LinkedIn accusé d'entraîner des IA sur des messages privés : la plainte retirée

La plainte d'Alessandro De La Torre contre LinkedIn n'aura pas tenu longtemps.

Cet ingénieur, ancien de Deloitte, se présente comme un défenseur de la data privacy. Le 21 janvier 2025, il avait initié une class action en Californie, au nom des clients de l'offre LinkedIn Premium. Motif, dans les grandes lignes : le contenu de leurs messages privés InMail aurait été exploité - y compris par des tiers - pour entraîner des modèles d'IA génératifs.

Alessandro De La Torre affirmait qu'une telle pratique contrevenait autant au contrat conclu avec les utilisateurs concernés qu'à la politique de confidentialité du réseau social. Elle violait aussi, estimait-il, la législation fédérale (Stored Communications Act), entre autres de par l'absence de recueil d'un consentement. Et celle de l'État de Californie (Unfair Competition Law), vu son caractère "immoral, oppressif, sans scrupule et considérablement néfaste".

La semaine dernière, l'intéressé a annoncé avait retiré sa plainte. Il déclare simplement que LinkedIn "a prouvé ne jamais avoir utilisé de messages privés pour entraîner des IA". Le groupe américain s'en est félicité, dénonçant une action "sans fondement".

À l'origine, une option activée par défaut

Aux origines de l'affaire, il y a l'introduction, en août 2024, d'un paramètre de confidentialité. Permettant d'autoriser ou non LinkedIn et ses sociétés affiliées (affiliates) à "utiliser vos données personnelles et le contenu que vous créez sur LinkedIn pour entraîner des modèles d'IA générative", il était activé par défaut.

En septembre, après que l'existence de cette pratique fut médiatisée, LinkedIn avait mis à jour sa politique de confidentialité. Il y avait ajouté une description du traitement et de ses finalités*. Une démarche "discrète", selon Alessandro De La Torre, qui considérait que l'entreprise avait par là reconnu que ces partages allaient outre le périmètre du consentement d'origine.

Dans sa politique de confidentialité, LinkedIn avait également ajouté un lien. Destination : une FAQ. Il y est notamment expliqué, d'une part, que les modèles d'IA qui portent les fonctionnalités GenAI du réseau social peuvent être entraînés par d'autres fournisseurs. De l'autre, qu'un éventuel opt-out n'a pas d'effet sur les entraînements déjà réalisés.

La crainte de voir des données réapparaître dans des produits Microsoft

Alessandro De La Torre voyait dans ces démarches une tentative de justifier rétroactivement des actions illégales. Il avait, par ailleurs, repéré une modification survenue plus tard sur cette même FAQ (le 1^er octobre). LinkedIn avait supprimé la mention de son engagement à utiliser des technologies pour masquer ou retirer les données personnelles des datasets d'entraînement.

Au premier rang des "sociétés affiliées" de LinkedIn, sa maison mère : Microsoft. Alessandro De La Torre craignait que, dans ce contexte, des données confidentielles issues de ses InMails (recherches d'emploi, stratégies business, négociations de paye...) ne finissent pas faire surface dans les logiciels Microsoft 365, par exemple au sein des fonctionnalités de suggestion de réponses. Ce qui, regrettait-il, pourrait compromettre ses relations professionnelles et ses projets de carrière.

* LinkedIn avait, en parallèle, exempté de ces collectes de données les clients dans au Canada, en Chine continentale, à Hong Kong, dans l'Espace économique européen et en Suisse. Ainsi qu'au Royaume-Uni, où l'Information Commissioner's Office (homologue de notre CNIL) s'était penchée sur le dossier.

Illustration principale générée par IA