Les promesses de VMware France autour de VCF 9
À l'occasion du lancement de VCF 9, Marc Dollois et Nicolas Ouerlemi, respectivement DG et CTO de Broadcom France, s'expriment.

VCF 9 est de sortie et ça tombe bien : la tendance est au cloud privé.
VMware a choisi d'amener les choses ainsi, étude à l'appui, auprès d'un échantillon "représentatif" de sa clientèle. Il a, en l'occurrence, fait interroger 1800 décideurs IT.
Parmi les indicateurs que communique le groupe américain, on retiendra que les répondants sont :
- 69 % à envisager le rapatriement de workloads (35 % l'ayant déjà fait)
- 66 % à se dire "très" ou "extrêmement" inquiets de stocker des données dans le cloud public
- 49 % à estimer que plus d'un quart de leurs dépenses dans le cloud public sont gaspillées
- 55 % à utiliser le cloud privé pour la GenAI ou à l'envisager (contre 56 % pour le cloud public)
La situation apparaît comparable en France, où 200 décideurs ont été sondés. Ils sont, par exemple, 54 % à opter pour le cloud privé (vs 55 % pour le cloud public) lorsqu'il s'agit d'entraîner, ajuster ou exécuter de modèles d'IA.
"On observe une forme de cloud reset", commente Marc Dollois, directeur général de Broadcom France, en référence à l'intitulé donné à l'étude. Une tendance que l'entreprise avait anticipée, assure-t-il : "[Lorsque] Broadcom achète VMware, il annonce investir [2 milliards] pour déployer VCF pour le cloud privé, parce que ce sera la tendance du marché."
Nicolas Ouerlemi, CTO France de Broadcom, n'en dit pas moins. VCF existe depuis 2018, rappelle-t-il. Et d'ajouter : "Aujourd'hui, on arrive à une version ultra-mature".
Une "fondation commune" pour des "workloads qui bougent"
"De la même façon qu'on faisait bouger une VM d'un serveur à l'autre, on le fait aujourd'hui avec des applications IA", avance Nicolas Ouerlemi. En toile de fond, un accord avec les fournisseurs cloud (à commencer par Amazon, Google et Microsoft ; ainsi que, en France, OVHcloud et Free Pro). "Ils utilisent la même plate-forme VCF là où, historiquement, ils en faisaient le Lego. Comme on maîtrise la stack sous-jacente, on est capable de fournir des services à valeur ajoutée."
Un socle déconnecté pour de "l'indépendance"
"Quand Broadcom a racheté VMware, la première chose qu'on a arrêtée, ce sont les connexions SaaS" explique Marc Dollois. "Hock Tan se disait alors, à contre-courant du marché, que la priorité des clients serait le cloud privé et l'indépendance", insiste-t-il. Non sans ajouter : "Vaut-il mieux être dépendant d'un acteur de cloud public, de ressources internes ou d'un éditeur qui n'a aucune connexion SaaS et aucun accès à la data du client ?".
Des "économies par l'optimisation"
"Il y a peut-être une croissance de prix, mais il y a des évitements de coûts, déclare Marc Dollois. On n'achète plus de stockage, de sécurité, la solution de conteneurisation est intégrée..."
À l'en croire, en standardisant les couches basses et en amenant des services complémentaires, VCF engendre des économies : "jusqu'à 500 % sur les 3 ou 5 ans de contrat". À condition d'être accompagné pour faire bon usage de la stack complète...
Lire aussi : VMware condamné à poursuivre le support de licences perpétuelles sur des infrastructures vitales
Une réconciliation dev / ops
"Les points qui bloquaient l'adoption de VCF se sont levés petit à petit", selon Nicolas Ouerlemi. "Historiquement, ce n'était que du greenfield : de nouvelles installations faisant fi de l'existant. Aujourd'hui, on a un VCF capable de rattacher les infrastructures existantes à des flottes qui bénéficient du même niveau d'automatisation."
Le CTO illustre son propos sur le volet conteneurs. "On a dissocié la partie Kubernetes de la plate-forme Tanzu." VMware a effectivement intégré un vanilla Kubernetes standard au-dessus duquel Tanzu peut éventuellement se positionner. Un cluster de supervision permet d'intégrer des add-on (un repository Harbor est fourni).
"C'est comme ça qu'on va pouvoir avoir des workloads IA qui bougent, résume l'intéressé. Le fait même que l'hyperviseur fonctionne dans ce mode nous a permis de modulariser certains composants. C'est ce qui a fait qu'on peut faire du livepatch des ESXi."
Autre avantage qu'évoque Nicolas Ouerlemi : la possibilité d'avoir jusqu'à trois versions de Kubernetes gérées en même temps, indépendamment des upgrades VCF. Des niveaux d'agilité sur lesquels, juge-t-il, il n'y a actuellement "[pas de] compétition, ou alors il faut adosser différents types de plates-formes".
