12 fusions-acquisitions IT autorisées par l'UE en 2024
En 2024, Bruxelles a validé une cinquantaine de fusions-acquisitions dans les technologies numériques. En voici quelques-unes, impliquant pour la plupart des entités françaises.

Quel point commun entre Orange, Atos, Exclusive Networks et I-TRACING ? Tout au moins, celui d'avoir été impliqué dans des fusions-acquisitions auxquelles la Commission européenne a donné son feu vert en 2024.
Dans le domaine des technologies numériques, Bruxelles a validé une cinquantaine de telles transactions. En voici quelques-unes.
Cisco et Splunk
Le 13 mars, quelques semaines après en avoir été notifiée, la Commission européenne valide le projet d'acquisition de Splunk par Cisco (annoncé en septembre 2023 pour un montant de 28 Md$).
Elle a considéré que les effets horizontaux liés à la transaction étaient limités. En particulier sur le segment de l'APM et de l'observabilité : l'offre de Splunk n'allait accroître que modérément la position de Cisco. Et avec potentiellement 20 à 30 % de part de marché dans l'Espace économique européen, le nouvel ensemble resterait soumis à la concurrence d'acteurs comme Dynatrace (10-20 %), New Relic (10-20 %) et Datadog (5-10 %).
Bruxelles a aussi examiné, entre autres, l'effet de conglomérat entre le SIEM de Splunk et les solutions d'observabilité de Cisco. Sa conclusion, dans les grandes lignes : le SIEM de Splunk n'étant pas un "must-have", il ne permettrait pas au nouvel ensemble d'attirer un nombre suffisant de clients issus de la concurrence dans le domaine de l'observabilité.
IBM et Software AG
Le 21 juin, quasiment 4 mois après en avoir été notifiée, la Commission européenne valide le projet d'acquisition, par IBM, des produits StreamSets (intégration de données) et webMethods (intégration d'applications) de l'éditeur allemand Software AG. Un deal à un peu plus de 2 Md€.
Bien que le périmètre d'activité n'atteignît pas le seuil de revenus (250 M€ par an dans l'UE) susceptible de déclencher une enquête de concurrence à Bruxelles, suffisamment de pays (Allemagne, Autriche, Irlande et Suède) avaient compétence sur le dossier.
Suivant la taxonomie de Gartner, la Commission européenne a examiné les effets horizontaux sur trois marchés où la part de marché combinée d'IBM et de Software AG dépassait 20 %. En l'occurrence, les suites d'intégration d'applications, les passerelles B2B (logiciels automatisant et supervisant les échanges de données interentreprises) et l'automatisation des processus métier.
Sur chacun de ces marchés, le niveau de différenciation avec la concurrence est bas et la part de marché du nouvel ensemble restera acceptable, a conclu la Commission.
Orange et MásMóvil
Le 20 février, à l'issue de près d'un an d'enquête, la Commission européenne valide le projet de joint-venture entre Orange et MásMóvil. Cet opérateur espagnol "hybride" (il a son propre réseau et s'appuie sur un accord d'itinérance national avec Orange) était alors contrôlé par une holding basée au Royaume-Uni.
La Commission avait estimé que la transaction créerait le plus gros opérateur télécoms en Espagne (en nombre de clients). Et qu'elle serait susceptible d'entraîner des hausses de prix importantes (plus de 10 %) pour les consommateurs.
Les deux parties ont obtenu le feu vert en prenant deux engagements. D'une part, libérer du spectre sur trois bandes de fréquence (1800 et 2100 MHz ; 3,5 GHz) pour Digi, premier MVNO en Espagne. D'autre part, donner à ce dernier la possibilité de souscrire à un accord national d'itinérance.
NVIDIA et Run:ai
Le 20 décembre, la Commission européenne valide le projet d'acquisition de Run:ai (orchestration GPU ; né en Israël) par NVIDIA. Les seuils au niveau de l'Union n'étaient pas atteints pour déclencher une enquête, mais l'autorité de la concurrence italienne en avait sollicité une.
Après examen, Bruxelles a conclu que NVIDIA n'aurait ni la capacité technique ni l'incitation à entraver la compatibilité entre ses GPU et les logiciels d'orchestration des concurrents de Run:ai, vu la disponibilité répandue d'outils assurant cette compatibilité. La position de Run:ai a par ailleurs été jugée insuffisamment importante pour priver les clients d'offres alternatives aux fonctionnalités similaires.
