{VIDEO} - Christophe Aulnette - « Avec les agents IA, toute l'industrie du logiciel fait face à une nouveau risque de disruption.»
A l'occasion de la sortie de son livre " Le jour où j'ai quité Bill Gates", l'ancien président de Microsoft France, Christophe Aulnette revient pour Silicon sur son parcours de dirigeant dans le secteur IT.

Extraits de l'interview de Christophe Aulnette
Silicon - Le livre commence le 18 janvier 2005. Vous passez un coup de fil à Steve Ballmer, CEO de Microsoft qui vient de succéder à Bill Gates, pour lui dire : je m'en vais...
Christophe Aulnette - Oui, c'est le point de départ du livre. J'avais passé 4 années à la tête de la fililale française et 17 années chez Micorosft. J'ai pris cette décision qui a été probablement assez mal comprise au-delà de mon entourage proche. Je pourrais dire que j'avais plutôt envie d'être capitaine d'un plus petit bateau qu'officier d'un très beau navire. Et donc j'ai pris la décision de quitter Microsoft pour reprendre les rênes d'une entreprise.
Silicon - Vous avez débuté comme responsable de la division Entreprise que vous avez piloté pendant 10 ans. C'est donc vous qui avait développé Microsoft au sein des entreprises françaises, dans l'écosystème, à la fois chez les constructeurs et chez les entreprises. Est-ce que, à l'époque, c'était pionnier ?
Christophe Aulnette - Quand je suis rentré chez Microsoft en France, il y avait une cinquantaine de personnes et 2500 dans le monde, 100 fois moins qu'aujourd'hui. Je ne dirais pas que c'était une start-up, mais plutôt une scale-up. Elle venait de rentrer en bourse et elle était en pleine croissance. Mais surtout, elle s'appuyait sur une vision de Bill Gates : mettre un ordinateur dans chaque maison et sur chaque bureau.
J'ai commencé comme ingénieur commercial OEM pour m'occuper des relations avec des constructeurs français, comme Bull ou Goupil, auxquels on vendait les licences MS-DOS et Windows... Alors que Microsoft allait rentrer dans le monde de l'entreprise avec toute sa gamme de Windows NT et tous ses produits qui allait accompagner l'irruption des ordinateurs dans les entreprises, on a créé des divisions d'entreprises. J'ai eu cette chance-là d'être là au bon moment, probablement ingénieur commercial un peu plus technique que les autres. On m'a proposé de monter l'équipe Grands Compte début 91. J'étais tout seul. Il y avait 120 personnes quand je l'ai quitté pour un poste au Japon en 98.
Silicon - Vous revenez en 2001 pour prendre la direction de la filiale française. Et cette fois-ci, vous gérez toutes les activités BtoB et BtoC...
Christophe Aulnette - Je n'ai pas hésité une seconde quand on m'a proposé, après à peine trois ans en Asie, de revenir diriger la fédérale française. C'était pour moi un rêve. Je m'y suis plongé complètement dans ce challenge. Microsoft était devenu beaucoup plus important par rapport au Microsoft des années 80. On opérait sur les marchés PME, avec des réseaux de plusieurs milliers de partenaires en France, des grands comptes avec une approche plus directe, le secteur public, le secteur de l'éducation, mais aussi le grand public avec MSN, qui existait à l'époque, et l'activité retail grand public avec le lancement de la Xbox. Comme directeur général de Microsoft en France, j'ai eu deux lancements majeurs : Windows XP, qui a été une des grandes versions de Windows après Windows 95, et la Xbox.
Dans une entreprise devenue plus matricielle, mon rôle est d'être une sorte de chef d'orchestre qui s'assure de la bonne gouvernance et de la cohérence de toutes nos activités - grand public, service puiblic, grands comptes, ...- et surtout du choix des bonnes personnes, parce que c'est ça qui est absolument clé : la capacité d'attirer les bons talents. Donc votre rôle en tant que patron, c'est de constituer la meilleure équipe de France.
Silicon - Quelle était la place de la France dans l'empire Microsoft ?
Christophe Aulnette - La première chose à souligner, c'est le côté extrêmement ouvert à l'international des dirigeants, que ce soit Bill Gates ou Steve Ballmer. Ce sont des gens cultivés, ouverts, respectueux des cultures et francophiles. Steve Ballmer comprend très bien le français, Bill Gates le comprend un peu, donc ils aiment la France. Deuxième chose, le premier patron Europe de Microsoft a été Bernard Vergne, un français, puis Michel Lacombe qui est malheureusement disparu beaucoup trop tôt, et Jean-Philippe Courtois qui a fait une carrière extraordinaire puisqu'il est devenu patron de l'international et qu'il est rentré au comité de direction monde de Microsoft reportant à Satya Nadella juste avant qu'il quitte Microsoft il y a un an.
Donc il y a une confiance faite aux Français et un attachement particulier à la France, sans forcément que la filiale française ait été la plus performante, puisqu'elle était dans les cinq premières filiales au niveau mondial, mais pas dans les deux premières.
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