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Comment la CCCP13 migre de l’AS/400 vers le cloud hybride

Dans un entretien avec Silicon.fr, Nicolas Belinguier, DSI de la CCCP13, mesure les apports du cloud hybride et de l’architecture orientée services, mais aussi les difficultés et les défis à relever lorsqu’on hérite d’un vaste portefeuille d’applications sur AS/400.

Publié par Olivier Bouzereau le | Mis à jour le
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Comment la CCCP13 migre de l’AS/400 vers le cloud hybride

 Nicolas Belinguier, le DSI de la CCCP13 (Caisse de Compensation des Congés Payés du personnel des entreprises de manutention des Ports de Marseille) est en pleine migration d’environnement IT.

Cette association, créée en 1936, est en charge du calcul, de la paie et des déclarations des dockers professionnels ; soit 1 500 salariés répartis au sein de 22 entreprises adhérentes et 3100 retraités et préretraités. Au fil des années, les missions de l’association et de sa DSI ont évolué pour devenir aujourd’hui un centre de services partagés.

Dans un entretien avec Silicon.fr, Nicolas Belinguier mesure les apports du cloud hybride et de l’architecture orientée services, mais aussi les difficultés et défis à relever lorsqu’on hérite d’un vaste portefeuille d’applications sur AS/400.

Quels sont les principaux enjeux de votre DSI d’ici à deux ans ?

 Nicolas Belinguier – La priorité est la continuité de la refonte du système d’information. Notre programme de migration baptisé NEOSYS a démarré en 2019. Sa fin est prévue en 2025. Il s’agit d’une refonte complète de notre système d’information, incluant les réseaux, l’Internet à très haut débit, la téléphonie et les applications. Toutes les briques métiers provenaient d’anciens développements internes sur AS/400.

A présent, nous basculons vers un environnement cloud hybride, avec des applications web agiles s’appuyant sur un cloud privé, et des applications délivrées en mode SaaS.

Cette combinaison nous permet d’éditer 2500 bulletins de paie chaque mois, et de mettre en œuvre de nouveaux services pour les directions métiers et les services généraux, via une équipe de neuf informaticiens, qui sera complétée par deux recrutements en cours.

Exploitez-vous toujours votre propre infrastructure ?

 Nicolas Belinguier – Oui, le cloud privé nous permet d’ailleurs de renforcer notre plan de reprise d’activités. Nous disposons de deux baies redondantes dans notre propre data à Marseille et de deux autres à Aix-en-Provence au centre de données de TDF.

L’ensemble forme une architecture redondante avec deux sites actifs-actifs, un site de back-up et une réplication de données inspirée du modèle des systèmes d’informations hospitalier.

Planifiée sur une durée de sept ans, combien de projets votre migration compte-t-elle en tout ?

 Nicolas Belinguier – Nous avons identifié 22 projets, de l’infrastructure technique au SIRH pour lequel nous sommes aidés par Peoplesheres sur la gestion des informations contractuelles et administratives, car il n’y a pas de valeur ajoutée à développer ces traitements en interne.

L’éditeur facilite aussi l’intégration de logiciels tels que Silae pour la paie et CornerStone pour le suivi des talents. Par ailleurs, nous nous appuyons sur l’ESB de Talend pour relier nos applications métiers avec un taux de disponibilité très élevé.

Quelles sont les difficultés rencontrées lors de vos migrations de services depuis l’AS/400 ?

 Nicolas Belinguier – Passer des écrans verts aux interfaces web procure des solutions plus ergonomiques. Mais la qualité des données reste essentielle aux services fournis. Nous apportons des services aux dockers et à leurs ayants droits tout au long de leur vie. La remontée d’anciennes data, de qualité variable et en grand volume, reste complexe.

De plus, nous changeons de métiers à la DSI. Dans le passé, l’équipe informatique faisait essentiellement du développement. A présent, nous devons surtout faire de l’intégration, du suivi et de la gestion de projets. J’ai dû réorienter certains profils sur des aspects moins techniques. Heureusement, les équipes sont motivées. Elles participent désormais à l’intégralité des phases projet, y compris pour les applicatifs non développés en interne.

La relation avec les métiers a-t-elle évolué ?

 Nicolas Belinguier – Historiquement, la DSI, extrêmement autonome, décidait de tout nouvel outil et les métiers étaient très peu impliqués dans ce choix. A présent, afin de rendre des services au plus proche des besoins des opérationnels, ces derniers sont associés en amont afin d’optimiser les processus. Bien que peu familiers avec cette approche, le virage est pris et se fera avec le temps.

Quels facteurs de succès avez-vous identifiés ?

 Nicolas Belinguier – Il faut trouver un relationnel fluide avec les métiers comme avec les fournisseurs, l’organisation d’ateliers, l’adaptation de la communication, la mise en place de formations et de modules d’e-learning aident en ce sens. Nous mettons en place des campagnes de communication régulières par mail en y intégrant à présent des messages vidéo.

Nous nous sommes appuyés aussi sur un séminaire avec les équipes de Peoplesheres, fin décembre, pour obtenir l’adhésion des équipes au travers d’échanges, d’un quizz en matinée, suivi d’un déjeuner. Notre équipe d’exploitation faisait surtout du maintien en conditions opérationnelles.

De nouvelles briques évolutives sont maintenant possibles, grâce à la nomination de cinq ambassadeurs métiers, des utilisateurs avancés de services déployés.
Un grand pas a ainsi été franchi pour gérer les demandes de congés, sur simple papier autrefois, et à présent via un workflow de validation en ligne.

Comptez-vous faire appel à davantage d’externalisation informatique ?

 Nicolas Belinguier – Nous évoluons vers une externalisation croissante, mais comptons garder, en interne, la maîtrise de nos applicatifs métiers. Comme de nombreux confrères, je suis confronté aux difficultés de recrutement. De plus, deux de nos prochains projets requièrent 2 000 jours-hommes. Même à 11, l’équipe ne pourra pas tout absorber. C’est pourquoi nous cherchons un à deux nouveaux partenaires de développement.

Lorsqu’on change d’environnement IT, il faut rester précis et vigilants sur les contrats, revoir les conditions générales de vente et les engagements de niveaux de services. Bref, bien cadrer chaque partenaire.

Aviez-vous participé à d’autres migrations informatiques avant de rejoindre la CCCP13 ?

 Nicolas Belinguier – Oui, j’ai été responsable de projets informatiques au groupe SNEF où j’ai participé à la migration d’un système d’information maison développé sous AS/400 vers des applications web développées. A cet effet, je suis parti en Roumanie pendant un peu plus de 3 ans afin de piloter la structure de développement off-shore.

De retour au siège en 2011, j’ai dirigé des projets à dominance RH mais aussi la facturation fournisseur, l’EDI, la gestion de trésorerie autour d’une organisation comprenant jusqu’à 25 informaticiens.

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