent. Une vision confortée par le cabinet Analysys Mason qui rappelle que 96% des données IP passent par les réseaux d'accès fixes dans le monde et que 75% des données mobiles sont générées en intérieur, depuis les réseaux Wifi. « Les réseaux d'accès fixe deviennent rapidement le principal atout des opérateurs, en leur donnant la possibilité de répondre à des besoins en accès très haut débit qui évolueront », considère l'analyste Rupert Wood.
Un atout qu'Alcatel-Lucent entend servir avec ses solutions fixes (qui viendront dès l'année prochaine compléter les solutions mobiles de Nokia dans une entité fusionnée). Côté fibre, les innovations du portefeuille TWDM-PON (Time and Wavelength Division Multiplexed Passive Optical Networks) se traduisent essentiellement par une nouvelle unité de réseau optique pour les déploiements domestiques, ainsi que par des améliorations apportées à la plateforme FTTH. Celles-ci permettront d'accroître la capacité de commutation et de liaison ascendante afin d'apporter les déploiements de plusieurs gigabits, jusqu'à 40 Gbit/s, sur les infrastructures optiques résidentielles, à venir comme actuelles. D'autre part, le système de gestion réseau de l'équipementier simplifie désormais la mise en oeuvre de la technologie GPON (technologie optique de première génération) et celle de son successeur TWDM sur un même réseau fibre.
Le cuivre, avenir du très haut débit
Si la fibre est considérée comme l'avenir des réseaux fixes à haute capacité, le cuivre semble incarner le futur de la boucle locale (le dernier kilomètre), voire des derniers mètres. L'idée étant d'améliorer les capacités de l'infrastructure historique cuivrée pour apporter le très haut débit aux foyers et aux entreprises en attendant (ou pas) l'arrivée de la fibre. Dans ce contexte, Alcatel-Lucent annonce une nouvelle série de produits Vplus. Cette technologie compatible avec les lignes VDSL2 (elle est d'ailleurs standardisée VDSL2 35b auprès de l'Union Internationale des Télécoms) permet d'atteindre les 200 Mbit/s sur une distance de 500 mètres. Une performance qui monte à 300 Mbit/s sur 250 m.
Mais le plus prometteur reste le G.fast, une technologie de vectorisation 2.0 qui vient remplacer le besoin de fibre optique sur les derniers mètres du réseau entre la prise téléphonique du domicile (ou de l'entreprise) et le point de distribution du réseau optique (généralement situé dans les colonnes montante des immeubles ou dans la rue pour les zones pavillonnaires) pour transporter les très hauts débits. Le nouveau micro-noeud G.fast de 16 ports proposé par l'équipementier permet ainsi d'atteindre des débits proches de 1 Gbit/s.
5,6 Gbit/s sur 35 mètres
Si la technologie compte 34 essais en cours et une adoption commerciale par Chunghwa Telecom, Alcatel-Lucent regarde déjà son successeur le XG.fast. Notamment auprès de son partenaire BT (qui a par ailleurs annoncé, fin août, un projet de test grandeur nature auprès de 2000 foyers de Huntingdon, au Nord de Cambridge). Lors de ses premières expérimentations du XG.fast à Adastral Park, son campus du Suffolk, l'opérateur britannique déclare avoir atteint 1,8 Gbit/s sur une centaine de mètres sur paire de cuivre. Et 5,6 Gbit/s sur 35 mètres de câble. « Un record pour la transmission de données full-duplex sur une ligne BT standard à cette distance. »
BT entend bien exploiter ces technologies cuivre pour déployer son réseau très haut débit, via sa filiale Openreach pour les réseaux fixes, auprès de 10 millions de foyers britanniques d'ici 2020 et de la quasi-totalité d'entre eux avant 2025. Une façon de palier la lenteur des déploiements de la fibre pour accélérer l'accès au très haut débit fixe. « La fibre à domicile a un rôle à jouer - et Openreach a le plus grand réseau de ce type au Royaume-Uni -, mais le G.fast est la réponse si le Royaume-Uni veut avoir l'accès au très haut débit généralisé et abordable et cela plutôt tôt que tard, commente Mike Galvin, responsable de la prochaine génération d'accès chez BT. Ceux qui prétendent le contraire ne sont pas réalistes et devraient se pencher sur le cas de l'Australie où les autorités ont changé de stratégie sur leur déploiement de la fibre pour suivre notre exemple. » L'Etat australien vient effectivement de confirmer avoir testé le G.fast d'Alcatel-Lucent afin de compléter les différentes technologies qui apporteront, d'ici 2020, des débits d'au moins 50 Mbit/s dans 90?% des locaux équipés d'une connexion fixe au réseau national nbn.
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