Alten et Worldgrid
Le 27 septembre la Commission européenne autorise Atos à vendre Worldgrid à Alten. Montant : 270 M€. Un deal validé moins d'un mois après notification, sans enquête.
Oakley Capital et I-TRACING
Le 14 août, la Commission européenne déclare qu'elle ne s'oppose pas à la prise de contrôle conjointe d'I-TRACING (France ; services de cybersécurité) par les sociétés d'investissement Oakley Capital (Luxembourg) et Eurazeo (France).
Cette dernière contrôlait jusque-là intégralement I-TRACING, qui fête ses 20 ans en 2025. L'entreprise revendique "plus de 700 experts" et 500 clients, pour un CA 2023 de 145 M€.
CD&R et Exclusive Networks
Le 12 novembre, la Commission européenne donne son feu vert à un projet d'acquisition portant sur Exclusive Networks, revendeur français de solutions de sécurité. Il est déposé en consortium par Permira (alors actionnaire majoritaire exclusif) et la société d'investissement américaine CR&R (Clayton, Dubilier & Rice).
Le consortium a acquis un bloc d'actions représentant 66,7 % du capital et a lancé une OPA pour le restant.
Ardian et Dedalus
Le 18 janvier, la Commission européenne valide, sans enquête, une transaction qui lui avait été notifiée moins d'un mois plus tôt. L'objet : la prise de contrôle exclusif, par la société française de capital-investissement Ardian, de Dedalus Healthcare Systems.
Cet éditeur italien de logiciels dans le domaine médical a une filiale française. Employant 5500 personnes à l'échelle mondiale, il dit accompagner "plus de 6100 hôpitaux et 5300 laboratoires". Ardian était monté progressivement à son capital, jusqu'à porter sa participation à 92 % en octobre 2023.
Silver Lake et Vantage Data Centers
Le 5 février, moins d'un mois après en avoir été notifiée, la Commission européenne donne son blanc-seing à la prise de contrôle conjointe de Vantage Data Centers par DigitalBridge et Silver Lake. L'opération s'est faite dans le cadre d'un financement d'environ 9 Md$.
Silver Lake avait accompagné le démarrage de Vantage Data Centers au début des années 2010, avec l'objectif de créer un campus de datacenters dans la Silicon Valley. Il avait fini par prendre du recul : le fonds DigitalBridge - spécialisé dans le financement des infrastructures numériques - avait pris le contrôle de l'entreprise en 2017. Colony Capital avait suivi en 2019.
La filiale EMEA de Vantage Data Centers est basée à Londres. L'entreprise a déployé des datacenters en Allemagne, en Italie, en Pologne et en Suisse. Elle revendique, au global, 35 sites pour environ 2 millions de m² et 2,6 GW de capacité.
Peu après avoir validé cette transaction, Bruxelles en a approuvé une autre : la prise de contrôle indirecte conjointe de la filiale EMEA par Silver Lake.
CVC, Keensight Capital et Sogelink
Le 13 février, la Commission européenne approuve, sans enquête, la prise de contrôle conjointe de Geo2link Group par CVC Capital Partners (Luxembourg) et Keensight Capital (France).
Sous la marque Sogelink, le groupe vend des solutions logicielles, cloud et mobiles aux professionnels de l'infrastructure, de la construction et de la gestion immobilière. L'activité, née en 2000, est portée par 600 personnes et génère 120 M€ de chiffre d'affaires.
Clearlake, Insight Venture Management et Alteryx
Le 8 mars, la Commission européenne déclare qu'elle ne s'oppose pas à la prise de contrôle conjointe d'Alteryx (plate-forme analytique ; USA) par les fonds Clearlake et Insight Venture Management. Un deal valorisé à 4,4 Md$ dette comprise pour cette entreprise dont le CA 2023 avoisine le milliard de dollars (pour 2300 employés).
Advent International, Genstar Capital et Prometheus Group
Le 8 août, la Commission européenne valide, sans conditions, la prise de contrôle intégrale de Mekone Parent par Advent International et Genstar Capital.
Précédement sous contrôle exclusif de Genstar, Mekone Parent a pour principale filiale Prometheus Group. Fondée en 1998, elle a son siège européen aux Pays-Bas et édite une solution cloud d'EAM (gestion des actifs d'entrperise).
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