Ce socle, assorti d'interfaces utilisateur communes, contribue à rapprocher les équipes dev et ops, veut-on croire chez Broadcom France. D'autant plus que VCF 9 amène on-prem des concepts du cloud (régions, AZ, VPC...).
Des bénéfices également pour les projets d'IA
"L'IA, aujourd'hui, c'est un peu l'environnement unique, constate Marc Dollois. Les clients achètent des matériels propriétaires avec des GPU intégrés par un acteur de hardware. Et se retrouvent donc pieds et poings liés. Comme ils l'étaient à l'époque où j'ai commencé à vendre du Sun / Solaris."
Depuis cette époque, le marché a basculé vers la virtualisation. Mais VMware doit démontrer que les avantages de cette technologie s'appliquent aussi aux infras IA. L'une des principales réponses avec VCF 9 réside dans les profils de GPU. C'est-à-dire la capacité à les segmenter pour les "donner à des bouts de projets IA".
"VCF 9 accelère même le vMotion, le mouvement d'une VM ou d'un conteneur qui gérerait une appli IA, glisse Nicolas Ouerlemi. La particularité, c'est que le GPU lit toujours un peu la mémoire : ce n'est pas du CPU et de la mémoire toute seule, c'est un combo. Pour autant, en travaillant avec NVIDIA, on est capable de vous faire des VM. Ca intéresse beaucoup les clients, parce qu'ils n'ont envie d'être dépendants de l'un, mais pas non plus de l'autre."
Un repli possible sur VVF et vSphere Standard
"On le voit avec Safran, avec Bouygues, avec Euro-Information [tous trois ont récemment communiqué sur leur usage de VCF, NDLR] : le positionnement pris est bon, se félicite Marc Dollois. On a un marché qui va sur le cloud privé et il n'y a pas de problème sur le socle technologique. Le problème est sur l'adoption : comment amener ces clients qui consomment une partie des briques à consommer la totalité ?"
Les clients qui "n'adhèrent pas à la stratégie VCF" ont deux solutions, rappelle le DG de Broadcom France : VVF ou vSphere Standard. "Est-ce que c'est ce qu'on pousse ? Non, reconnaît-il. On pense que les clients ont besoin de modernité"...
Une liberté contractuelle
Quant à la réorganisation des canaux de vente, "Broadcom pense que les comptes les plus petits doivent être adressés [sic] par du channel, parce qu'ils n'achètent pas une solution, mais un service d'un intégrateur", d'après Marc Dollois.
"[Auparavant], on avait un élément particulier : on était 100 % direct, mais 100 % indirect. Tous les clients étaient managés par VMware. Or, vous ne pouvez pas mailler l'intégralité du territoire. Broadcom a donc dit : 'Les comptes commercial, on les donne à 100 % aux équipes internes pour qu'elles les accompagnent à développer VCF." Ce qui, garantit-il, n'empêche pas les clients de choisir s'ils passent en direct ou via les revendeurs.
"On donne aux clients la capacité de nous quitter quand ils veulent, renchérit Marc Dollois. Et on fait aujourd'hui des contrats de 7 ans : une telle pérennité où on fixe le prix est assez rare."
Trois conférences européennes pour "recréer de la proximité"
Traditionnellement, l'événement européen phare de VMware était le VMworld de Barcelone.
"On avait beaucoup de mal à faire venir du monde", concède Marc Dollois. Dans un contexte qui impose de "recréer de la proximité avec [les] clients", Broadcom a changé d'approche. Trois événements sont désormais prévus : mi-septembre à Londres, mi-octobre à Paris et mi-novembre à Francfort.
"Quand je rencontre des clients, bien sûr qu'ils ne sont pas contents sur mon pricing, finit par admettre le DG. Bien sûr qu'il y a un peu d'aigreur sur le logo Broadcom."
"Aujourd'hui, ça fait des émotions beaucoup plus vite qu'avant, précise Nicolas Ouerlemi. Avant, les clients qui ne comprenaient pas quelque chose nous appelaient. Ça ne sortait pas [en amont] sur LinkedIn."
De quoi entretenir des compétences
Certes, le programme VMware Academy a fermé, mais la durée des versions d'évaluation a triplé, souligne Nicolas Ouerlemi. "Une licence de 3 mois, quand j'utilisais ça à l'école, il n'y avait pas de plate-forme qui faisait beaucoup plus."
"Surtout, une fois qu'on a signé un contrat VCF, on a accès à tous les enablements et toutes les formations pour les membres de l'équipe. Là où, avant, il fallait continuer à payer", spécifie-t-il.
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