EDF ouvre son foncier aux datacenters : les premiers sites choisis
EDF va accueillir des projets de datacenters sur plusieurs terrains ayant accueilli des centrales thermiques, notamment en Moselle et en Seine-et-Marne.

Qui pour installer un datacenter à La Maxe, Richemont ou Vernou-la-Celle-sur-Seine ?
Sur ces trois communes françaises se trouvent des terrains industriels appartenant à EDF. Tous accueillirent, par le passé, des centrales thermiques. Les voilà désormais ouverts aux "entreprises du numérique" par l'intermédiaire d'appels à manifestation d'intérêt.
Le fournisseur d'électricité promet une puissance totale disponible de 2 GW, en comptant un quatrième site dont il ne précise pas l'emplacement. Il entend en retenir deux de plus à l'horizon 2026. En toile de fond, l'objectif de faire émerger 150 TWh de demande supplémentaire d'ici à 2035, dont 20 TWh pour les datacenters.
Un pan d'histoire du bassin lorrain
Située à 7 km du centre-ville de Metz, La Maxe compte un peu plus d'un millier d'habitants. Une centrale a charbon y fonctionna de 1971 à 2015. Sa capacité atteignit 500 MW. Le démantèlement, marqué l'an dernier par l'abattement de la cheminée, doit s'étirer jusque dans les années 2030.
Localisé une vingtaine de kilomètres au nord, toujours en Moselle, Richemont compte un peu plus de 2000 habitants. Des sociétés sidérurgiques y créèrent une centrale dans les années 1950. Elle valorisait le gaz des hauts-fourneaux - et, dans une moindre mesure, le charbon des houillères lorraines, pour une capacité portée jusqu'à 415 MW. Avec la crise du secteur, EDF en était devenu propriétaire en 1995. La plupart des tranches avaient alors fermé. L'activité avait finalement cessé en 2009. Les derniers bâtiments de la centrale furent démolis en 2018.
La centrale thermique de Vernou-la-Celle-sur-Seine (2600 habitants) avait aussi ouvert dans les années 1950. Avec ses quatre turbines alimentées au fioul et au charbon, elle atteignit 750 MW de capacité. La production cessa en 2004. Les bâtiments d'origine furent dynamités en 2011. Dans le même temps, EDF avait mis en service, dans le voisinage, deux turbines à combustion de 185 MW chacune (fioul en 2010 ; gaz en 2011).
Le "plan datacenter" de la France
L'an dernier, EDF a produit 520 TWh, contribuant à des exports nets sans précédent pour la France (89 TWh). Le groupe dit gérer "quelque 46 000 hectares" de terrains et retenues d'eau. Ce qui en fait le troisième propriétaire foncier en France après l'État (près de 100 millions de m² bâtis) et la SNCF (8 millions de m²). En 2024, il a réalisé 118,7 Md€ de chiffre d'affaires, en baisse organique de 15,7 %. Son résultat net courant (15,2 Md€) a connu un recul du même ordre.
Lors du Sommet de l'IA, le Gouvernement avait affirmé que 35 sites en France étaient "prêts à accueillir des datacenters". Et mis en avant une volonté de facilitation de ces projets. Par exemple à travers la loi du 23 octobre 2023 sur l'industrie verte. D'une part, elle réduit de 9 à 6 mois la procédure d'autorisation. De l'autre, elle crée le statut de PINM (projet d'intérêt national majeur). Ce dernier permet "d'accélérer l'adaptation des règles d'urbanisme local, de sécuriser les dérogations à la protection des espèces et de garantir un raccordement rapide au réseau électrique". Il ne couvre pas encore les grands projets de datacenters, mais il est question de les englober par l'intermédiaire d'une proposition de loi sur la "simplification de la vie des entreprises".
La simplification des procédures contentieuses contre les datacenters est un autre levier envisagé. Il s'agirait de supprimer le double degré de juridiction, pour un gain attendu de 9 à 18 mois. L'État envisage également de réviser le champ de la CNDP (Commission nationale du débat public) pour en exclure les datacenters.
Illustration générée par IA
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