« Osez l'IA » : le plan du gouvernement pour accélérer l'adoption dans les entreprises
Sur l'enveloppe totale de 200 millions €, la moitié correspond à des fonds déjà annoncés l'année dernière dans le cadre d'un appel à projet France 2030. L'autre moitié financera le fonds de garantie pour la transformation des entreprises et les diagnostics d'évaluation.

« Soyons lucides, la France n'est pas en avance ». Dans son discours de lancement du plan "Osez l'IA", la Ministre déléguée à l'IA et au numérique Clara Chappaz n'a pas éludé le paradoxe français sur la question de l'IA : une excellence scientifique reconnue, un écosystème entrepreneurial dynamique mais un faible taux d'adoption dans les entreprises. Selon les chiffres de Bpifrance cités par la Ministre, seules 8% des très petites entreprises et 13% des PME utilisent actuellement une solution d'IA clé en main, contre plus de la moitié des grandes entreprises.
L'objectif du programme interministériel, élaboré en lien avec les ministères du Travail, de la Santé et de l'Industrie, est donc de renverser la tendance. Côté moyens, on évoque une enveloppe totale de 200 millions €, dont la moitié correspond à des fonds déjà annoncés l'année dernière dans le cadre d'un appel à projet France 2030. L'autre moitié financera le fonds de garantie pour la transformation des entreprises et les diagnostics d'évaluation.
" Osez l'IA " s'articule autour de trois axes principaux : la sensibilisation, la formation et l'accompagnement financier.
Pour la sensibilisation, le gouvernement veut s'appuyer sur un réseau de 300 ambassadeurs IA issus de différents secteurs qui auront pour mission de témoigner de leur usage de l'IA auprès des chefs d'entreprise. Parmi les personnalités déjà désignées, on retrouve notamment Christel Heydemann (PDG d'Orange), Jean-Pierre Farandou (PDG de la SNCF), Maurice Levy (Président du conseil de surveillance de Publicis), Anne Bouverot (Co-présidente du CNIAN) et Bertrand Rondepierre (Directeur de l'Agence Ministérielle pour l'Intelligence Artificielle de Défense). Pour trouver les autres amabassadeurs IA, un site permet de candidater.
Par ailleurs, des rencontres mensuelles seront organisées partout en France, en partenariat avec les CCI et Bpifrance, pour mettre en relation les entreprises et les fournisseurs de solutions en intelligence artificielle. Une journée annuelle, inspirée de l'AI Business Day du Sommet de l'action pour l'IA, réunira l'écosystème français de l'IA pour favoriser les échanges, les collaborations et les expérimentations. La première édition aura lieu en février 2026.
5000 diagnostics "Data-IA" subventionnés
Le volet formation est sans doute le plus ambitieux du plan. Le gouvernement prévoit de lancer d'ici la fin de l'année "l'Académie de l'IA", une plateforme en ligne gratuite regroupant formations et tutoriels adaptés à chaque public. L'objectif affiché est de former 15 millions de professionnels d'ici 2030, en mobilisant tous les outils existants : CPF, VAE, CFA et France Travail.
La plateforme proposera des contenus diversifiés : tutoriels pour les artisans et TPE, formations métiers pour les PME et ETI, modules dédiés aux comités exécutifs et formations pour les agents publics. Elle proposera aussi des solutions classées par cas d'usage (les logiciels de rédaction automatisée, les solutions de maintenance prédictive, etc.) et par secteur d'activité.
Troisième pilier du dispositif : l'accompagnement financier. 5000 diagnostics "Data-IA" subventionnés à hauteur de 4000 euros par diagnostic, soit 40% du coût total, vont être financés. Il s'agit d'une intervention de 10 jours d'intervention durant lesquels un expert doit établir un premier état des lieux technique et opérationnel ; identifier des cas d'usage concrets et applicables, et les prioriser selon leur valeur ajoutée pour l'entreprise.
Accessible sur le site de l'académie de l'IA, la plateforme regroupera des solutions classées par grandes familles de cas d'usage (ex. logiciels de rédaction automatisée, génération d'éléments visuels, solutions de maintenance prédictive, etc.) et par secteur d'activité.
Comme critère de succès, le gouvernement se fixe des objectifs quantifiés : 100% des grandes entreprises utilisant l'IA d'ici 2030 contre 50% aujourd'hui, 80% d'adoption chez les PME et ETI, et 50% chez les TPE.
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