Internet en France 2025 : la croissance du trafic ralentit et IPv6 s'impose
L'Arcep dresse un bilan du réseau français dans son rapport 2025. Focus sur deux éléments clés : l'état du trafic internet et l'adoption de l'IPv6.

L'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) a publié son rapport annuel sur l'état d'internet en France. Si 94 % des Français se déclarent aujourd'hui internautes, les données révèlent des tendances qui redessinent le paysage numérique hexagonal.
Le rapport constate un ralentissement de la croissance du trafic entrant sur les réseaux des principaux fournisseurs d'accès à internet (FAI), qui atteint 50,8 Tbit/s fin 2024, soit une hausse de 9,2 % sur l'année. Ce taux, déjà en repli en 2023 (+7,7%), marque une rupture avec les progressions à deux chiffres des années précédentes. Autre fait marquant : cinq plateformes mondiales - Netflix, Akamai, Google, Meta et Amazon - concentrent à elles seules 47 % du trafic, contre 53 % un an plus tôt.
Netflix capte 12 % du trafic
Dans le détail, Netflix représente 12,3 % du trafic total, bien que cette part soit en baisse depuis 2022 (15,3 % en 2023). et Akamai s'est stabilisé à 12,2 % en 2024. Le trafic des acteurs de la catégorie "GAFAM" (Google, Amazon, Meta, Apple, Microsoft) s'élève à 25 % du total. Amazon représente 8,6 % du trafic (+2 % par rapport à 2023), atteignant 9,9 % en incluant Twitch. Google représente 7,3 % et Meta 5,4 %. Microsoft et Apple sont également en légère augmentation. Quant à Bytedance (Tiktok), il représente 1,6 % du trafic agrégé en 2024
La répartition du trafic entrant est majoritairement assurée par le transit (environ 54,2 %) et le peering privé (environ 44,4 %), le peering public ne représentant que 1,4 %. La part élevée du transit s'explique en grande partie par le trafic entre Open Transit International (OTI), Tier 1 d'Orange, et le Réseau de Backbone et de Collecte Internet d'Orange (RBCI). Cette décélération de la croissance du trafic peut s'expliquer par une stabilisation des usages (ex : vidéo à la demande) et des efforts d'optimisation par certains acteurs, notamment via le recours aux CDN internes qui représentent environ 19 % du trafic à destination des clients des FAI en 2024.
Et leur rôle est efficace : pour chaque Gbit/s transmis de l'interconnexion pour alimenter le cache d'un CDN interne, environ 14 fois plus de données sont émises par le CDN interne vers les utilisateurs finaux (ratio de 1/14 en 2024). Ce ratio, en augmentation par rapport à 2023, indique que les contenus hébergés sur les CDN internes sont ceux pour lesquels la demande est la plus forte.
IPv6 : la France en tête de peloton
La France est un leader mondial dans l'adoption d'IPv6 en se classant à la deuxième place mondiale (derrière l'Inde) en termes d'utilisation d'IPv6 pour l'accès à internet avec un taux grand public et entreprise estimé à 68,6 % en février 2025. Plus précisemment, 87 % des clients "fixe" grand public (FttH, câble, ADSL) en France avaient l'IPv6 activé. Sur le réseau mobile, ce taux s'élève à 70 %.
Les prévisions des opérateurs indiquent que la quasi-totalité des clients grand public (fixe et mobile) devraient disposer de la connectivité IPv6 d'ici fin 2027. Cependant, des disparités importantes existent entre les opérateurs, tant pour les offres grand public que professionnelles, notamment concernant l'activation par défaut d'IPv6 sur certains terminaux ou types de réseaux (ex : SFR sur le câble, Free sur les mobiles Android jusqu'à fin 2024). Pour les offres destinées aux professionnels et aux entreprises, la transition pourrait prendre quelques années supplémentaires.
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C'est du côté des hébergeurs de sites web et e-mails que l'on accuse un retard significatif. Fin 2024, seulement 34,8 % des sites web sont accessibles en IPv6 et 22,9 % pour les serveurs e-mail, à 22,9 %. Néanmoins, l'Arcep note une accélération de la transition pour les e-mails, avec une progression de 15 points en deux ans (de 8 % à 23 %), soit presque un triplement du taux d'IPv6. Certains hébergeurs comme Cloudflare, IONOS, LWS, Hostinger et Infomaniak ont plus de la moitié de leurs sites compatibles IPv6, servant d'exemples à suivre.
En 2025, un nouveau groupe de travail, "IPv6 2030 : les conditions d'un futur de l'internet en IPv6", a été lancé pour établir les conditions nécessaires à l'accélération de la transition d'ici 2030
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