Après son accord avec OpenAI, "Le Monde" signe avec Perplexity

OpenAI l'an dernier, et désormais Perplexity : Le Monde officialise un deuxième accord avec une société américaine référente dans la sphère de l'IA.

"Il serait naturel et vertueux que [les] acteurs européeens [...] s'inscrivent à leur tour dans cette logique", ne manquent pas de faire remarquer Jérôme Fenoglio (directeur) et Louis Dreyfus (président du directoire).

Partage de revenus publicitaires et accès aux API Perplexity

Chez Perplexity, ladite logique se matérialise en un "programme éditeurs" (Publisher's Program). Annoncé à l'été 2024, il comprend trois grands axes :

• Partage de revenus
  Perplexity a introduit la publicité par l'intermédiaire de la fonctionnalité "Questions liées". Les marques peuvent se positionner sur des questions spécifiques. Les éditeurs touchent leur part sur les interactions où leur contenu est référencé.
  
  
• Accès gratuit aux API de Perplexity
  Les éditeurs peuvent ainsi créer leurs propres moteurs de réponse, ancré sur leurs contenus. Perplexity permet aussi d'intégrer sa technologie de questions liées.
  
  
• Un an d'accès gratuit à Perplexity Enterprise Pro pour les employés

OpenAI, entre droits voisins et entraînement de LLM

TIME, Fortune et Der Spiegel firent partie de la première vague de partenaires, dévoilée en parallèle du programme*. Le quotidien allemand avait précisé avoir signé pour trois ans.

Fin 2024, d'autres éditeurs avaient rejoint la boucle. Parmi eux, le LA Times, The Independent et le groupe Prisa Media (El País, Cadena SER, As, Cinco Días...). Ce dernier avait déjà annoncé un accord avec OpenAI en mars 2024... en même temps que Le Monde.

Le "quotidien du soir" disait alors entrevoir une "source significative de revenus supplémentaires [intégrant] une quote-part au titre des droits voisins"**. OpenAI allait, en contrepartie, pouvoir s'appuyer sur le corpus du Monde pour "établir et fiabiliser ses réponses", en premier lieu sur ChatGPT. Mais aussi utiliser ces contenus pour entraîner des LLM.

Vers un moteur interne sur socle Sonar

Le deal avec Perplexity ne prévoit pas d'alimenter des modèles d'IA. Il soutient néanmoins la même volonté de "développer le référencement chez ces acteurs". "Chaque fois que le moteur de réponse utilisera un article du Monde pour élaborer sa réponse, un lien vers l'article en question sera inséré, ce qui nous assurera une nouvelle forme de visibilité", nous explique-t-on.

Quant à l'accès à l'API Sonar de Perplexity, il doit en résulter, "dans les mois qui viennent", un moteur de recherche en langage naturel, sur le site et les apps du Monde. Une intégration "subordonnée par contrat à la fiabilité et à la pertinence [des] réponses". Elle "serait évidemment retirée si elle n'était pas en capacité de répondre pleinement à ces critères."

Jusqu'ici, l'IA générative a permis :

• Traduction d'articles en anglais pour le site et l'application Le Monde in English
  Outil développé en interne "s'appuyant sur la technologie de ChatGPT" (à l'origine, Le Monde utilisait DeepL). Traductions reprises par des traducteurs, puis éditées et publiées par les journalistes anglophones de la rédaction.
  
  
• Production de la version audio des articles sur l'application
  Utilisation de services Azure.
  
  
• Traduction automatique et sous-titrage des vidéos produites par Le Monde
  
  
• Retouche graphique des arrière-plans dans certaines vignettes vidéo
  
  
• Transcription écrite d'enregistrements ou d'entretiens oraux
  Utilisation du logiciel Trint.
  
  
• Assistance à l'édition des dépêches d'agence
  Adaptation aux usages typographiques et rédactionnels, grâce aux "outils de la plate-forme OpenAI comme ChatGPT".

* Perplexity se disait alors ouvert à d'autres types de collaborations, telles des offres commerciales souscription à ses services et abonnements presse.

** En 2023, Le Monde a réalisé un chiffre d'affaires de 176,3 M€ (304,5 M€ pour l'ensemble du groupe, qui fédère des titres comme Nouvel Obs, Télérama, Le HuffPost et Courrier International).

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