Deezer lance la bataille contre la musique générée par l'IA
La plateforme de streaming musical lance sa technologie de marquage de la musique générée par l'IA. Selon Deezer, les " fake streams". représentent 10 % du contenu livré chaque jour.

Depuis plus de deux ans, l'intelligence artificielle sème la zizanie dans l'écosystème des plateformes de streaming musical qui repésentent désormais le premier moyen de distribution des oeuvres. Le développement des " fake streams" est désormais une préocupation majeure.
Entre les des répliques vocales IA de Drake et de The Weeknd ou le faux morceau de la chanteurse belge Angèle, l'année 2023 a donné des sueurs froides à toute l'industrie. Pour la première fois, l'IFPI (Fédération Internationale de l'Industrie Phonographique) consacre une section à l'IA dans son rapport annuel
" Engaging with Music 2023 ". « Si les amateurs de musique du monde entier voient dans l'intelligence artificielle à la fois des opportunités et des menaces pour la musique, leur message est clair : l'authenticité est essentielle. En particulier, ils estiment que les systèmes d'intelligence artificielle ne devraient utiliser de la musique qu'avec une autorisation préalable et être tout à fait transparents quant au contenu ingéré par leurs systèmes d'entraînement. Ce sont là des rappels opportuns pour les décideurs politiques qui réfléchissent à la manière de mettre en oeuvre des normes pour une IA responsable et sûre » déclare Frances Moore, sa directrice générale.
Le débat est posé. Reste à trouver un modus operandi.
10 000 morceaux totalement générées par IA chaque jour
Chez Deezer, deuxième plateforme mondiale derrière Spotify, la réponse passe par un algorithme qui détecte la musique générée par IA. Aujourd'hui, ce sont environ 10 000 pistes totalement générées par IA qui sont quotidiennement livrées ( sur un total de 100 000 à 150 000 pistes par jour ) sur sa plateforme, soit environ 10 % du contenu. Ces derniers seront désormais signalés aux utilisateurs.
Un bémol, la plupart de ces morceaux générés par l'IA ne sont jamais écoutées. Cependant, Deezer estime qu'ils diluent son catalogue et pourrait pertuber le modèle de rémunération des artistes basé sur le nombre d'écoutes. Et de citer à l'appui une étude qui estime que près de 25 % des revenus des créateurs sont menacés par l'IA d'ici 2028.
« Les outils disponibles sur le marché aujourd'hui peuvent être très efficaces tant qu'ils sont entraînés sur des ensembles de données provenant d'un modèle d'IA générative spécifique, mais leur taux de détection diminue considérablement dès que l'outil est soumis à un nouveau modèle ou à de nouvelles données. Notre outil peut détecter la musique artificiellement créée à partir de plusieurs modèles génératifs tels que Suno et Udio, avec la possibilité d'ajouter des capacités de détection pour pratiquement n'importe quel autre outil similaire, tant qu'il y a un accès à quelques exemples de morceaux générés. » explique Aurélien Herault, Chief Innovation Officer de Deezer qui précise avoir déposer une demande pour breveter sa technologie de marquage du contenu généré par l'IA en décembre dernier.
Quelques mois plus tôt, la plateforme de streaming avait signé la déclaration mondiale sur l'entraînement de l'IA, contre l'utilisation non autorisée d'oeuvres créatives pour l'entraînement des IA génératives.
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