Apple et Siri visés par une action collective en France pour écoutes abusives
Cette action collective pourrait coûter très cher à Apple, bien plus que l'accord de 95 millions $ versés aux États-Unis dans la cadre d'un litige similaire.

Selon les informations rapportées par Le Parisien, Apple fait désormais face à une procédure d'action collective en France concernant les écoutes présumées effectuées via son assistant vocal Siri sans le consentement explicite des utilisateurs. Cette initiative pourrait avoir un gros impact financier pour Apple qui a déjà versé 95 millions $ (environ 20 $ par plaignant) aux États-Unis début 2025 pour régler un litige similaire.
Les avocats français adoptent une approche plus agressive que leurs confrères d'outre atlantique : « Nous allons leur demander le remboursement de chaque appareil dans la limite de cinq appareils par personne », expliquent-ils au quotidien.
Outre les iPhones, les iPad, Mac, AirPods et les Apple Watch sont concernés par l'action collective. « En France, d'après nos estimations, quatre millions de personnes minimum utilisent un appareil Apple » souligne Julien Bayou, l'avocat à l'origine de cette action collective.
Une procédure ouverte à tous les utilisateurs
Tous les possesseurs d'un appareil Apple de moins de 10 ans peuvent rejoindre cette action collective jusqu'à fin juin 2025 en s'inscrivant gratuitement sur le site ecoutesabusives.fr. Les avocats prévoient de déposer une mise en demeure devant le tribunal judiciaire de Paris avant l'été, proposant d'abord à Apple un accord amiable. Une plainte sera aussi déposée auprès de la CNIL.
Au-delà des remboursements d'appareils, des indemnités supplémentaires sont envisagées pour certains profils de plaignants, comme les professionnels tenus au secret ou ceux travaillant avec des populations vulnérables.
Ils s'appuient sur le cadre réglementaire européen, plus protecteur que son équivalent américain en matière de données personnelles. « Le simple fait de craindre que des données personnelles aient été enregistrées et utilisées à mauvais escient représente un préjudice moral. Cette forme d'anxiété est aujourd'hui prise en compte par la Cour de Justice européenne » argumente Julien Bayou auprès du Parisien.
De plus, la réglementation européenne exige un consentement éclairé des consommateurs, obligation qu'Apple n'aurait pas respectée selon les plaignants, en ne demandant pas clairement l'autorisation d'utiliser les conversations pour améliorer son assistant vocal.
Pour sa défense, Apple affirme avoir apporté des modifications suite aux premières révélations en 2019. « Une petite partie des demandes de Siri sont analysées pour améliorer Siri et la dictée » avait indiqué Apple au Guardian « les requêtes des utilisateurs ne sont pas associées à leur identifiant Apple. Les réponses de Siri sont analysées dans des installations sécurisées et tous les évaluateurs sont tenus de respecter les strictes exigences de confidentialité d'Apple. »
Et d'insister sur le fait qu'aucune donnée Siri n'aurait été utilisée pour établir des profils marketing, un usage publicitaire ou dans le cadre d'une vente de données à des tiers.
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