TechDays 2011 : le cloud privé, comme si vous y étiez !
Le cloud privé existe-t-il et a-t-il un sens ? Une question difficile a laquelle a bien voulu répondre Julie Desoeuvres, chef de produit Windows Server chez Microsoft. « La limite est mince entre le datacenter dynamique et le cloud privé. Beaucoup partent du principe que si l'infrastructure interne peut faire tourner des applications cloud, alors c'est un cloud privé. » Une première définition qui a le mérite d'être simple. Trop peut-être.
Julie Desoeuvres affute alors son analyse : « Le cloud privé ne découle pas seulement de changements technologiques. Il implique aussi des modifications en terme de processus et de métier. Certaines entreprises utilisent le mot cloud privé pour ce qui n'est finalement qu'un datacenter dynamique exploitant la virtualisation. Avec le cloud privé, la DSI devient un véritable centre de services. Elle définit un catalogue de services, qu'elle facture aux différentes parties de l'entreprise, avec application d'un SLA. »
Traditionnellement, ce sont les besoins et projets des différentes branches de l'entreprise qui définissent l'enveloppe annuelle du service informatique. Avec le cloud privé, la DSI dispose de son propre budget, puisqu'elle revend ses services (les enveloppes dédiées aux projets restent toutefois un élément important). La DSI peut même dégager des bénéfices qui lui permettront de travailler en mode proactif, et de devenir ainsi force de proposition. « Avec le cloud privé, la DSI devient autonome et prend la main sur le système d'information. » Une véritable révolution culturelle, où les techniciens d'hier cèdent la place à une vraie équipe métier.
Hyper-V Cloud : une offre à la carte
Chez Microsoft, le cloud privé à un nom : Hyper-V Cloud. Une offre dévoilée en novembre dernier. « Hyper-V Cloud regroupe des outils, des architectures de référence testées et validées, un programme d'engagement avec des partenaires intégrateurs et fournisseurs de service. C'est à la fois une offre tout-en-un et une démarche », explique Julie Desoeuvres. « Une entreprise peut se créer son propre cloud privé, complètement customisé. Si elle a besoin de plus d'aide, elle peut opter pour des offres clé en main. Enfin, elle peut confier totalement la mise en place, voir l'hébergement, de son cloud privé à nos partenaires. »
Bref, une infrastructure Hyper-V Cloud, « on la fait soi-même, on l'achète clé en main ou on la loue ». Flexibilité maximale. Parmi les fournisseurs de service et les hébergeurs, nous trouvons aujourd'hui des noms comme Agarik, Ikoula et Linkbynet. Pour les intégrateurs et infogéreurs, nous pouvons citer Osiatis et Sogeti.
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Côté clients finaux, le phénomène cloud privé ne fait que commencer. « Tous nos clients sont aujourd'hui dans une démarche de virtualisation. Beaucoup sont ainsi au stade du datacenter dynamique. Certains clients commencent à réfléchir à la mise en place d'un catalogue de services, qui leur permettra de franchir le pas vers le cloud privé. À ce jour, peu disposent toutefois d'un cloud privé. »
Crédit Agricole CIB : un exemple à suivre
Toutes ces réflexions peuvent trouver leur concrétisation dans le cloud privé du Crédit Agricole CIB. La démarche de la compagnie a démarré il y a plusieurs années. Impossible donc de parler d'Hyper-V Cloud dans ce cas, même si, dans l'esprit, le Crédit Agricole CIB s'inscrit parfaitement dans cette stratégie, avec brio qui plus est. Sylvain Desgoutte, responsable de la production au sein de la compagnie a donc su sentir, avant l'heure, la nécessité et l'intérêt d'une transformation de la DSI en fournisseur de service.
Les avantages du cloud privé sont ici classiques : il permet d'accélérer la livraison des environnements, d'optimiser l'utilisation des serveurs et d'améliorer les capacités de haute disponibilité de l'ensemble. Le cloud privé du Crédit Agricole CIB s'appuie sur Windows Server et Hyper-V, agrémentés d'outils maison permettant de mettre à disposition les ressources, mais aussi d'assurer des tâches complexes comme la migration live de machines virtuelles entre plusieurs datacenters. Le tout est ici déployé à très grande échelle, puisque nous parlons d'environ 1000 serveurs virtuels ou physiques.
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« Cela fait plusieurs années que nous utilisons la virtualisation. Nous prenons toutefois aujourd'hui une dimension services, » explique Sylvain Desgoutte. « Une telle infrastructure permet plus de choix et une meilleure optimisation des ressources. Elle est le fruit d'une véritable stratégie sur le long terme. Avec le cloud privé, le delivery devient un métier et non plus un poids pour l'entreprise. »
Le temps réel, seule limite du cloud privé ?
Le cloud privé, outil de consolidation par excellence, est-il bon pour toutes les applications ? Damien Cudel, chef de marché plate-forme applicative chez Microsoft, est venu nous livrer quelques éléments de réponse. « Pour les workloads intensifs, il est maintenant conseillé d'opter pour l'approche virtualisée, qui pénalise certes les performances de 5 % à 10 %, mais permet une meilleure flexibilité. En mode cloud, des outils comme AppFabric répondent spécifiquement à la problématique de montée en charge. »
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Toutefois, ceci n'est totalement valide que pour un ensemble où toutes les tâches sont d'un même niveau d'importance. Cela va de soi pour un cluster classique, mais nettement moins sur le cloud. En effet, au sein d'un cloud privé, les tâches les plus critiques sont mises en concurrence avec les plus anodines. Damien Cudel concède que cela peut effectivement constituer une limite pour ce modèle qui n'est pas encore parfaitement adapté aux tâches 'temps critique', dont la prédictibilité peut alors devenir difficile à définir. Il est probable toutefois que les outils d'administration des datacenters finiront par proposer des fonctionnalités permettant de fixer des priorités aux tâches exécutées. Le cloud privé sera alors réellement universel.
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